C’est par un alléchant La Rochelle/ Racing 92 que les demi-finales du Top 14 de rugby ont démarré ce vendredi soir au stade Pierre-Mauroy de Villeneuve-d’Ascq. 5000 spectateurs seulement, norme maximale imposée, ont pu voir ce match. C’est la même chose ce samedi pour l’autre demie entre Toulouse et Bègles- Bordeaux. 10 000 spectateurs en 2 jours, c’est vraiment très (trop) peu. Mais les joueurs, après une quasi saison à huis clos, s’en contenteront.
La veille déjà, l’ancien demi d’ouverture de l’équipe de France François Trinh Duc avait exprimé un véritable « bonheur de pouvoir jouer devant du public« . Cela a été le leitmotiv ce vendredi des conférences de presse du Stade Toulousain et de l’Union Bègles Bordeaux.
Ainsi, le manager de Bordeaux Christophe Urios s’est déclaré presque étonné de voir la « ferveur de nos supporters lors de nos derniers matches qui ont vu le retour du public. Notre arrivée au stade Chaban Delmas dernièrement a montré un vrai engouement. Le stade ici est magnifique. Il faut prendre du plaisir et pas se mettre une pression négative ».
Le centre Rémi Lamérat lui, est l’un des rares joueurs à avoir évolué au stade Pierre-Mauroy il y a sept ans, lors des précédentes demi-finales du Top 14. Il jouait alors à Castres Olympique qui s’était imposé face au Montpellier de Fabien Galtié avant d’échouer en finale contre Toulon. » Je conserve un souvenir incroyable de ce match. Je me souviens avoir vécu une journée fabuleuse », affirme Lamérat. Ce jour-là, les deux équipes avaient évolué devant plus de 49 000 spectateurs. Ce ne sera pas la même ambiance samedi, même si des supporters des deux clubs se sont déplacés du Sud-Ouest pour ce derby au sommet.
» Une reprise de la vie qui fait plaisir »
Jefferson Poirot, pilier de l’Union Bordeaux- Bègles
Le pilier international Jefferson Poirot constate depuis peu « une reprise de la vie qui fait plaisir. Cela se voit avec le retour des supporters aux entraînements. Elle arrive à un très bon moment« .
Le demi d’ouverture toulousain Romain Ntamack sera plus mesuré. sur les 5000 spectateurs admis. » On a malheureusement pris l’habitude cette saison de jouer sans public. Mais on a arrive quand même à retrouver des émotions avec ce retour limité des spectateurs. On va s’en contenter. Cela fait déjà du bien. On sait que malgré leur absence, tous nos supporters sont derrière nous ».
Un public discipliné… et espacé
10% seulement du grand stade lillois était donc occupé pour le premier duel entre La Rochelle et le Racing 92. Ce qui n’a pas empêché les supporters des deux camps, qui se savaient privilégiés d’être ici, de faire du bruit.
Les Franciliens, forcément plus proches, semblaient plus nombreux que les Charentais. Mais ces derniers se sont fait plus entendre dans ce match joué à toit ouvert. Donc, avec moins d’effet de résonance. » Et ils sont là, et ils sont là les Rochelais » chantaient les supporters jaunes presque à tue-tête.
Contrairement au match de football France-Bulgarie, où on avait vu les 5000 spectateurs agglutinés dans deux tribunes du Stade de France, les spectateurs ici étaient bien répartis dans les espaces des tribunes est et ouest, qui accueillent habituellement les DVE et les Go Rijsel Spirit. Là au moins les distances étaient respectées, tout comme les gestes barrières. Par contre, les deux tribunes principales étaient fermées, à l’exception de quelques loges ouvertes pour les VIP, et d’une travée basse à la sortie des vestiaires.
Les premières minutes qui donnent lieu à un duel de buteurs (Maxime Machenaud contre Ihala West) voient les deux clans vibrer à tour de rôle dans une ambiance presque normale. Quel bonheur de retrouver ce bruit qui nous a tant manqué durant plusieurs mois. D’autant que sur la pelouse hybride du SPM, les joueurs se livrent à fond dans un match plein d’intensité. Cela change des purges de l’Euro 2020…
La piste aux étoiles
Sur le terrain, une pléthore de cracks du rugby français, européen et même, mondial. Grégory Alldrit, Brice Dulin, William Skelton, Antonie Claasen, Gaël Fickou, Virimi Kakatawa, Teddy Thomas, Finn Russel, etc. Le public vibre à chaque action de ce match engagé. » Viril mais correct« , comme on dit dans le Sud-Ouest… A tel point que les blessures entraînent des remplacements dès la première mi-temps.
Une mi-temps qui passera extrêmement vite vu la qualité du spectacle. Une première période dominée par les surpuissants Rochelais, qui marquent un essai par Arthur Retière. Un essai vu en Angleterre, où l’on suit de près le Top 14.
L’ambiance sera tout aussi chaude en 2ème mi-temps, à l’image de la bataille impitoyable que se livrent les deux lignes d’avants.
Un orage bref, mais violent
Inattendue, une forte pluie orageuse va s’inviter au stade à environ un quart d’heure de la fin. Ironie du sort, la Ligue avait décidé la veille de laisser le toit ouvert… vu la prévision météo optimiste ! Les joueurs vont essuyer un véritable déluge durant cinq bonnes minutes.
A ce sujet, le patron du staff parisien s’est montré agacé en conférence d’après-match. » C’est dommage d’avoir un toit et de ne pas l’utiliser. Mais bon, je ne veux pas faire de polémique là-dessus« , dira simplement Laurent Travers à la question d’un confrère. Il faut savoir que le Racing 92 évolue habituellement à l’Arena de Nanterre, le seul stade en France à être totalement couvert. Les joueurs sont donc moins habitués à jouer sous la pluie.
Certes, le match a peut-être manqué d’essais. Et il n’y aura qu’un but de pénalité de West en 2ème période. Mais quel combat ! Et quelle ambiance pour si peu de public ! Les joueurs rochelais surtout ont apprécié cette communion retrouvée avec les supporters. » Certes, ils n’étaient que 5000« , confiait ainsi le capitaine Romain Sazy, » mais on a apprécié cette ambiance. Comme la situation (sanitaire) s’améliore, peut-être qu’ils seront plus nombreux pour la finale au stade de France ».
Au même moment, le vieux port de La Rochelle était en feu avec les habitants qui fêtaient la qualification pour la finale. Au point même que des supporters se sont jetés tout habillés dans le bassin…
Bien sûr, la crise sanitaire a rendu la fête impossible pour ce Top 14 lillois. Les rares animations sont passées inaperçues. Le retour des spectateurs était vraiment trop limité. Mais ce n’est que partie remise pour les amateurs de rugby du Nord de la France.
Retour à Lille en 2024
Une conférence de presse a en effet réuni les quatre présidents demi-finalistes présents au Stade Pierre-Mauroy. Ils étaient accompagnés par René Bouscatel, président de la LNR, Emmanuel Echallier, son Directeur-Général, et Eric Skyronka, Vice-président de la Métropole Européenne Lilloise. Après avoir regretté que seulement 5000 supporters aient pu être présents lors de la demi-finale qui opposait la Rochelle au Racing 92, Emmanuel Echalliera a affirmé : « Je peux vous dire que nous reviendrons ici pour les demi-finales 2024.C’est une décision du Comité Directeur. »
Et cela, un an après la Coupe du Monde organisée en France. Cinq matches auront lieu au stade Pierre-Mauroy, qui devient peu à peu un fief du rugby, au niveau évènementiel.
La feuille de match
Stade Rochelais – Racing 92: 19-6 (16-6) Arbitre: M.Raynal
5000 spectateurs. Pelouse en bon état. Temps sec avec une averse violente en fin de match. Toit ouvert.
Pour La Rochelle: 1 essai de Retière (29è); 1 transformation et 4 pénalités de West (12è, 21è, 27è, 53è).
Pour le Racing 92: 2 pénalités de Machenaud (8è et 14è).
La Rochelle: Dulin – Leyds; Rhule; Favre; Retière – West; Kerr-Barlowe – Gourdon; Aldritt; Liebenberg – Skelton; Sazy – Atonio; Bosch; Wardi.
Racing 92: Beale – Thomas; Vakatawa; Fickou; Dupichot – Russell; Machenaud – Diallo; Claassen; Palu -Bird; Leroux – Gomes Sa; Bauligny; Kolingar.