Le « top départ » du Vendée Globe a été donné ce dimanche à 13h02 par Alain Lebœuf, Président du Vendée Globe et du Département de la Vendée. Les skippers s’élancent ainsi pour le plus connu des tours du monde, plus de 24 000 milles (45 000 km estimés) à parcourir en solitaire, sans escale et sans assistance. Un départ donné dans un vent erratique, entre 4 et 7 nœuds. L’occasion de s’immerger dans la course tout en douceur après une matinée particulièrement chargée en émotions.
Jamais on n’avait vu cela dans l’histoire du Vendée Globe. Ce 10ème départ aux Sables d’Olonne ressemblait à une excursion pour touristes en mer en plein mois d’août. En l’absence étonnante de vent à cette époque de l’année, les 40 bateaux étaient presque scotchés sur une mer d’huile, et avaient bien de la peine à avancer. Les dizaines de milliers de spectateurs rassemblés sur la côte de Lumière ont pu au moins profiter longtemps du spectacle.
C’était le cas déjà le matin, pour l’embarquement des marins et le départ du ponton. Un moment toujours très fort en émotions. Beaucoup de concurrents avaient les larmes aux yeux. D’autres arboraient un large sourire ou « déconnaient » pour cacher leur stress. Et on a assisté, de loin, aux traditionnelles embrassades et accolades avec les familles et les proches. Le ponton était fermé au public. Mais les skippers avaient une dernière obligation médiatique avant de rejoindre leur bateau.
La liesse sur les quais
Thomas Ruyant ainsi n’a pas traîné. Le Dunkerquois était déjà dans sa bulle, un peu tendu et très ému en embrassant sa famille, dont ses parents venus de Dunkerque. « J’ai fait une petite nuit, c’est normal une veille de départ, mais j’avais bien dormi avant donc ça va. Ce départ de Vendée Globe est évidemment très différent de celui de la dernière fois qui avait été impacté par l’épidémie de Covid-19. J’ai hâte d’être sur l’eau, d’aller régater, de voir tous les supporters du team qui nous attendent le long du chenal. Il est tant de profiter une dernière fois de ses proches ! », confie Thomas brièvement. Le Nordiste a quitté le quai en 18è position, peu avant son équipier de Vulnerable Sam Goodchild.
Charlie Dalin avait ouvert le défilé des skippers alors que le jour n’était pas encore levé sur les quais. On a assisté aussi à des scènes insolites. Ainsi, les deux concurrents asiatiques, le Japonais Kojiko Shiraishi, et le Chinois Jingkun Xu, sont arrivés sur le ponton en kimono de samouraï pour le premier, en tenue traditionnelle pour le second, avec un large sourire aux lèvres. Plus étonnant encore: Damien Seguin s’était déguisé, non sans humour, en Capitaine Crochet, avec un vrai crochet à la place de sa main manquante !
Dans l’attente de vent
Tous ensuite ont enchaîné avec cette descente magique du chenal devant des milliers de personnes enthousiastes. Un cérémonial qui a manqué il y a 4 ans à cause du covid. Ce dimanche 10 décembre 2024, le Vendée Globe avait retrouvé toute sa merveilleuse effervescence de fête, à l’image des derniers Jeux Olympiques. « C’est chaud et on est littéralement porté par ce flow de spectateurs, confiera le Picard Romain Attanasio à la sortie du chenal. J’ai eu des moments d’émotion énormes avec mes enfants. Mais maintenant, il est temps de prendre la barre. C’est bien aussi quand c’est fini« . Pour Romain, c’est déjà une victoire de prendre le départ, après le démâtage survenu il y a deux mois.
Depuis le briefing météo de vendredi, les 40 marins savaient qu’ils auraient droit à des conditions météo très calmes. Et donc, un départ tranquille. Un peu trop peut-être pour des compétiteurs. C’était en effet la pétole totale au large des Sables d’Olonne. Les grands IMOCA n’avançaient pas, malgré toute la voilure déployée (moins de 2 noeuds). Et après une heure de course, la flotte était toujours regroupée. Après une heure de course, Paul Meilhat (Biotherm) pointait en tête avec… 89m d’avance sur Sam Goodchild (Vulnerable) et 180m sur Louis Duc (Fives Groupe/Lantana Environnement).
La course n’était donc pas vraiment commencée. Mais ce départ dans la pétole représentait quand même une délivrance après les trois semaines d’attente depuis l’ouverture du village du Vendée Globe, qui va fermer ses portes ce dimanche soir.
Entre temps, les concurrents auront certainement retrouvé un peu de vent en Atlantique.