CYCLISME: XAVIER JAN VEUT MODERNISER LE CYCLISME FRANCAIS

Xavier Jan
Xavier Jan, président de la Ligue nationale du cyclisme (photo Bruno Bade/LNC)

Xavier Jan , le président de la LNC, assistait aux Quatre Jours de Dunkerque. Le nouveau patron de la Ligue Nationale du cyclisme prend actuellement le pouls du cyclisme professionnel français, qui a été secoué par le covid. Maintenant que la pandémie semble se tasser, les dirigeants de la Ligue pro travaillent activement pour stabiliser et renforcer un milieu en pleine évolution.

Créée en 1989, la Ligue du cyclisme professionnel français (LCPF) avait pour objet d’assurer la gestion et la coordination de l’ensemble des activités cyclistes à caractère professionnel. Elle a été successivement présidée par Richard Marillier (1989 – 1991), Roger Legeay (1992 – 1999), Yvon Sanquer (2000 – 2002) et Thierry Cazeneuve (2003 – 2007).

Placée sous l’égide de la Fédération Française de Cyclisme (FFC), sa mission première, gérer le cyclisme professionnel français, lui a permis de mettre en œuvre un certain nombre de réalisations importantes, comme la création de la Coupe de France, la lutte contre le dopage ou encore le contrôle juridique et financier des équipes pros.

Xavier Jan succède à Marc Madiot à la LNC

De la LCPF naît ensuite la LNC, qui devient indépendante en 2008 sous la présidence de Marc Madiot. Après trois mandats consécutifs, l’ancien double vainqueur de Paris-Roubaix laisse le fauteuil libre. Xavier Jan lui succède à la tête de la LNC en décembre 2020 au beau milieu des années covid.

Xavier Jan a succédé à Marc Madiot à la présidence de la LNC (photo JMD/Sports 5962)

Aujourd’hui kiné ostéopathe de profession, c’est un ancien coureur pro (1996-2002) sous le maillot de Force Sud, la Française des Jeux et Auber 93. Dès son élection, il a annoncé la nécessité de réformer le cyclisme pro en France confronté à de nouveaux défis.

Par exemple, la prise en compte du cyclisme féminin. Une Coupe de France féminine calquée sur celle de la LNC, mais créée par la FFC, a ainsi vu le jour cette année. » Nous sommes prêts à l’accompagner. Mais il ne faut que cela se fasse au détriment de nos épreuves, qui sont à la recherche d’excellence » explique ainsi ce Breton de 51 ans.

Renforcer la Coupe de France

La LNC organise en effet la Coupe de France FDJ, réservée aux pros masculins. Il y a quelques mois, cet ancien coureur annonçait sur Ouest-France la nécessité de reformer cette Coupe de France pour lui donner plus de notoriété. » C’est un tout. Pour qu’il y ait attractivité, il faut qu’on soit en mesure de diffuser plus de directs, et on y travaille. Il faut être en mesure d’attirer plus d’équipes, de regrouper davantage nos épreuves. Bref, d’être inventif. » Un groupe de travail a été mis en place. On devrait connaître les résultats prochainement.

Au sujet des candidatures de clubs de DN1 à l’accession en division continentale, 3ème division du cyclisme professionnel, Xavier Jan tempère. » Nous recevons ces clubs pour leur expliquer en détail le cahier des charges, leur expliquer ce qui les attend s’ils passent à l’échelon professionnel« . Des clubs de la région comme Dunkerque Littoral ou le CC Nogent/Oise semblent intéressés. Mais la LNC rappelle qu’il existe comme dans les autres sports professionnels une DNACG, un gendarme financier qui étudie de prêt les budgets des équipes. Cette année ainsi, U Nantes Atlantique et Nice Métropole ont obtenu le statut d’équipe continentale, comme Go Sport Roubaix et Saint-Michel Auber 93.

Priorité à la sécurité

En tous cas, Xavier Jan a les idées claires sur la nécessité pour la LNC d’évoluer dans un contexte en pleine évolution: internationalisation de plus en plus forte des coureurs et des courses; conséquences de la crise sanitaire; statut des coureurs et surtout, la sécurité des coureurs. Avec les nouveaux aménagements urbains et les nouvelles techniques (oreillettes, freins à disque…), les courses deviennent de plus en plus dangereuses. Et l’on voit depuis le début de l’année les chutes se multiplier.

Xavier Jan LNC
La chute d’Aniche aux 4 Jours (photo Pierre Willemetz/Sports5962)

Face à ces fins de parcours urbaines compliquées, le Belge Philippe Gilbert propose, au nom des coureurs, que ceux-ci participent au tracé des courses avec les organisateurs. Une idée qui pourrait être reprise par la LNC.

Aider les organisateurs

Pour les organisateurs aussi, il devient de plus en plus difficile d’organiser des courses, vu les contraintes administratives de plus en plus coûteuses en France. Paris-Roubaix Espoirs vient ainsi d’être annulé par manque de signaleurs. Mais aussi et surtout par le coût de plus en plus dissuassif des forces de police et de gendarmerie. Le budget sécurité représentait ainsi 45 000 euros, selon un organisateur de Paris-Roubaix Espoirs !

 » De nouvelles courses se sont créées dans le monde entier. Mais il ne faut pas oublier que l’Europe, et la France en particulier, regroupe 75% des courses du calendrier UCI », rappelle ainsi Xavier Jan.

Bref, il y a du travail pour la LNC, qui est entrée dans l’association des Ligues professionnelles sportives françaises (LFP, LNB, LNR, LFB, LNH, LNV…). La LNC est la seule à représenter un sport individuel. Mais les problématiques sont souvent les mêmes que dans les sports collectifs.

La LNC se trouve face à de nouveaux défis. Une charte précise doit y répondre.  » Nous avons pour le moment travailler dans la discrétion. Mais on connaîtra prochainement le résultat de ces travaux« , promet Xavier Jan le réformiste.

Les structures de la LNC

  • Le conseil d’administration. Il est composé de 18 membres. Xavier Jan est le président. Il a deux vice-présidents: Christian Prudhomme, le directeur du cyclisme à ASO; et Pascal Chanteur, ancien coureur. On y trouve aussi Marc Madiot, vice-président délégué et deux Nordistes: Dominique Serrano, organisateur du Grand Prix de Denain, et Cédric Vasseur, le manager général de Cofidis.
  • Le Bureau exécutif. Il compte 11 membres issus du conseil d’administration. Cédric Vasseur et Dominique Serrano n’en font pas partie.

Les équipes professionnelles françaises

La LNC recense 11 formations professionnelles dans les trois divisions.

  • 3 équipes UCI World Teams: AG2R-Citroën, Cofidis et Groupama-FDJ.
  • 3 équipes pro-teams: B&B Hôtels-KTM, Team Arkéa-Samsic et TotalEnergies.
  • 5 équipes UCI Continentales Teams: Go Sport Roubaix Lille Métropole, Groupama-FDJ Continentale, Nice Métropole Côte d’Azur, Saint-Michel Auber 93 et Team U Nantes Atlantique.

La LNC suit aussi les coureurs pros français qui courent dans 10 formations étrangères comme les Nordistes Florian Sénéchal chez Quick Step/Alpha Vynil, Adrien Petit chez Intermarché Wanty Gobert, Alexys Brunel à l’UAE team Emirates et le Picard Rudy Barbier chez Israël-Premier Tech.

Hugo Hofstetter s’impose à Lanillis (photo Bruno Bade/LNC)

HUGO HOFSTETTER ROI DU TRO BRO LEON

Après les 4 Jours de Dunkerque, Xavier Jan s’est rendu dans sa région d’origine, la Bretagne. Il a suivi le Grand Prix du Morbihan, gagné par Julien Simon (TotalEnergies), puis le Tro Bro Léon. Le « Paris-Roubaix breton » a fourni une belle revanche à Hugo Hofstetter (Arkéa Samsic). Le sprinter a efin levé les bras après avoir accumulé 7 podiums depuis le début de l’année.

 La pluie s’est invitée dans la trente-huitième édition du Tro Bro Leon et a tenu un rôle majeur dans le scénario d’une course nerveuse, exigeant des coureurs de nombreuses qualités: endurance, résistance, chance, lucidité et agilité. A l’issue des 207,8 kilomètres, Hugo Hofstetter s’adjuge la victoire devant Luca Mozzato (B&B Hotels – KTM) et Connor Swift (Team Arkea Samsic).

L’ancien coureur de Cofidis a mis le doigt sur la bouche en franchissant la ligne d’arrivée. Une façon de faire taire les mauvaises langues qui doutaient sur sa faculté à gagner. « Depuis le début de la saison, j’étais certain de mes forces, je savais que c’était une question de temps. L’an dernier mon équipe avait fait la différence en durcissant la course dans le même secteur de la ferme. Cette année, on a suivi le même plan, on savait où on allait. Notre supériorité numérique a fait la différence. Dans la dernière ligne droite, en dépit de mes crampes, je croyais en moi je pense avoir fait le sprint pour gagner. »

Le Tro Bro Léon sélectif avec ses ribinous (photo LNC/Bruno Bade)
A propos de JEAN-MARC DEVRED 1581 Articles
Journaliste professionnel depuis 1980, après des études de journalisme au CUEJ de Strasbourg. Carrière en presse écrite, en radio et surtout en télévision à France3 Nord-Pas-de-Calais.