
Du 31 juillet au 16 août 2026, Paris accueillera les championnats d’Europe de Natation. À 300 jours de cet événement, une conférence de presse s’est tenue au siège de la Région Ile-de-France en présence des institutions concernées, et des cinq ambassadeurs de l’événement : Camille Lacourt, Laure Manaudou, Virginie Dedieu, Alexis Jandard et le Nordiste Marc-Antoine Olivier. Le Denaisien attend beaucoup de ces championnats. Et il compte bien effacer sa frustration des Jeux Olympiques de Paris.
Entretien à Paris, Jean-Marc Devred.
SPORTS 59/62. Marc-Antoine, tu es un des cinq ambassadeurs de ces championnats d’Europe qui ont lieu ici à Paris, dans un an. Comment est arrivée cette sollicitation ?
» C’est venu de la Fédération, de pouvoir représenter ma discipline qui est l’eau libre. Il y avait plusieurs noms. Mais ils ont pris des nageurs qui étaient déjà « retraités » et d’autres, comme avec Alexis, qui vont faire la compétition. Donc je suis très content de pouvoir représenter ma discipline. Et maintenant, en tout cas, bien s’entraîner pour aller chercher le maximum de médailles lors de ces championnats d’Europe.
Je crois que tu es sorti frustré des Jeux Olympiques de Paris ?
Effectivement, j’étais frustré. Mais après on sait que les Jeux Olympiques, c’est toujours une compétition qui est à part, qui est très dure à gérer. J’avais fait podium en 2016. Malheureusement, à Tokyo, j’ai fini sixième. A Paris, septième. Donc ça va être une belle revanche à prendre sur le même lieu, pour aller rechercher la plus belle des couleurs qui est l’or. Donc hâte de pouvoir baser toute ma saison sur cette préparation et d’autant plus de le vivre devant le public français.
La Seine, une bonne idée
Ça se passera donc comme aux Jeux Olympiques, sur la Seine. On sait les petites péripéties qu’il y a eu avant. Comment tu as géré les reports de la compétition ?
Ce sont les aléas de la discipline. Le mot-clé, c’est l’adaptation. Je ne peux pas dire qu’on est habitué, mais il faut faire avec. C’était pareil pour tout le monde. Maintenant, on sait à quoi on peut s’attendre et il va falloir être prudent.
C’est une bonne idée d’utiliser la Seine pour une grande compétition ?
Oui, parce que souvent, on a un sport éloigné du public. On n’a pas ce contact-là, alors que si on nage sur les bords de Seine, il y a la présence du public. On le sent et pour moi, c’est un vrai plus. Ce qu’on disait tout à l’heure, c’est d’essayer de prendre cette énergie que le public peut donner. Quand on voit l’effervescence qu’il y a eu pendant les Jeux Olympiques, d’essayer de faire revivre ça avec le public français pour ces Championnats d’Europe-là, j’ai en effet hâte de pouvoir revivre un 10 km dans ces mêmes conditions.
Tes derniers résultats sont encourageants. Quels sont tes objectifs pour Paris 2026 ?
J’essaierai de participer à toutes les courses. Il va y avoir le 10 km, le 5 km et le knock-out qui est rentré au dernier championnat du monde; et aussi le relais. Je cherche donc le maximum de médailles d’or et au pire, de médailles pour l’équipe de France.
L’expérience en plus
Pour un nageur de grand fond, la maturité arrive peut-être un peu plus tard ?
Oui, ça peut arriver plus tardivement. Je connais de plus en plus mon corps. J’ai aussi plus d’expérience. Je peux ainsi un peu plus jouer sur ces stratégies. Il y a beaucoup de jeunes qui poussent. L’eau libre évolue énormément. De nombreux nageurs de bassin viennent aussi à l’eau libre. Il faut donc chaque année se remettre en question, même si on a performé les années d’avant. Il faut évoluer avec son temps. C’est ce que j’essaie de faire. Je pense donc être au bon endroit où je m’entraîne pour aller chercher d’autres médailles.

L’eau libre demande encore plus d’entraînement. Tu as toujours envie de souffrir à l’entraînement ?
Oui, j’ai toujours cette envie de faire connaître ma discipline. Encore plus d’être ambassadeur, ça va faire un éclairage, j’espère, encore plus sur l’eau libre. Et puis d’y performer et aussi de transmettre aux jeunes. Je trouve que c’est hyper important.
L’eau libre a du mal encore un peu à se faire connaître. J’essaie de faire connaître auprès des jeunes pour qu’ils arrivent de plus en plus tôt sur cette discipline-là, qu’ils enrangent l’expérience et qu’ils puissent performer aussi au haut niveau plus tard. C’est pour ça aussi que j’aime autant cette discipline, c’est le moment de partage et de transmission.
Très attaché au Nord
Du fait que ces championnats d’Europe ont lieu à Paris, vas tu uniquement te
concentrer sur l’eau libre ou tu penses jouer une carte en bassin ?
J’aimerais bien faire les deux, puisque c’est à la maison. Je vais essayer de jouer la qualification sur les deux. C’est sûr que la priorité, ce sera toujours l’eau libre. Mais s’il y a la possibilité de faire le bassin aussi, ce serait un grand plaisir de pouvoir le faire à Paris.
Tu viens d’évoquer ta préparation. Est-ce que tu peux nous en parler ?
Je suis toujours licencié dans le Nord, à Dunkerque. C’est une fierté de représenter la région et les Hauts-de-France. J’ai été formé dans le Nord, donc c’est important. Mais je suis basé en Antibes, parce que les conditions sont faites pour. On a la mer et je peux m’entraîner 10 mois sur 12. Il y a un très grand coach. On a une très belle structure. J’ai ce jumelage avec le soutien de mon club et des Hauts-de-France qui financent ma saison pour pouvoir m’entraîner à Antibes. Et d’aller chercher à chaque fois les meilleures performances possibles. C’est ça aussi qui est top.
Objectif Los Angeles
Est-ce que, même si vous ne faites pas les mêmes disciplines, tu côtoies des filles du Nord comme Cyrielle Duhamel ou Pauline Mahieu ?
Avec Pauline, ce qui est marrant, c’est que j’ai nagé avec elle, avec Philippe Lucas. Là, j’ai vu qu’elle était partie au Canada. C’est bien, elle essaie de trouver une autre expérience. Moi, j’ai fait trois ans en Italie. J’ai trouvé que c’était incroyable. En plus, je connais très bien son coach à Montréal, qui est un excellent entraîneur. Ça nous arrive de nous côtoyer. On fait partie de la même fédération. Et puis, c’est aussi important de s’inspirer d’autres athlètes. On a des préparations différentes. C’est donc hyper bien d’échanger avec eux pour comparer nos prépas, et pouvoir performer au maximum.
Même si tu t’entraînes à Antibes, tu coures toujours en club avec Dunkerque Natation ?
Oui, les inter-clubs. Ce sera le 16 novembre à Denain, où j’ai été formé. C’est important de ne pas oublier d’où on vient. Moi, c’est Denain qui m’a formé. Après, je suis parti à Dunkerque. J’ai fait toute mon enfance dans le Nord. Je n’oublierai jamais tout ce que la région a pu faire pour moi. Sans eux, je ne serais pas ici comme ambassadeur pour les Championnats d’Europe de Paris.
Tu t’es fixé une échéance, peut-être Los Angeles ?
Là, je prends vraiment année par année. J’ai 29 ans. Maintenant, je suis papa. Encore une nouvelle aventure… C’est sûr qu’à court terme, les Championnats d’Europe sont l’objectif. À long terme, c’est Los Angeles. Après, je verrai si j’ai encore envie de continuer, si je n’ai pas de pépins physiques. Je prends toujours autant de plaisir. Je performe toujours. J’ai donc hâte de voir ce que l’avenir me réserve. »
LES CHIFFRES DE PARIS 2026

- Dates: du 31 juillet au 16 août 2026.
- Sites: Centre Aquatique Olympique (CAO) du Grand Paris à Saint-Denis (natation artistique, plongeon, courses). Bassin de la Seine Grenelle à Paris (Eau Libre, plongeon de haut-vol).
- 16 jours de compétition.
- 1 100 nageurs.
- 50 nations présentes.
- 100 000 specateurs attendus.
- Budget: 15,4 millions d’euros.