Charlie Dalin a fait le trou dans le Vendée Globe à J27. Là où tous les concurrents affrontent des conditions de navigation dantesques, à cause de la dépression. En mode « torpille » depuis 60 heures, le skipper de MACIF Santé Prévoyance est en effet parvenu à se maintenir en avant du centre de la grosse dépression lancée à ses trousses, tant et si bien qu’il va profiter d’un vent adonnant et ainsi être en mesure de faire une trajectoire parfaitement tendue le long de la Zone d’Exclusion Arctique. Un point où il pourrait compter 250 milles d’avance sur Sébastien Simon (Groupe Dubreuil) qui a fait preuve de beaucoup d’audace lui aussi. Puis carrément le double sur Yoann Richomme (PAPREC ARKÉA) et Thomas Ruyant (VULNERABLE) !
Le Dunkerquois accusait ainsi un retard de 627 milles ( plus de 1 000 km) sur le leader normand du Vendée Globe. Lors d’une vacation en vidéo vendredi, Ruyant s’affirmait « déçu » par cet écart avec Charlie. « Mais c’est comme ça. La route est encore très longue. »
« Le mer est toujours chaotique même si le vent a bien molli, rapporte ainsi Thomas. La mer est houleuse avec des vagues croisées. Il n’est pas évident de faire avancer le bateau sans le faire souffrir. Je ne suis pas aussi rapide que je voudrais. Mais ça va. J’espère qu’il y aura des opportunités pour recoller avec la tête de la flotte. On enchaîne les dépressions. Mais malgré tout, je tiens mon rythme à bord. »
Des concurrents qui souffrent dans les mers du Sud
Malgré cet écart important, le skipper nordiste garde donc le moral, solidement accroché à la 4è place, assez loin du 3è, Yoann Richomme (Paprec-Arkéa) . Mais aussi bien devant le 5è, Jérémie Beyou (Charal). Après 27 jours de course, Charlie Dalin a donc fait le trou, au point de larguer aussi Sébastien Simon qui s’accrochait jusqu’à présent à son sillage.
« Dans ma vie de marin, je n’ai jamais vu ça » (Eric Bellion)
Tous les concurrents souffrent dans les terribles mers du Grand Sud, comme l’explique Eric Bellion (Stand as One-Altavia)). « La vie ici n’est pas facile, les conditions sont vraiment dures depuis une semaine, la mer est horrible. Dans ma vie de marin, je n’ai jamais vu ça ! On a encore une mer très courte, on arrive pas à accélérer. C’est dur pour le matériel et pour moi, même si le moral est au beau fixe. »
En plus des vagues de la hauteur d’un immeuble, les marins de tête souffrent maintenant du froid et de l’humidité à bord. Une solution: les chaufferettes. Des chaufferettes qui, indiscutablement, occupent la tête du hit-parade chez les marins.
Sam Goodchild (VULNERABLE) a, lui aussi, confié se réjouir de pouvoir en faire usage lorsqu’il sera redescendu un peu en latitude. « J’ai justement trouvé un kit rechargeable dans l’une des petites cases de mon calendrier de l’avent », a précisé le marin, bien requinqué après une bonne dose de sommeil maintenant que le vent est (enfin) redevenu plus stable sur sa zone de course. Pour l’heure, situé 400 milles au nord des Kerguelen, le Britannique ne souffre pas encore trop du froid. Mais l’Anglais le sait, ce froid à faire craquer les cailloux va forcément bientôt le saisir à son tour.
Le classement du Vendée Globe à J27 (15 heures)
- Charlie Dalin (Macif-Santé Prévoyance) à 14 564 milles de l’arrivée
- Sébastien Simon (Groupe Dubreuil) à 279 milles
- Yoann Richomme (Paprec-Arkéa) à 515 milles
- Thomas Ruyant (Vulnerable) à 631 milles
- Jérémie Beyou (Charal) à 972 milles
- Sam Goodchild (Vulnerable) à 988 milles