TRANSAT JACQUES VABRE: LES NOUVELLES AMBITIONS DE YANNICK BESTAVEN

Yannick Bestaven
Yannick Bestaven en conférence de presse @JMD/ Sports5962

La 15ème Transat Jacques Vabre rassemble tout le gratin de la course au large. C’est le cas notamment dans la classe Imoca où l’on retrouve notamment la plupart des concurrents du dernier Vendée Globe. C’est le cas du dernier vainqueur, Yannick Bestaven. Le Rochellais dispute une de ses dernières courses sur le bateau actuel. Comme Thomas Ruyant, il fait construire un nouveau foiler pour 2023.

On se souvient de la folle nuit de janvier qui a vu le Vendée Globe se jouer à la fois en mer, et sur le tapis vert. Charlie Dalin, sur Apivia, franchissait le premier la ligne d’arrivée aux Sables-d’Olonne. Mais Yannick Bestaven, sur Maître Coq, était déclaré vainqueur. Il a bénéficié d’une bonification en temps pour s’être détourné pour porter secours à Kevin Escoffier.

En attendant le nouveau bateau

Depuis, Yannick Bestaven a digéré cette victoire qui ne lui est pas contestée. Mais clairement, il voudrait la confirmer sur l’eau dans la prochaine édition. Cette Transat Jacques Vabre , qu’il a déjà gagné deux fois en class 40, lui permet de préparer cette échéance, en attendant la construction d’un nouveau monocoque. Aux côtés de son co-skipper JeanMarie Dauris, Il s’est confié à la presse trois jours avant le départ de la course.

« Maître Coq », le voilier Imoca de Yannick Bestaven (photo Martin Viezzer).

«  Ce qui s’est passé sur le Vendée Globe, c’était absolument énorme pour la course au large », a d’emblée rappelé Yannick Bestaven.  » On le voit d’ailleurs avec le nombre de nouveaux bateaux en construction, et le nombre de nouveaux sponsors qui viennent à la course au large. Cela montre que notre sport est en pleine santé. Tant mieux pour nous ».

Question: vu le contexte économique actuel, à la suite de la crise sanitaire, n’est-il pas surprenant que les skippers trouvent des partenaires et les entreprises le budget pour faire construire des bateaux chers ?

Yannick Bestaven: non pas du tout. Vous dites que ces bâteaux sont chers. Mais ils font travailler beaucoup de monde. Heureusement que les entreprises vont de l’avant. Justement après cette crise sanitaire, c’est maintenant qu’il faut mettre les bouchées doubles à tous les niveaux. Plein d’entreprises ont su passer le cap et ont des projets d’avenir et de développement. Moi, ce que je vois c’est que dans tout le domaine sportif, pas que la voile, c’est que le sponsoring sportif se porte bien. Cela doit vouloir dire que les entreprises se portent bien.

Pas favori sur cette Transat Jacques Vabre

Question: avec le statut de vainqueur du Vendée Globe, vous endossez aussi celui de favori de la Transat Jacques Vabre ?

YB: non, non, je sais très bien comment cela va se passer. Si on part, en se mettant travers au vent, pour sortir de la Manche, on ne sera pas dans le groupe de tête. Il y a des bateaux qui déjà sont plus rapides que nous. Il faut l’accepter. Mais ce que j’espère, c’est que les conditions météo nous permettront de jouer avec ceux de devant.

Yannick Bestaven aux côtés de Jean-Marie Dauris au Havre (photo Jean-Louis Carli/Alea)

Dans certaines conditions, les écarts technologiques entre bateaux ne joueront pas. Nous, on a des foils de 3 mètres de long. Certains ont des foils de 8 mètres. On ne peut pas voler aussi vite ni de la même façon, tout simplement. Moi et Jean-Marie ( Dauris, son co-skipper), nous n’avons vraiment pas la pression. On sait qu’on peut faire bien. On fera notre maximum avec nôtre bateau car c’est un bon bateau, qui est fiable car c’est important déjà d’arriver de l’autre côté pour faire un résultat.

Pas d’évolution en Ultime pour Yannick Bestaven

Question: à quand le passage en Ultime ?

YB: et bien jamais (dans un sourire). J’ai eu la chance de naviguer avec Yves Le Blévec cet été. C’était super. Mais je suis reparti sur un projet Imoca. Pour l’instant, l’ultime, c’est pas dans mes projets…

Question: le nouveau parcours peut-il rabattre les cartes ?

YB: je ne sais pas, on verra bien. Mais je l’espère. Ce serait tant mieux pour nous. Le Pot au Noir on sait comment c’est. On l’a vu la dernière fois avec Jérémie (Beyou, skipper de Charal) qui y a laissé des plumes. Il peut se passer beaucoup de choses dans un Pot au Noir. On peut le passer comme une lettre à la poste comme cela s’est passé dans le Vendée Globe à la descente. Quant au bord de remontée vers la Martinique, même si on l’a jamais fait, on sait comment sont les alizés. Il y a de grandes chances que ce soit une course de vitesse. Ceux qui auront leur bateau en pleine santé pourront déployer tout le potentiel de leur machine.

Question: c’est bien ce nouveau parcours à la carte ?

YB: oui je trouve cela intéressant d’autant plus que les organisateurs ont mis en place des parcours différents selon les classes. Moi qui ait couru longtemps en class40, quand j’ai gagné deux fois, j’avais été déçu qu’il n’y ait plus personne au port parce que les Ultimes étaient arrivés 15 jours avant nous. Là , c’est bien que toutes les classes arrivent à peu près en même temps. Parce qu’il y a de la compétition dans toutes les classes. J’espère qu’il y aura beaucoup de bateaux à l’arrivée et que ce sera une belle fête en Martinique, qui mérite d’avoir une course.

Yannick Bestaven ravi du retour du public

Question: un mot sur le retour du public. Il y a eu cette frustration sur le Vendée Globe. Cela fait plaisir de pouvoir redialoguer avec les visiteurs ?

YB: oui ça fait carrément plaisir! Il faut avoir plus de temps dans son emploi du temps car c’est plus compliqué d’aller voir son bateau… Mais je dis cela en rigolant… C’est vraiment bien que les gens soient là. On signe des autographes pour les jeunes. On fait des photos, des selfies, c’est marrant. C’est une belle communion . C’est bien d’avoir ce public qui adore la course au large et qui se déplace sur les départs de course. Il va suivre la Jacques Vabre durant une vingtaine de jours tous les jours sur les classements et la cartographie. Cela fait vraiment plaisir car c’était compliqué de prendre les départs et des arrivées de course sans personne.

Maître Coq IV connaît comme prévu un début de course laborieux

Question: il y a du stress au moment du départ ?

YB: franchement, pas du tout ! C’est parce qu’il y a Jean-Marie avec moi (rires). Sur le Vendée Globe en solitaire, sur un tour du monde, on monte très haut dans le stress. Sur la Jacques Vabre déjà on part à deux. C’est hyper rassurant d’avoir deux paires de bras pour manoeuvrer. C’est un parcours qui est plus court. On va naviguer dans des latitudes qui sont quand même agréables. Il y a tellement d’envie d’aller sur l’eau qu’il n’y a pas de stress. »

Entretien réalisé le 5 novembre au Havre

IMOCA: THOMAS RUYANT TOUJOURS A LA LUTTE AVEC CHARLIE DALIN

La bataille sur l’Atlantique continue à faire rage en classe Imoca. Dalin-Meilhat sur Apivia, et Ruyant-Lagravière, sur LinkedOut, sont toujours au coude-à-coude pour la première place. Au classement de 18h, le Havrais avait repris l’avantage sur le Dunkerquois. Yannick Bestaven lui est loin à la 9ème place. On notera que l’imoca MACSF de Isabelle Joschke et Fabien Delahaye a perdu son spi. Après avoir doublé Gran Canaria hier en fin de journée, le voilier évoluait ce matin au large de l’Afrique dans 20-22 nœuds de vent, sous spi avec un ris dans la grand-voile au moment des faits. Isabelle et Fabien ont remonté chaque morceau à bord au prix d’efforts importants. Ils naviguent désormais sous grand gennaker.

Ultime 
1. Maxi Edmond de Rothschild 
2. Banque Populaire XI
3. SVR – Lazartigue

Ocean Fifty 
1. Primonial 
2. Koesio
3. Solidaires en Peloton – Arsep

Thomas Ruyant et Morgan Lagravière toujours à la lutte pour la 1è place (photo © Jean-Marie LIOT / Linked Out)

Imoca 
1. Apivia
2. LinkedOut
3. Arkéa-Paprec

Class40 
1. Redman 
2. Banque du Léman
3. Volvo

A propos de JEAN-MARC DEVRED 1364 Articles
Journaliste professionnel depuis 1980, après des études de journalisme au CUEJ de Strasbourg. Carrière en presse écrite, en radio et surtout en télévision à France3 Nord-Pas-de-Calais.