La Dijonnaise Loïs Boisson réalise une énorme performance en battant la n°3 mondiale Pegula 3-6, 6-3, 6-4 en 1/8ème de finale du simple dames à Roland-Garros. La seule Française présente en 2ème semaine créée une énorme sensation sur le court Philippe-Chatrier en liesse, un an après avoir déclaré forfait suite à une grave blessure au genou. 361è joueuse mondiale, Loïs Boisson va ainsi faire un bond au classement WTA. Elle est la première Française à rallier les quarts de finale sur la terre battue parisienne depuis Caroline Garcia et Kristina Mladenovic en 2017.
Qui connaissait Loïs Boisson avant ce Roland-Garros 2025 ? Pas grand-monde certainement, sorti de la Bourgogne. Cette jeune joueuse de 22 ans, n°361è au ranking mondial, disputait en effet son premier Grand Chelem. L’an passé, elle bénéficiait d’une invitation vu son parcours sur terre battue en début d’année. Mais elle n’avait pu l’honorer car elle s’est blessée juste avant. Gravement: rupture des ligaments croisés. Elle n’a pratiquement pas joué durant dix mois.
La Fédération française de tennis lui a quand même donné une nouvelle wild-card pour 2025. Et elle a bien fait. Loïs Boisson était en effet la seule Française, hommes et femmes confondus, présente en 2è semaine. Pour cela, elle a successivement battu la Belge Elise Mertens (6-4, 4-6, 6-3) au 1è tour. Puis l’Ukrainienne Kalinina très facilement (6-2, 6-1) au 2è tour. Avant de passer le 3è contre une autre Française Elsa Jacquemot (6-3, 0-6, 7-5). Cela malgré des douleurs au genou tout au long du match.
Un combat de presque trois heures
Mais visiblement, la Dijonnaise avait bien récupéré. En ce lundi de dernière semaine, Loïs Boisson évoluait sur le court principal pour la 1è fois de sa carrière. Un court Philippe-Chatrier malheureusement encore bien dégarni, quand Loïs engageait son match contre la redoutable américaine Jessica Pegula, n°3 mondiale. Autant dire que l’on accordait peu de chance à l’inconnue française.
Deux heures quarante plus tard, Loïs Boisson levait les bras, devant des tribunes pleine et un public conquis, en battant Pegula à l’issue d’un énorme combat en trois manches: 3-6, 6-4, 6-4 . C’était sans doute la sensation du tableau féminin.
Visiblement, Loïs n’était pas impressionnée par le court central, même s’il manquait de spectateurs au début. Elle ne ressentait plus non plus les douleurs ressenties lors du match fratricide contre Jacquemot. Logiquement, Jessica Pegula remporte le 1è set 6-3. Mais la n°3 mondiale ne s’attendait certainement pas à la « remontada » de la Française.
Loïs fait en effet le break au bon moment dans les 2è et 3è sets. Elles ne commet quasiment aucune erreur, ne lâche rien et joue bien les points importants. Pegula se crispe ainsi face à cette joueuse qu’elle a étudié en vidéo. Boisson elle reste très concentrée et parfaitement sereine quand elle sert pour le gain du match. Elle doit cependant sauver 4 balles de débreak devant une Américaine incrédule. Et qui craque sur la première balle de match.
« Elle était très offensive, confiera ainsi Jessica. J’étais sur le fil du rasoir pendant tout le match, surtout à la fin du deuxième et du troisième set. J’aurais pu être plus agressive, mais on essaie de dérouler. C’est comme cela qu’il y a une bataille d’un côté et de l’autre. »
Le triomphe avant Dembélé
Sous les yeux notamment de Gilles Moretton, de Henri Leconte, mais aussi de Ousmane Dembélé venu présenter le trophée de la Ligue des Champions au public du central, Loïs Boisson se qualifie pour les 1/4 de finale de son premier Roland-Garros, devant un public enthousiaste, qui avait enfin rempli les tribunes.
« Plus je joue de matchs ici et mieux je me sens »
« Dès le départ, j’ai eu confiance en moi, expliquera Loïs en conférence de presse. Mais quand elle a gagné le premier set, cela a été un peu une douche froide pour moi. Puis, quand j’ai gagné le deuxième set, comme j’ai commencé à remonter, j’ai commencé à y croire. Je croyais dans mon jeu et j’essayais de ne pas trop y penser (…) Je suis rentrée sans plus de pression que sur les autres matchs. Justement, au contraire, plus je joue des matchs ici et mieux je me sens. Après, sur les 2 derniers jeux où c’était assez tendu, j’ai fait quelques petites erreurs, justement, parce qu’il y avait de la pression mais, au final, cela passe et c’est ce qui compte. »
Un phénomène face à elle en quart de finale
Après cet exploit, Loïs Boisson a commencé l’inévitable marathon médiatique. Mais elle pourra récupérer ce mardi, et préparer son quart de finale contre Mirra Andreeva. Cette Russe prodige est déjà classée 6è mondiale à l’âge de 17 ans seulement. La Française fera donc figure d’ancienne face à cet adversaire qui partira logiquement avec les faveurs du pronostic.
« Ce n’est pas le même style de jeu que Pegula. Elle varie plus, et possède un très bon revers. Elle est très solide des deux côtés. Je pense qu’il va falloir s’attendre à ce qu’il y ait des échanges. De mon côté, je pense que cela ne va pas changer mon plan de jeu. Quelques petits détails à adapter, mais ça ne changera pas.«
Mais tout ce qui arrivera sera désormais du bonus pour Loïs Boisson, qui aura sauvé le tennis français d’une nouvelle déroute à Roland-Garros.
