CYCLISME : THIBAUT HUVELLE ET L’AVENIR DU GRAND PRIX DE DENAIN

Grand Prix de Denain 2026
Le Grand Prix de Denain 2026 comportera à nouveau 13 secteurs pavés (photo Pierre Willemetz)

Le 67ème Grand Prix de Denain aura lieu le jeudi 19 mars 2026. Le tracé a été présenté le 13 décembre par son comité d’organisation composé de fidèles. Avec un seul changement notable. Après 25 ans de « bons et loyaux services », selon la formule en vigueur, Dominique Serrano transmet en effet la présidence du GPD à Thibaut Huvelle, tout en restant dans l’organisation comme manager général. Le nouveau président nous confie ses intentions et évoque l’avenir de la classique nordiste, à commencer par la prochaine édition. Entretien, lors de la présentation du parcours.

SPORTS 59/62. C’est donc une première pour vous. Expliquez-nous dans quelles circonstances vous prenez la succession de Dominique Serrano.

Thibaut Huvelle. « Je suis un grand passionné de vélo. Depuis tout petit, je voulais travailler dans cet univers. C’était vraiment mon objectif numéro un. J’ai eu la chance de rencontrer un cycliste que vous connaissez certainement, Denis Flahaut, il y a de cela bientôt 20 ans. Denis m’a ainsi demandé s’il était possible de créer son site web. A l’époque, on n’était pas sur les mêmes moyens techniques qu’aujourd’hui.
J’ai créé son site web. Je l’ai alimenté pendant 2 ans, 2 ans et demi lorsqu’il courait pour les équipes
Jartazi
et Saunier Duval. Et ce moment m’a donc permis de commencer à vivre de ma passion.
C’était de manière bénévole, mais j’ai pu faire mon premier tour de France. J’ai travaillé ensuite
pour une société emblématique de la région. J’ai fait 8 tours de France au total, notamment pour Doublet et pour la société ASO.

Priorité au plateau et à la sécurité

Au cours de mes études, j’ai aussi eu la chance de rencontrer Dominique Serrano. Il a répondu positivement lorsque je lui ai demandé s’il pouvait répondre à mes questions pour mon mémoire de fin d’études. Dominique m’a proposé progressivement d’intégrer le comité, le conseil d’administration. Depuis quelques années, il me soutenait pour justement le reprendre. Je trouvais que c’était le bon moment. Voilà donc le cheminement pour arriver aujourd’hui à cette mission de président du Grand Prix de Denain.

C’est donc l’occasion d’apporter un peu de changement. Quelles sont ainsi vos priorités ?

La priorité numéro 1, c’est forcément le maintien des standards de qualité, de plateau. On a vu l’année dernière 12 équipes World Tour. On espère le même nombre. Ça, c’est déjà une priorité parce que c’est ce qui fait la renommée de l’épreuve. Et aussi la visibilité, mais également la venue du public. C’est sûr qu’avec les plus grosses équipes, on aura forcément plus de public.

Pour le maintien en Pro Series, il y a évidemment un travail de communication et visibilité. Le fait que le Grand Prix de Denain soit de plus en plus visible à l’international, ça va être un enjeu majeur. Changer aussi toute la partie charte graphique pour rayonner de manière plus significative. Et de faire ainsi part de toute cette partie régionale et territoriale qui est importante dans le Nord. On parle des mines, des pavés et de tout cet environnement qu’on souhaite valoriser sur du moyen terme.

Un cyclisme en pleine évolution

Depuis quelques années que vous êtes dans le conseil d’administration, avez-vous senti une évolution du cyclisme ?

J’ai senti deux évolutions. En quelques années, on a vu la télé arriver, des sponsors de plus en plus nombreux, des équipes majeures arriver, des vainqueurs sensationnels, comme Van der Poel et Philipsen. Quand on regarde le passé, il y a quelque chose de fort. Mais en tout cas, sur les dernières années, une vraie évolution. Les équipes aujourd’hui commencent à se battre pour venir chez nous. Et puis il y a le cyclisme mondial, l’internationalisation des équipes, des épreuves.Il y a aussi un cyclisme qui va de plus en plus vite aujourd’hui, avec des enjeux sécuritaires importants. Ce sera également notre priorité sur les prochaines éditions, puisque une course qui roulait à 40 km/h, aujourd’hui à 50, ce n’est plus la même chose. On a la chance d’avoir une équipe de bénévoles très investie sur ce secteur.

Cela implique pas mal de charges supplémentaires. Est-ce que vous arrivez à joindre les deux bouts dans un contexte économique qui est de plus en plus difficile, pour le sport en général ?

Exactement. Le contexte économique aujourd’hui est particulier. Mais en tout cas, Dominique et ses équipes ont par le passé, su allier les deux bouts. Ma mission numéro un, forcément, c’est celle-ci. Joindre les deux bouts et assurer la sécurité, la qualité de l’épreuve. Et que derrière, ce soit un rayonnement national ou international.

Un parcours inchangé

Ce qui ne change pas beaucoup, par contre en 2026, c’est le parcours du Grand Prix de Denain ?

C’est effectivement le même, à part une toute petite modification sur la fin de parcours. Parce qu’on avait effectivement constaté que c’était assez dangereux avec les ronds-points successifs. Donc là, ça a été justement le fait d’assurer cette sécurité supplémentaire avec une ligne un peu plus droite que par le passé avec différentes courbes. Après, le parcours, on a quand même 13 secteurs pavés qui sont emblématiques de la région. Et ces 13 secteurs pavés nous ont occasionné beaucoup de spectacles l’année dernière.

Grand Prix de Denain 2026 Thibaut Huvelle
L’équipe d’organisation avec Dominique Serrano, Eric Bluon, Thibaut Huvelle et les élus (photo JMD/Sports 5962)

Ce qui attire les équipes c’est le côté répétition générale avant Paris-Roubaix ?

Exactement, c’est le credo qu’on a pris pour justement attirer ces équipes. Elles veulent venir tester leur matériel. Et puis, elles remarquent aussi le palmarès, qui devient de plus en plus relevé. Dans la tête des équipes et des plus grandes nations, on se dit, il y a quelque chose à faire à Denain. Ça permet de s’entraîner, de répéter, de tester le matériel.

Vous arrivez assez tôt dans le calendrier cycliste. C’est une date qui vous convient ?

Elle nous convient à 99% parce qu’on est sur la même rythmique que les courses belges. On est proche de la frontière. Ce qui nous permet d’attirer les plus grosses équipes. L’aléa, le 1% restant, c’est effectivement les conditions météo. Dominique a eu des soucis par le passé. On se souvient notamment des tempêtes de neige juste avant un départ, des pavés verglacés (NDLR: en 2018). C’est un vrai souci. Mais en tout cas, par rapport au positionnement dans le calendrier, on est un des marqueurs forts d’une pré-saison. Donc aujourd’hui, la date est bonne. »

GRAND PRIX DE DENAIN 2026 EN CHIFFRES

  • 67ème édition.
  • 19 mars 2026. Départ: 11h30. Arrivée: 16h15.
  • Epreuve UCI Pro Séries.
  • 2ème manche de la FDJ United Séries (ex-Coupe de France).
  • 200,4 km. 13 secteurs pavés (total: 22,9 km).
  • 1 boucle de 27,8 km. 2 boucles de 26,5 km, 1 boucle finale de 118,4 km.
  • 42 communes traversées; 4 communautés d’agglomération et 2 communautés de communes.
  • 500 signaleurs.
  • 114 coureurs, 17 équipes au départ en 2025.
A propos de JEAN-MARC DEVRED 1764 Articles
Journaliste professionnel depuis 1980, après des études de journalisme au CUEJ de Strasbourg. Carrière en presse écrite, en radio et surtout en télévision à France3 Nord-Pas-de-Calais.