
Quatre concurrents ont terminé le Vendée Globe ce samedi 25 février. Tous les quatre ont pu rentrer dans le chenal à trois heures d’intervalle, devant un public nombreux et enthousiaste. Cela a donné un après-midi incroyable, avec les 4 saisons condensées dans ce moment de grâce, jusqu’à l’évacuation du village de la course, en raison de la tempête. Les deux skippers de Vulnerable, Thomas Ruyant et Sam Goodchild, ont connu chacun leur arrivée inoubliable dans ce 10ème Vendée Globe.
Aux Sables d’Olonne, Jean-Marc Devred
Thomas Ruyant termine donc son 3ème Vendée Globe en 7ème position. Une déception pour le Dunkerquois dans la mesure où il figurait parmi les trois grands favoris de cette 10ème édition du Tour du Monde en solitaire et sans escale. Il a franchi la ligne samedi matin, avant de remonter le chenal sous une pluie qui devait lui rappeler sa ville de Dunkerque. Mais malgré ce résultat décevant, Thomas confiait n’avoir aucun regret après cette course frustrante et pleine de péripéties.
L’arrivée du Vulnerable de Ruyant samedi peu avant 13 heures était un peu à l’image de son Vendée Globe. Une pluie drue, proche de la grèle, s’est en effet abattue sur les Sables d’Olonne. Alors que quelques minutes auparavant, Nicolas Lunven (Holcim-PRB) était entré dans le brouillard, mais au sec, devant les centaines de spectateurs présents sur les quais.
Le marin nordiste avait quand même le sourire. Avec ses assistants, ses partenaires et sa famille à bord, Adrien a sorti les fumigènes et a pleinement savouré ce retour au port. » C’est pas la place qu’on espérait. Si on m’avait dit 7è au départ, je n’aurais pas signé. J’aurais été con, confie-t’il en riant. Au final, je ne regrette rien. Je suis content d’être aujourd’hui avec vous après un joli tour du monde. »
Une course mouvementée
Sur le ponton d’arrivée, avec les media présents, puis un peu plus tard en conférence de presse, l’enfant de Jean-Bart a détaillé les péripéties de sa course. Et analysé ainsi les raisons de son résultat décevant sur le plan sportif. Mais enrichissant sur le plan humain.
Premier à franchir l’équateur, 2ème au cap de Bonne Espérance, il n’aura pas su, ou pu, prendre le wagon décisif à l’orée de l’Océan Indien, qui décidera de l’issue de l’épreuve en permettant aux trois lauréats du podium de s’échapper. « Je rate le coche pour une quarantaine de milles » reconnait-il en refusant tout sentiment d’amertume. « J’ai fait mes choix en homme de mer, en considérant à un instant « T » les risques et les dangers du moment. Je les assume. »
Avant ces obligations médiatiques, Thomas a eu droit à son moment de gloire, avec cette remontée du chenal devant des centaines de spectateurs stoïques sous la « drache », et qui l’ont retrouvé ensuite sur le podium avec Nicolas Lunven.
De l’émotion à l’arrivée
L’arrivée au ponton sera également pleine d’émotion. Notamment quand Thomas y retrouve ses parents, venus de Dunkerque avec une poignée de supporters en mode carnaval. Entre larmes vite contenues et sourires, Ruyant attendra aussi l’arrivée de son équipier de Vulnerable, Sam Goodchild, qui aura tout juste le temps d’entrer dans le chenal après avoir franchi la ligne. Le Britannique et la Suissesse Justine Mettraux, arrivée juste avant, auront droit à une jolie éclaircie.
Mais celle-ci laissera tout de suite place à un énorme coup de vent. Ce qui oblige les autorités à fermer le village. Les spectateurs évacuent rapidement les lieux, et la conférence de presse de Sam Goodchild est même raccourcie. Quant au Finishers Club, durant lequel les skippers répondent aux questions des spectateurs réunis dans le bar couvert du village à 18h30, il est logiquement reporté. Thomas comme les trois autres n’aura donc pas eu droit à ce dernier moment de partage avec ses supporters.
Ainsi prenait fin une journée incroyable, qui résumait peut-être à elle seule les 75 jours de mer passés par Thomas Ruyant, avant sa 2è arrivée dans le Vendée Globe.

La course de Thomas Ruyant en chiffres
Heure d’arrivée : 05:49:27 FR
Temps de course : 75j 16h 47min 27s
Écart au premier : 10j 21h 24min 38s
Écart au précédent : 08h 57min 46s
Distance réellement parcourue : 29 359.86 milles nautiques
Vitesse moyenne réelle : 16.16 nœuds
LES TEMPS FORTS DE SA COURSE
- 12 novembre 2024. Dans le Top 10 depuis le départ, Thomas constate vite une petite voie d’eau à l’avant de son IMOCA. La pompe est de sortie à bord, ce qui n’est pas sans repos pour le skipper de VULNERABLE.
- 15 novembre 2024. Au large des Canaries, Thomas est 11e et profite d’une baisse du vent pour colmater la petite brèche qui l’oblige à écoper régulièrement.
- 21 novembre 2024. L’entrée dans le Pot-au-Noir n’est pas de tout repos pour le skipper dunkerquois qui a profité de son décalage dans l’Ouest pour revenir fort sur la tête de flotte. Pour la première fois depuis le départ, il prend la tête du classement et franchit l’équateur le premier.
- 25 novembre 2024. Le rythme s’accélère dans l’Atlantique Sud, alors que les premiers accrochent une dépression qui les pousse tout droit sur la route. Les vitesses s’emballent, « on se sent comme un petit animal, en survie », explique Thomas.
- 29 novembre 2024. C’est en 2e position que Thomas Ruyant déborde le cap de Bonne Espérance, lancé aux trousses de Charlie Dalin, mais talonné de très près par Yoann Richomme et Sébastien Simon.
- 1 décembre 2024. Un peu ralenti dans ses premiers milles dans l’Indien, Thomas est décroché par le trio de tête. Il s’inquiète ainsi de la grosse dépression qui se creuse devant son étrave. Par rapport aux trois premiers, le timing n’est pas idéal. Cela l’oblige à prendre une décision de sécurité, et grimper au Nord pour éviter le gros du noyau de mer.
- 4 décembre 2024. Rejoint par Yoann Richomme dans le Nord du centre de la dépression, les deux marins cravachent dans la tempête. Mais l’écart avec les deux leaders se creuse.
- 10 décembre 2024. Franchissement du cap Leeuwin en 4e position pour Thomas qui tente de recoller aux trois premiers après l’accélération de Yoann Richomme. Mais le manque de vent au Sud de l’Australie l’empêche de reprendre du terrain. Le Nordiste se fait rattraper par Jérémie Beyou et Nicolas Lunven avant d’entrer dans le Pacifique.
- 13 décembre 2024. Black-out général à bord de VULNERABLE ! Grosse frayeur pour Thomas Ruyant, qui avait un peu trop tapé dans les batteries du bord.
- 19 décembre 2024. Ça papote à la VHF entre Thomas et Nicolas Lunven, bord à bord en plein milieu du Pacifique ! La régate est intense dans le trio qu’ils forment avec Jérémie Beyou.
- 27 décembre 2024. Thomas dépasse pour la deuxième fois de sa vie le mythique cap Horn, non sans émotion ! « Je me suis surpris à parler à mon bateau, ça ne m’était jamais arrivé », dit-il alors qu’il est en 4e position, avec 200 milles d’avance sur ses concurrents.
- 2 janvier 2025. Pris dans un grain à plus de 55 noeuds au large de l’Uruguay, Thomas voit son J2 partir en lambeaux. « Je n’ai jamais eu un truc pareil », dit-il encore sous le choc, et handicapé aussi par une avarie sur son premier ris.
- 5 janvier 2025. Rattrapé par ses poursuivants, Thomas opte pour l’option au large, à l’Est, pour franchir le Cabo Frio. Mais il perd du terrain au près.
- 23 janvier 2025. Après avoir essuyé une grosse dépression au large des Açores, le skipper de VULNERABLE remonte alors le Portugal à la lutte avec Justine Mettraux et son compagnon d’écurie, Sam Goodchild, victime quelques jours plus tôt d’une déchirure de sa grand-voile.
- 25 janvier 2025. Après 75 jours de mer, Thomas Ruyant franchit enfin la ligne d’arrivée des Sables d’Olonne dans des conditions musclées, en 7e position du Vendée Globe.
Retrouvez aussi les interviews en vidéo de Thomas Ruyant sur You Tube/SPORTS-VIDEOS-NORD.