Le Boulonnais Jimmy Gressier créé une énorme sensation à Tokyo en devenant champion du Monde du 10 000m, à l’issue d’une dernière ligne droite de folie. Le fondeur nordiste devient le 9è athlète français champion du Monde. Il met ainsi fin à l’hégémonie des coureurs africains sur la distance. Une victoire historique pour l’athlétisme, et même pour tout le sport français.
Jimmy Gressier en effet est le troisième Européen à décrocher l’or sur cette distance, après l’Italien Alberto Cova (en 1983 à Helsinki), et le Britannique (d’origine somalienne) Mo Farah (en 2013, 2015 et 2017). Il est aussi le 9e athlète français à décrocher un titre de champion du monde en individuel; et le premier depuis Kevin Mayer, titré en 2022 au décathlon.
Le Boulonnais réalise l’exploit après une course très tactique, partie lentement. Gressier est resté calmement dans le peloton, avant de revenir dans le groupe de tête dans le dernier tour. Il réussit à remonter tous les cadors un à un, à l’issue d’une ligne droite ahurissante, pour coiffer l’Éthiopien Yomif Kejelcha (2e en 28’55 »83) et le Suédois Andreas Almgren (3e en 28’56 »02) dans le temps de 28’55″77.
Le déclic de Zurich
Une fois franchi la ligne, Jimmy avait du mal à réaliser. « C’est fou, je rejoins le cercle fermé des champions du monde français, comme Zizou ! Je réalise sans trop réaliser. Je pleure plus en regardant The Voice et les gamins chanter à la télé que quand je suis champion du monde, parce que je suis dans l’action. Mais être champion du monde, ce n’est pas tous les jours. La médaille est au tour du cou, on ne me l’enlèvera plus. J’ai beaucoup de monde à remercier pour m’avoir soutenu tout au long de ces années. C’est une récompense pour le personnage que j’essaie d’être au quotidien », rayonnait le nouveau champion du monde.
« Je pleure plus en regardant The Voice » Jimmy Gressier
Jimmy Gressier poursuit ainsi une saison exceptionnelle, marquée notamment par un record d’Europe du 5 km route à Lille; deux titres européens en semi-marathon à Louvain; et plus récemment, une victoire sur 3 000m en finale de la Ligue de Diamant à Zurich.
« Beaucoup de personnes croyaient que gagner le 10 000 m était impossible pour les Occidentaux, mais le 3000 m de Zurich m’a donné beaucoup d’espérance. Et ça fait longtemps que je travaille à l’entraînement pour être capable de suivre les meilleurs du monde dans un dernier tour. La différence, c’est la maturité. Maintenant, je n’arrive plus cramé le jour du championnat parce que je me suis envoyé une séance de la mort pour me rassurer quelques jours avant », poursuit Gressier.
Huit ans après Bosse
Cette victoire inattendue rappelle celle de Pierre-Ambroise Bosse, alors licencié au Lille Métropole Athlétisme, aux championnats du Monde 2017 à Londres, sur 800m.
On imagine la fête qu’il y aura au Chemin Vert à Boulogne/Mer, le quartier où il a grandi, tout comme Franck Ribéry. Et la moisson n’est peut-être pas terminée. Car Gressier doit aussi disputer le 5 000m, dans une semaine, à la fin de ces championnats du Monde à Tokyo. Le coureur nordiste lance ainsi idéalement ces Mondiaux pour l’équipe de France.
Classement du 10 000m hommes
