BASKET-BALL : MAXIME BEZIN TIRE LA SONNETTE D’ALARME SUR LA SANTÉ DES JOUEUSES

Basket Eurocoupe ESBVA Beroe Maxime Bezin
Maxime Bezin a pu faire tourner l'effectif de l'ESBVA contre Beroe (photo JMD/Sports 5962)

L’ESBVA termine la phase régulière de l’Eurocoupe féminine par une victoire écrasante (111-49 !) contre les Bulgares de Beroe Stara Zagora. Il n’y a pas eu véritablement de match tant la différence de niveau était criante entre les deux équipes. Les Guerrières étaient de toutes façons déjà qualifiées pour la suite de la compétition, qu’elles espèrent remporter une 2è fois consécutive. Mais au-delà du match, l’entraîneur de l’ESBVA Maxime Bezin a poussé « un coup de gueule » sur les blessures de plus en plus graves provoquées par un arbitrage trop laxiste.

ESBVA-Beroe, c’était en effet l’archétype de ce que l’on appelle « le match à sens unique ». Le tenant du titre contre une équipe d’Europe de l’Est qui était venue sans ses deux meilleures joueuses, les Américaines Kayla Cooper et Elizabeth Elliott. Au final, le score parle tout seul: 36-14, 23-9, 24-17, 26-9. Sans forcer et en faisant participer les jeunes très tôt, l’équipe de Maxime Bezin a passé les malheureuses Bulgares à la moulinette.

Pourtant, l’entraîneur villeneuvois s’est volontairement privé de sa taulière Sohkna Hanji Fall, qui était sur le banc de touche en tenue de ville. L’internationale sénégalaise, pourtant, n’était pas blessée. Quand nous lui avons posé la question de cette absence en conférence de presse après le match, le technicien nordiste a pris quelques secondes de réflexion, afin de faire une réponse « politiquement correcte ».

La politique arbitrale en question

« La vérité, c’est qu’aujourd’hui, on demande à notre camp arbitral français de laisser jouer, parce qu’il ne faut pas qu’il y ait trop de coups de sifflet, affirme ainsi Maxime Bezin. Et le constat, c’est qu’on a des joueuses qui se blessent durant les rencontres. On a beaucoup de traumas crâniens depuis le début de saison. On a beaucoup de coups. Et je ne suis pas certain que ça favorise le jeu, puisqu’à un moment
donné, être capable de jouer dans un environnement où on laisse beaucoup jouer, où on laisse attraper, où on laisse agripper. On n’a pas nécessairement tous les éléments techniques pour pouvoir répondre à ça.
« 

« On a beaucoup de traumas crâniens depuis le début de saison »

L’entraîneur de l’ESBVA cite ainsi comme exemple le dernier match de championnat à La Roche/Yon. Celui-ci s’est soldé par un traumatisme crânien pour Emmanuelle Tahane, et les blessures de Marie-Michelle Milapie et Hanji Fall. Cette dernière, touchée au coude, n’a donc pas joué. « Elle aurait pu, a priori, reprendre ce soir. L’idée étant de pouvoir quand même respecter la convalescence de la joueuse et faire en sorte qu’elle soit dans les meilleures conditions pour pouvoir reprendre, puisque elle reste une jeune joueuse. »

Basket ESBVA-Beroe Hanji Fall et Maxime Bezin
Hanji Fall, ici à droite, n’a pas joué par précaution (photo JMD/Sports 5962)

Instaurer l’exemple du rugby

Pour Emmanuelle Tahane, il n’y a ainsi pas eu de protocole commotion. « En tout cas, elle a été off pendant 8 jours. En fait, on n’a pas de médecins qui nous suivent quand on est en déplacement. Et comme il n’y a pas des charges ou des obligations d’avoir un médecin sur les rencontres, ce n’est pas évident. Le premier match du championnat à Montpellier, on a Teresia Palenikova qui s’est fait sécher au milieu de terrain. Elle est retombée sur la tête. Les arbitres nous demandent de la sortir pour un protocole conmotion. Et en l’occurrence, c’est dans leur prérogative de protéger les joueuses.« 

Maxime Bezin tire donc la sonnette d’alarme, et demande l’intervention du syndicat des joueuses. « Aujourd’hui, compte tenu de tout ce qu’on peut entendre sur les commotions cérébrales à la compétition et les conséquences que ça peut avoir. On voit dans le foot américain ce que ça a créé. On voit aujourd’hui que le foot, au soccer, comme les Américains appellent ça, au football européen, il se pose quand même la question d’arrêter de faire des têtes aux jeunes. »

L’entraîneur villeneuvois propose aussi que l’on applique un protocole commotion comme au rugby. « Oui, c’est ça. On veut bien qu’il y ait un médecin qui soit responsable du match et qui puisse l’évaluer. C’est nécessaire dans l’évolution du basket aujourd’hui. On demande beaucoup d’intensité, on demande beaucoup de rythme. Mais si on parle d’un basket joué et qu’on n’a pas les moyens de contrôler cela, ça devient, je pense, un petit peu compliqué. »

Maxime Bezin lance donc un pavé dans la mare sur l’arbitrage, après ce match européen sans conséquence pour ses joueuses. Un débat qui mérite d’être soulevé, dans le basket féminin français.

Feuille de match

ESBVA Lille Métropole – Beroe Stara Zagora: 111-49 (36-14, 23-9, 24-17, 26-9)

6ème journée de la phase régulière d’Eurocoupe féminine, groupe L. Palacium de Villeneuve-d’Ascq. 1 950 spectateurs.

Arbitres: Jürgen Muho (LUX), Petr Blahout (TCH) et David Griffin (GBR).

ESBVA-LM: Peterson (13 points), Kouadio (18), Bobozo (4), Chéry (10), Milapie (8), Alston (16), Fangbinbe, Yale (11), Tahane (4), Palenikova (15), Paget (cap, 12). Entraîneur: Maxime Bezin.

Beroe Stara Zagora: G.Madankova, Dimova (2 points), Petrova (4), Slavova, Karaivanova, Z.Madankova (cap, 8), Young (17), Alekseiva (18), Bakalova. Entraîneur: Todor Tenev.

Retrouvez aussi les interview en vidéo de Maxime Bezin et Naema Kouadio sur You Tube/SPORTS-VIDEOS-NORD.

A propos de JEAN-MARC DEVRED 1744 Articles
Journaliste professionnel depuis 1980, après des études de journalisme au CUEJ de Strasbourg. Carrière en presse écrite, en radio et surtout en télévision à France3 Nord-Pas-de-Calais.