L’équipe de France féminine de handball bat la Suède 31-28 après prolongations, et se qualifie ainsi pour la troisième fois consécutive pour la finale des Jeux Olympiques. Les Bleues ont longtemps été malmenées par des Scandinaves euphoriques. Mais elles sont su renverser la situation grâce à leurs cadres et la prestation de leurs deux gardiennes. Sans oublier le soutien du stade Pierre-Mauroy, qui a joué son rôle de « 8è femme »…
Au stade Pierre-Mauroy, Jean-Marc Devred
Après le coup de massue de la veille avec l’élimination des hommes, l’intérêt du public français se reportait à 100% sur les femmes. Aussi, cette demi-finale féminine France-Suède de handball remplissait à nouveau le stade Pierre-Mauroy. Avec un public décidé à pousser ses joueuses vers la victoire; et donc, une nouvelle finale. Et un invité d’honneur: Pierre de Coubertin ! Où plutôt son clone qui fait le tour des sites des JO.
Ce classique du handball constituait une revanche de Tokyo 2020, qui avait propulsé les Bleues vers la médaille d’or. Il opposait aussi la France, seule équipe invaincue dans ce tournoi de handball féminine; et la Suède, qui comptait une seule défaite (contre le Danemark) en 5 rencontres. Pour ce « classico » franco-scandinave, les maillots jaunes des supporters suédois étaient totalement noyés dans la masse des tribunes totalement colorées en bleu-blanc-rouge.
Bundsen l’infranchissable
Le début de la rencontre est tendu, mais à l’avantage des Suédoises qui marquent les premières. Heureusement, Laura Glauser stoppe de nombreux tirs. Tout comme Johanna Bundsen dans le but jaune. Mais les Bleues connaissent un trou d’air en milieu de période. A 4-7, Olivier Krumbholz demande un temps mort nécessaire pour stopper l’hémorragie (0-5). Et après 23 minutes crispantes, Estelle Nzé Minko égalise enfin (7-7).
Cela ne durera pas longtemps car la France écope d’un carton jaune. Les Suédoises profitent de cette supériorité numérique pour reprendre l’avantage (10-8, 27è). Et c’est finalement avec ces deux buts d’avance que la Suède regagne les vestiaires à la mi-temps (12-10). Les Françaises ont ainsi payé leurs trois exclusions temporaires.
En début de seconde période, les Suédoises dominent. Heureusement, la gardienne numéro 2, Hatadou Sako, stoppe deux jets de 7 mètres, ce qui permet aux Bleues de rester en vie malgré une vraie carence offensive.
Malheureusement, les Françaises sont fébriles et maladroites dans leurs attaques; à l’exception de leur capitaine Estelle Nzé Minko. Les pertes de balles inquiètent aussi ce qui conduit Olivier Krumbholz à demander un nouveau temps mort à un moment crucial (17-21, 46è). Mais Johanna Bundsen écoeure littéralement les attaquantes françaises par ses parades.
Hatadou Sako la sauveuse
Après une longue période de souffrance, la France égalise quand même avec un jet de 7 mètres de Tamara Horacek (22-22, 54è). Le suspense est total dans le « money time ». A 24-24, c’est au tour du coach suédois, Tomas Axner, de demander un temps mort. La Suède marque. Mais Tamara Horacek arrache l’égalisation dans les dernières secondes. 25-25: il va falloir jouer les prolongations !
Pour la première fois de la rencontre, les Bleues prennent l’avantage grâce à un nouveau penalty de Horacek (61è). Hatadou Sako, qui a remplacé Laura Glauser dans le but, réussit à son tour des arrêts décisifs. Ce qui permet à la France de creuser enfin un (petit) écart, 29-26 après la première prolongation.
Les Françaises ont repris la main. Et Bundsen n’est plus un rempart impassable. Contrairement à Hatadou Sako qui dévie un dernier jet de 7 mètres. C’est fait ! La France s’impose finalement 31-28 à l’issue d’une remontada incroyable. C’est l’euphorie dans le stade Pierre-Mauroy. Nos guerrières joueront une nouvelle finale olympique, samedi à Lille.
Bravo les filles !
La feuille de match
Suède – France : 28-31 (12-10 / 13-15 / 3-6)
Stade Pierre Mauroy de Villeneuve d’Ascq: 27 000 spectateurs
Arbitres : Tanja Kuttler et Maike Merz (All)
France
Gardiennes : Glauser 12 arrêts sur 33 tirs) – Sako (8 arrêts sur 15 tirs). Joueuses de champ : Nocandy (4/7) – Toublanc (3/6 dt 2/3 pen) – Valentini (3/4) – C.Lassource (0/2) – Flippes (3/6) – O.Kanor (1/4) – Horacek (8/12 dt ¾ pen) – Foppa (0/2)- Nze Minko (cap) (7/11) – Granier (1/2) – Bouktit – Grandveau (1/3). Entraîneur : Olivier Krumbholz
Exclusions : Nocandy, Foppa, Nze Minko, Flippes et Horacek.
Allemagne
Gardiennes : Bundsen (16 arrêts sur 43 tirs dt 0/3 pen) – Eriksson (2 arrêts sur 5 tirs dt 2/2 pen). Joueuses de champ : Koppang (1/6) – Stroemberg – Blohm (4/9) – Roberts (Cap) (5/11) Lundstroem – Lindqvist (2/3) – Hagman (6/9 dt 1/3 pen) – Thorleifsdottir (4/7 dt 1/2 pen) – Hansson (1/4) – Carlson (1/4 dt 01/ pen) – Loefqvist (1/1) – Axner (3/6). Entraîneur : Tomas Axner
Exclusions : Loefqvist, Thorleifsdottir et Hagman.
Les réactions
Olivier Krumbholz, entraîneur. « On a été dominés pas mal de temps, on a buté sur leur gardienne. Heureusement, les nôtres leur ont rendu la pareille. Mais oui, oui, pendant 45 minutes, on se dit que le plus probable, c’est qu’on va perdre. Maintenant, on a eu le mérite de ne pas partir trop loin du score, je crois que c’est un +4, au maximum. Et dès qu’on est revenu dans les 10 dernières minutes, ça a un peu changé d’âme. »
Estelle Nzé Minko (capitaine). « Je suis vraiment fière d’être en finale des Jeux olympiques, parce que c’était l’objectif, et ça, déjà, de l’avoir annoncé et d’avoir réussi à le faire, c’est tellement beau et c’est tellement fort. Cela en dit long sur notre équipe et la manière dont on travaille. Je suis contente de la manière aussi, parce que ça nous prouve des choses sur nous-mêmes en tant qu’équipe, sur ce qu’on est capable d’aller chercher. »
Hatadou Sako. « C’est incroyable. Ce sont des moments qui resteront gravés à vie. Ça été dur. On a traversé un match de 60 minutes vraiment intense. On arrache le nul. On fait l’écart sur la 1è mi-temps. Ensuite avec les meufs on s’est que c’était les 5 minutes de notre vie. Et on n’a rien lâché.«
Laura Flippes. « On n’a rien lâché, on est allé chercher cette victoire avec les tripes, ce n’était pas évident. On ne s’est pas rendu le match facile, mais on a eu un bel adversaire. On a su montrer la force de l’équipe de France aujourd’hui et je suis vraiment très très fière de ça. »
Chloé Valentini. « On est des meufs qui ne lâchent rien. C’est beau pour les gens qui nous regardent à la télé. C’est beau pour les enfants de se dire qu’il ne faut jamais rien lâché dans la vie, parce que rien n’est jamais perdu. »