
L’équipe de France masculine de handball est éliminée en 1/4 de finale par l’Allemagne, 34-35 après prolongations. Une défaite cruelle à l’issue d’un scénario insensé. Car à 6 secondes de la fin du temps réglementaire, les Bleus menaient encore dans cette partie qu’ils avaient dominé. Il n’y aura pas de nouveau titre pour les Experts. Cétait aussi le dernier match en bleu pour Nikola Karabatic, Vincent Gérard et Valentin Porte.
Au stade Pierre-Mauroy, Jean-Marc Devred
Un match aux allures de revanche… La veille en effet, les féminines de l’équipe de France de handball avaient battu l’Allemagne (26-23). Et ce quart de finale hommes de handball opposait de nouveau la France à l’Allemagne. Nos meilleurs ennemis donc. Comme pour les femmes, le stade Pierre-Mauroy était comble pour soutenir des Bleus en difficulté depuis le début du tournoi olympique. Assistait notamment à ce match couperet Samir Bellahcène. L’ancien gardien de l’USDK est en effet en réserve ici comme 3è gardien.
Tradition oblige, les trois coups du match ont été frappés par un ancien joueur de l’équipe de France; en l’occurrence Bertrand Gille, le frère du sélectionneur des Bleus.
Un duel de légende
Il fallait s’attendre à un match physique contre la Mannschaft. Et il l’est dès le début, alors que Elohim Prandi et Ludovic Fabregas sont les deux premiers à marquer. Dans le but français, un autre ancien dunkerquois, Vincent Gérard, qui disputait ses derniers Jeux Olympiques. Le clan tricolore comptait beaucoup sur ses arrêts.
Mais le début de la rencontre vraiment pas amicale est à l’avantage des Allemands (2-4, 5è). Les buts pleuvent des deux côtés dans des défenses loin d’être imperméables. Cependant, comme les basketteurs la veille, nos handballeurs ont retrouvé leur hargne de guerriers. Ce qui leur permet de creuser l’écart (12-8, 16è), avec Vincent Gérard qui a retrouvé une nouvelle jeunesse. L’ancien portier dunkerquois réalisera une performance majuscule, avec 24 arrêts réussis !
Les Français sont percutants, portés par un public en furie. IIs comptent une avance de +5 (17-12, 26è) avec un Dika Mem en feu (4 buts). Malgré une baisse de régime à la fin, la France mène 17-14 contre l’Allemagne au repos. La meilleure mi-temps des champions d’Europe depuis le début des Jeux certainement.
Vincent Gérard impérial
Elohim Prandi, en feu lui aussi, lance en beauté la seconde période pour les tricolores qui prennent 6 buts d’avance dans un vacarme assourdissant (20-14, 32è). Mais encore une fois, les Allemands reviennent. Et il faut un grand Dika Mem (10 buts) pour conserver l’avantage (25-23, 45è). Avant de voir l’Allemagne égaliser, puis prendre pour la première fois l’avantage (26-25, 50è).
Le public en délire assiste à un énorme bas-de-fer. Vincent Gérard réussit plusieurs arrêts décisifs, dont deux sur des jets de 7 mètres. Samir Bellahcène dans la tribune des joueurs, harangue alors la foule. Les Bleus abordent le money time avec un mince avantage (28-26, 58è). Et Dika Mem marque le but que l’on croyait être celui de la délivrance.
Il reste alors six secondes à jouer après le penalty réussi par Renars Uscins (29-28). Guillaume Gille demande alors un temps mort. Malheureusement, sur le coup d’envoi, Dika Mem fait une passe en l’air incompréhensible et perd le ballon. L’Allemagne égalise à l’ultime seconde (29-29). Il va falloir jouer les prolongations après avoir tenu la victoire de si près. Un véritable coup de massue.
En zone mixte, Gille se montrera embarrassé quand on évoque ce temps mort. « Si tu ne prends pas le temps-mort, tu peux laisser l’équipe en face s’organiser. On n’a pas le temps de s’organiser. Et en même temps, si dans ce temps-là, il y a une perte de balle, on te reprochera de ne pas avoir pris le temps-mort. C’est un fait de jeu qui est arrivé à ce moment-là et je pense que c’est quelque chose qui est assez rare de se retrouver à perdre la balle de cette manière-là. »
Un scénario cruel
Mais les joueurs de Guillaume Gille s’en remettent apparemment. Un tournant survient même quand l’Allemand Knorr prend un jaune et sort 2 minutes. A ce moment là, Hugo Descat, le joker, a marqué trois fois, dont deux sur jet de 7 mètres. Mais les Allemands reviennent encore à égalité (32-32) à la fin de la première prolongation. Le suspense devient insupportable.
A une minute de la fin, l’Allemagne mène 34-33. La France égalise mais sur la relance. Mais Renars Uscins (14 buts !) crucifie les Français 35-34. Les Bleus perdent ainsi un match qu’ils n’auraient jamais dû perdre. Une douche froide pour le handball français.

Nikola Karabatic, Vincent Gérard et Valentin Porte quittent l’équipe de France sur une énorme déception.
La feuille de match
Allemagne – France : 35-34 (14-17 / 15-12 / 6-5)
Stade Pierre Mauroy – Lille : 27000 spectateurs
Arbitres : Mads Hansen et Jesper Madsen
France
Gardiens : Desbonnet – Gérard (24 arrêts sur 57 tirs). Joueurs de champ : Minne (1/2) – Remili (2/6) – Prandi (4/5) – Richardson (3/5) – Mem (10/15) – Tournat (2/2) – N.Karabatic – L.Karabatic (cap) – Fabregas (3/6) – Descat (8/10) – Porte (1/3) – Konan. Entraîneur : Guillaume Gille
Exclusions temporaires : Prandi, Mem, L. Karabatic, Descat, Fabregas et Konan.
Allemagne
Gardiens : Späth (14 arrêts sur 36 tirs), Wolff (0 arrêt sur 11 tirs). Joueurs de champ : Golla (cap (6/7), Witzke, Heymann (6/12), Knorr (5/9 dt 0/1 pen), Koester (1/4), Uscins (14/21 dt 3/3 pen), Haefner (0/1), Dahmke (1/1), Mertens (1/3), Steinert (1/3), Grgic (0/2 pen) Kohlbacher. Entraîneur : Alfred Gislason
Exclusions temporaires : Uscins et Steiner (2)
Les réactions
Dika Mem. « J’éprouve forcément un sentiment de culpabilité C’est un match qu’on aurait du gagner si je n’avais pas fait cette erreur à la fin. C’est dur pour moi, dur. Mais c’est le sport, je vais apprendre de ça et je vais assumer l’erreur que j’ai faite. »
Vincent Gérard. « C’est un match extraordinaire, et finalement ça ne suffit pas. Il en manque un peu à la fin, c’est comme ça. C’est triste, parce que le scénario est triste, et peut-être que parfois on préfère se dire qu’on est passé à travers et qu’on n’a pas la place, alors que là on pensait avoir gagné le match. . »
Nikola Karabatic. « C’est cruel parce que dans ce match, on a tout donné. L’équipe s’est battue jusqu’au bout. On avait tout en main, surtout dans une telle ambiance avec 28 000 personnes. Il y a de la déception pour l’équipe. C’était mon dernier match. On est triste ce soir de ne pas avoir rendu aux Français qui nous ont poussé à Lille et à Paris, en leur apportant une médaille. »
Les résultats des 1/4 de finale Hommes
- Espagne/Egypte: 29-28 AP
- Allemagne/France: 35/34 AP
- Danemark/Suède: 32-31