ATHLÉTISME : GRESSIER REMET CELA AUX MONDIAUX DE TOKYO

Jimmy Gressier Mondiaux 5000m Tokyo
Jimmy Gressier dans la foulée du vainqueur Cole Hocker (photo KMSP/FFA)

Jimmy Gressier remporte la médaille de bronze sur 5 000m lors de la dernière journée des Mondiaux de Tokyo. Le coureur boulonnais confirme ainsi le titre du 10 000m gagné au début de ces championnats du monde d’athlétisme. Gressier a ramené à lui seul les deux seules médailles de la sélection tricolore, au bilan mitigé.

Il avait encore les jambes un peu lourdes de son 10 000m victorieux. Cependant, Jimmy Gressier n’a rien lâché dans un 5 000m de Tokyo 2025 dont le grand favori était Jakob Ingebritsen. Mais le phénomène norvégien n’était pas au mieux. Et il n’a jamais réussi à emballer la course dans laquelle figurait trois Français: Jimmy Gressier, mais aussi le champion de France Yann Schrub, et Etienne Daguinos.

Le rythme modéré de cette finale convenait donc parfaitement au Boulonnais. Gressier reste bien calé dans le premier tiers du peloton. Il reste ainsi tranquillement à la 6è place durant les 4 premiers kilomètres. Une dizaine de coureurs s’affronteront ainsi dans le dernier tour pour le podium. L’Américain Cole Hocker était intouchable pour la victoire, avec sa vitesse de pointe de spécialiste du 1500 m. Mais Gressier a trouvé les ressources pour aller chercher la troisième place, en 12’59’’33, derrière le Belge (né au Kenya) Isaac Kimeli. Mais devant l’Ethiopien Biniam Mehary, qui le devançait pourtant à la sortie du dernier virage.

Gressier dans la légende

Le Nordiste récoltait ainsi sa 2è médaille dans ces championnats du Monde à Tokyo. D’où le sentiment de contrat (largement) rempli. « Au départ, mes jambes n’étaient pas fraîches, fraîches, mais je m’y attendais, notait-il. J’ai quand même joué la gagne, jusqu’au bout. Dans le dernier virage, je me suis même vu gagner en mettant un gros kick. Mais quand j’ai vu passer Cole Hocker à toute vitesse au début de la ligne droite, ça m’a coupé les jambes ! J’ai quand même pu tenir en regardant sur l’écran géant que j’étais bien sur le podium… »

Avant lui, seules Eunice Barber (heptathlon et longueur en 2003 et 2005) et Christine Arron (100 m et 200 m en 2005) avaient réussi l’exploit de ramener deux médailles individuelles d’une même édition des championnats du monde. « Je les connais de nom, mais pour être honnête, je ne suivais pas l’athlé à cette époque. Mais je mesure aujourd’hui ce qu’il faut faire pour avoir deux médailles mondiales. »

Retour à Boulogne/Mer

Tout à sa joie, Jimmy Gressier annonçait aussi à l’Equipe qu’il allait désormais s’entraîner à Boulogne/Mer, avec son ancien entraîneur Arnaud Dinielle. Après 5 années passées à l’INSEP, met ainsi fin à sa collaboration réussie avec Adrien Taoudji, afin de se rapprocher de sa famille. « Se dire que t’arrêtes avec ton coach alors que tu es champion du monde, c’est un truc de fou, reconnaît Gressier. Mais j’ai besoin d’autre chose. » 

Mondiaux de Tokyo 5000m Gressier
Gressier avec Hocker et Kimeli après le 5 000m (photo Diogo Cardoso/World Athletics)

Comme Cyrena Samba-Mayela à Paris 2024, Jimmy Gressier a sauvé l’équipe de France du zéro pointé à Tokyo. Ce qu’admet le DTN Franck Bignet. « Je dirais simplement que Jimmy a ouvert le champ des possibles. Il a montré qu’avec sa capacité d’analyser le contexte d’un championnat du monde, et une préparation sportive précise dans les mois, semaines et jours qui précèdent, c’est possible. Il a cru en lui. Cette conviction est venue en cheminant, tout au long de la saison à travers ses résultats. Sur ces deux courses, il a osé au moment opportun. Il a embarqué avec lui quatorze autres finalistes, c’est encourageant. Deux médailles et seize finales, c’est une bonne base. Mais je suis forcément insatisfait, parce que je pense qu’on peut et doit mieux faire encore. »

Le départ de Romain Barras

Franck Bignet et le directeur de la Haute Performance, Romain Barras, ont dressé en effet le bilan de ces Mondiaux pour l’équipe de France. Le Calaisien, qui va laisser son poste à Jean Galfione, tempère ainsi ce bilan mitigé. «  Il faut se rappeler d’où on vient. A Eugene, en 2022, nous avions une médaille et huit finalistes, soit moitié moins qu’aujourd’hui. Des chantiers ont été menés. Il faut suivre la voie entamée et mise en place. Le demi-fond en est l’exemple : on arrive à rassembler les athlètes en dehors des temps de compétition, et c’est ainsi que l’on progresse. La haute performance, c’est se tirer vers le haut ensemble, pas s’entraîner seul dans son coin. A titre personnel, il y a eu des moments difficiles, d’autres plus beaux. C’est le lot d’un directeur de la haute performance en athlétisme. »

Les athlètes du Lille Métropole Athlétisme ont ainsi connu des performances décevantes. Wilhem Belocian est ainsi éliminé en 1/2 finale du 110m haies en 13″18. Le relais 4x400m masculin avec David Sombé se classe 7è en finale en 3’24″08. le relais 4x100m hommes avec Jeff Erius lui termine 7è en 38″58. Les trois Lillois espéraient sans doute mieux…

A propos de JEAN-MARC DEVRED 1729 Articles
Journaliste professionnel depuis 1980, après des études de journalisme au CUEJ de Strasbourg. Carrière en presse écrite, en radio et surtout en télévision à France3 Nord-Pas-de-Calais.