Le derby du Nord va connaître un nouvel épisode, avant le basculement à l’heure d’hiver. Le RC Lens reçoit en effet le LOSC samedi soir au stade Bollaert-Delelis pour un derby régional toujours très attendu, et passionné. Il s’annonce particulièrement indécis entre des Lensois qui viennent enfin de renouer avec le succès, et des Lillois qui ont réussi un nouvel exploit européen en s’imposant à Madrid contre l’Atletico. La fraîcheur fera peut-être la différence entre deux formations très proches.
Quel sera en effet l’état physique des Lillois qui viennent d’enchaîner deux matchs de haut-niveau à Monaco (0-0), puis à Madrid (1-3) ? Bruno Genesio avait en effet manifesté sa colère à propos de la programmation des rencontres. C’est pourquoi il a également fait tourner son effectif mercredi, vu le nombre élevé de joueurs indisponibles au LOSC.
Des absents, comme le LOSC, le RC Lens en compte aussi pas mal, a ainsi rappelé Will Still en conférence de presse jeudi. Le technicien belge va vivre son premier derby Lens-Lille. Il l’accueille avec sérénité, avec l’envie de ne pas trop s’épancher dessus.
« Au-delà du match, il y a une symbolique régionale avec deux identités qui s’opposent. On est un club ouvrier, qui charbonne et on veut montrer ça samedi. Il y a cet aspect émotionnel, symbolique et presque sentimental. On en est conscients et on en a discuté avec les supporters. Mais pour gagner un derby, il faut d’abord être bon sur le terrain et ne pas se laisser emporter par toutes nos émotions. À nous de nous concentrer sur l’aspect foot, le contenu, et puiser la ferveur de Bollaert pour nous pousser. »
Contrôler l’émotion
Depuis les déclarations fracassantes de Gaël Kakuta il y a trois ans, on sent une volonté des clubs de ne pas verser de l’huile sur le feu avant chaque derby. Ainsi, Will Still comme Franck Haise avant lui, est resté dans la retenue. De plus, le service communication veille maintenant à envoyer un joueur expérimenté, habitué aux arcanes des media, en conférence de presse. C’était le cas ce jeudi avec Jonathan Gradit, qui maîtrise parfaitement cet exercice redouté par tant de joueurs.
Le défenseur central définit ainsi l’enjeu du match. « J’ai déjà disputé pas mal de derbys et ce sont des matchs qui ont une saveur particulière et qui procurent des émotions uniques. On a hâte d’y être. On a encore un petit peu de travers le derby de la saison passée, dans lequel il nous avait manqué des choses. Nous avons à cœur de rétablir ces choses là. On veut gagner et rien d’autre.«
Le LOSC, lui, tenait sa conférence d’avant-match 24 heures plus tard, après l’exploit de Madrid. Les Dogues n’auront qu’un court trajet à faire pour ce 3è déplacement consécutif en 8 jours. Bruno Genesio est arrivé avec une feuille à la main. « C’est la liste des blessés pour que je n’en oublie pas... Le coach lillois dénombre ainsi 9 absents, après la blessure mercredi de Rémy Cabella en 1è mi-temps à Madrid. S’ajoute à cela une incertitude sur Ayyoub Bouaddi, qui effectuait un dernier test après-midi.
Bruno Genesio récupérera en revanche André Gomes, pas qualifié pour la Ligue des Champions.
Quel favori ?
Malgré cette cascade de forfaits, Genesio attend ce derby avec la même sérénité que Still. Lui qui a connu les OL-ASSE, parle « d’un vrai derby, avec une vraie proximité. Beaucoup de choses opposent effectivement les deux villes. Mais il y a la même passion que pour un Lyon/Saint-Etienne. Nous avons besoin d’être prêts physiquement, techniquement et tactiquement. Mais il faut surtout l’être mentalement, Il faut de l’agressivité, mais il faut pouvoir se maitriser aussi. » Un peu ce que disait Will Still la veille.
Avec habileté, l’entraîneur lillois réfute aussi le terme de favori. « Les deux équipes ont le même nombre de points, avec deux styles différents. Nous sommes rentrés à 6 heures du matin jeudi et nous n’avons pas eu le temps de préparer ce match. De plus, le public lensois va apporter beaucoup de force à son équipe samedi. Pour moi, les Lensois sont donc logiquement favoris de ce derby.«
Son capitaine Benjamin André lui aussi tient à contrôler l’euphorie qui a suivi la victoire contre l’Atletico. « Quand on gagne, cela amène bien sûr de la confiance. Mais ce sera un tout autre match, dans une ambiance très différente. Ce sera compliqué aussi de jouer à Lens. »
Comme après le Real
Le milieu corse évoque ainsi l’après Real. » Nous allons nous servir du match de Toulouse, qui suivait la victoire contre le Real. Il nous fallait alors vite switcher. Là aussi, vu l’enjeu, tout le monde sera focus sur ce derby et nous allons vite remonter en pression. »
« Il faudra encore beaucoup courir » Benjamin André
Benjamin André confie aussi qu’il faudra, comme mercredi, « beaucoup courir, car Lens courre plus que l’Atletico. » Il faut en effet s’attendre à un duel intense, comme dans chaque duel régional. L’envie, mais aussi la fraîcheur, risquent fort de faire la différence.
RC Lens-LOSC, 9ème journée de Ligue 1. Samedi 26 octobre, stade Bollaert-Delelis (21h).
Retrouvez aussi les interviews en vidéo de Will Still et Jonathan Gradit sur You Tube SPORTS-VIDEOS-NORD.