Le 22 février dernier, Mehdi Ait El Hadj réussissait un exploit en battant le 4è welter mondial lors du Glory 98 de kickboxing à Rotterdam. Le jeune combattant roubaisien (26 ans) s’est ainsi ouvert la voie d’un match pour le titre mondial dans sa catégorie. Dans un entretien qu’il nous accordé, le Nordiste nous confie notamment son espoir: disputer la ceinture mondiale en 2025 en France. Et succéder ainsi à Cédric Doumbé, la star française de la discipline.
Visiblement, il fait beau au Maroc. C’est là bas en effet que Mehdi Ait El Hadj est parti juste après le Glory 98, pour poursuivre son entraînement physique. Nous avons conversé avec lui en visio, en plein soleil pour lui, quelques jours après le gala de Rotterdam. Il y restera un mois, avant de reprendre la partie boxe dans le Nord, à Villeneuve-d’Ascq et Valenciennes.
A Rotterdam, Mehdi disputait son 4è combat dans la Fédération Glory. Fondée en 2012, Glory est la première organisation de kickboxing au monde. Elle organise plus de 10 événements en direct chaque année pour des millions de fans internationaux. La liste des combattants du Glory inclut les meilleurs kickboxeurs de la planète représentant plus de 40 pays.
Un parcours sans faute au Glory
Ait El Hadj a intégré cette ligue prestigieuse l’an passé. Et en un an, il a déjà disputé quatre combats. Il bat successivement le Néerlandais Ismaïl Ouzgni par décision partagée, à Paris (27 avril). Puis le Surinamien Sno Don 3-0 à à Rotterdam (20 juillet). Et enfin le Marocain Soufian Abdelkhalek, dit « Hitman », 3-0 également, à Amsterdam (12 octobre). Trois victoires qui le propulsent vers le haut de la catégorie.
Le 22 février au RTM Stage de Rotterdam, il affrontait donc le Néerlandais Robin Ciric, n°4 mondial chez les poids welters (-77 kilos), soutenu par les 8 000 spectateurs présents. « J’avais quand même de nombreux supporters venus surtout du Nord qui étaient là, et qui me suivent depuis longtemps.«
Dans ce contexte malgré tout défavorable, le Roubaisien de 26 ans était loin d’être favori. face à un frappeur redoutable. Mehdi a su très vite faire le faire reculer, dans ce combat en trois reprises. « Ç‘était un combat difficile car Ciric frappait fort, explique Mehdi. Il a d’abord avancé mais il a vu que je frappais fort aussi. C’est pourquoi il a changé sa tactique et a alors fuit le combat. Sinon, je sentais qu’il pouvait tomber. » Le combat est donc allé à son terme. Mais le Nordiste est donné vainqueur par décision partagée (2 juges à 1).
La boxe à 5 ans !
Il enchaînait ainsi sa 4è victoire en Glory en moins d’un an. Il décrochait aussi sa 36è victoire pro, contre 2 matchs nuls et 4 défaites. Un palmarès étonnant si jeune. Mais Mehdi a commencé tôt, en regardant notamment les « Rocky » de Sylvester Stallone. « J’ai commencé à boxer à l’âge de 5 ans. Ma mère a vu que tout petit, j’aimais cela. Je faisais déjà du shadow boxing en voyant des films. Et elle m’a conduit dans un club à Halluin. »
Il est passé ensuite professionnel à l’âge de 18 ans, en kickboxing. Avec réussite: quadruple champion de France seniors de kickboxing, il a aussi décroché un titre de champion d’Europe ISKA en 2023, portant son record sur le ring à 34 victoires. Des performances qui ont donc attiré l’attention du Glory sur le jeune Franco-Marocain.
Mehdi Ait El Hadj fait désormais partie du gratin mondial du kickboxing dans sa catégorie. Il pense déjà au prochain combat. Mais il se donne 3 ou 4 mois pour bien le préparer, car il ne veut pas brûler les étapes, et rester invaincu. « Je suis maintenant dans le top 5 mondial. C’est sérieux. Mais je n’ai qu’une envie, gagner la ceinture mondiale dans un combat organisé en France. » Et rejoindre ainsi au Panthéon du kickboxing un certain Cédric Doumbé; le seul Français titré au Glory.
Ce serait bien sûr la consécration pour ce jeune homme qui a grandi dans un quartier défavorisé de Roubaix. Issu d’une famille originaire du Maroc, Mehdi fait partie d’une fratrie de 6 enfants. « Nous sommes trois garçons et trois filles. Mais je suis le seul à me consacrer au sport. Tous mes frères et soeurs suivent des études. »
La boxe comme bouée de sauvetage
Comme il le reconnaît, la boxe l’a éloigné des mauvaises fréquentations, aux mauvais endroits. « Tous ceux que je fréquentais ont mal fini. » L’éducation reçu de ses parents, mais aussi l’encadrement assuré par ses différents entraîneurs, comme Youssef Hallouane, au Fight Fitness Factory d’Escautpont, lui ont ainsi permis de rester sur le bon chemin.
» Je dois remercier tous ceux qui croyaient en moi, confie le jeune champion. Beaucoup de gens me suivent. Je suis aujourd’hui la fierté du quartier. » Ce quartier de La Fresnoye où il a grandi. Car depuis qu’il est passé au Glory, tous ses combats sont diffusés sur DAZN, la chaîne du football. Mais aussi celle des sports de combat.
Pour progresser, Mehdi a choisi de s’entraîner aussi au Fight Fitness Factory, là où se prépare un autre Nordiste membre du Glory. Il s’agit de Sofian Laidouni, qui est devenu son sparring-partner. Un colosse qui combat chez les poids lourds, et à qui il rend une trentaine de kilos ! « Mais cela m’oblige à me surpasser car Sofiane est très puissant. En m’entraînant comme cela la semaine, j’arrive parfaitement affûté pour mes combats. » Les deux hommes se poussent ainsi chacun vers le haut. Car ils ont les mêmes ambitions.
Mehdi Ait El Hadj attend maintenant le nom de son prochain adversaire. Ce sera forcément un cador du kickboxing. Et peut-être aussi le dernier combat avant celui pour la ceinture mondiale, avant la fin de l’année ? A 26 ans, Mehdi semble prêt pour cela.
