PEKIN 2022: L’OR POUR GUILLAUME CIZERON ET GABRIELLA PAPADAKIS EN DANSE SUR GLACE

Pékin 2022 Cizeron Papadakis
Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron ont survolé la danse sur glace (photo CNOSF/KMSP)

C’était sans doute la médaille d’or la plus attendue dans le clan français. Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron ont survolé le programme libre de danse sur glace des Jeux de Pékin 2022 pour devenir champions olympiques quatre ans après l’argent obtenu à PyeongChang. Sur l’élégie de Gabriel Fauré, ils ont fait preuve d’une maîtrise technique totale servie par une chorégraphie inspirée leur permettant d’atteindre un total de 136,15 points. Ils battent leur record du monde. 20 ans après, ils succèdent à Marina Anissina et Gwendal Peizerat, les derniers champions olympiques tricolores en patinage artistique.

Mais on sait qu’en patinage artistique, et particulièrement en danse sur glace, les surprises existent et que des entourloupes de jugement ont faussé les résultats dans le passé. Mais cette fois-ci, aucune fausse note. La hiérarchie a été respectée à l’issue d’une compétition de très haute qualité, où tous les candidats au podium ont sorti leur meilleur programme.

Papadakis et Cizeron plus forts que le stress

C’est le cas des Russes Victoria Sinitsina et Nikita Katsalapov, qui mettent la barre haut. Il est 12h28 à Pékin lorsque Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron entrent sur la glace du Capital Indoor Stadium. Ils sont les derniers à s’élancer après avoir déjà battu le record du monde (90,83) lors du programme court deux jours plus tôt.

 » Je n’ai jamais été si stressé de ma vie », confiera après ce programme libre, Guillaume Cizeron au micro de France Télévisions. La tension est immense. Mais le silence est impressionnant quand résonnent les première notes de l’élégie de Gabriel Faure. Les premiers mouvements s’enchaînent avec autant de fluidité que de grâce. Cette chorégraphie puissante, inspirée et le premier porté libèrent les champions et leur entourage. Parmi lesquels leurs deux entraîneurs Romain Haguenauer et Marie-France Dubreuil., qui accompagnent de nombreuses autres couples sur cette compétition.

L’’expression artistique, l’harmonie et la synchronisation de leurs mouvements frôlent la perfection. L’émotion est à son paroxysme. Aucune faute au bout des 4’30 de ce programme envoûtant. Les quelques centaines de spectateurs présents (huis clos oblige) leur offrent une belle ovation. Parmi eux, Martin Fourcade, le directeur de la performance Claude Onesta et aussi Nathalie Péchalat. La présidente de la Fédération française des sports de glace (FFSG), et cheffe de délégation, est à peine arrivée à Pékin après une période d’isolement due au covid.

Gabriella et Guillaume félicités par Nathalie Péchalat (photo CNOSF/KMSP)

Deux record du monde pour Gabriella et Guillaume

L’attente dans la fameuse zone du « kiss and cry » ne va pas durer trop longtemps, après un bref visionnage vidéo sur un porté, qui est validé. Les notes tombent. Le total donne un nouveau record du monde (226, 98 points) pour les Français, qui s’imposent avec plus 6 points d’avance sur leurs suivants ! La victoire est belle et incontestable.

Le classement final confirme celui de la danse rythmique deux jours plus tôt. Gabriella et Guillaume devancent les Russes Victoria Sinitsina et Nikita Katsalapov, médaillés d’argent, et leurs partenaires d’entraînement américains Madison Hubbell et Zachary Donohue. Ils offrent à la France une troisième médaille d’or à Pékin, la onzième au total.

C’est la récompense des huit années passées à Montréal, les dix-sept ans de leur partenariat, les milliers d’heures passées sur la glace. Cette médaille d’or olympique qui succède à tant et tant de titres conquis en France, en Europe et dans le monde., prend une saveur particulière pour les deux Auvergnats. Elle met fin de façon heureuse à quatre années stressantes et compliquées, contrariées notamment par la pandémie.

Papadakis Cizeron
Gabriella et Guillaume avec embrassent leurs entraîneurs (photo CNOSF/KMSP)

Dans le panthéon de la danse sur glace

Avec ce titre de champions olympiques, Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron succèdent au panthéon de la danse sur glace à Isabelle et Paul Duchesnay, à Jayne Torvill et Christopher Dea, et bien sûr, Marina Anissina et Gwendal Peizerat sacrés à Salt Lake City en 2002. Il y a tout juste 20 ans.

 » C’est hallucinant le poids qu’a cette médaille aujourd’hui »

Gabriella Papadakis

Leur réaction devant la presse un peu plus tard montre du soulagement pour les deux champions olympiques. Ainsi, pour Gabriella Papadakis, l’émotion est indescriptible. » Le temps n’existait plus vraiment. Avant de patiner, je n’arrivais pas à croire qu’on n’avait pas encore patiné et qu’on n’avait pas encore gagné. Et après avoir patiné, je n’arrivais pas à croire qu’on avait gagné. Tout se mélangeait. C’est un soulagement d’avoir fait la performance que l’on a faite. D’avoir bien patiné. Cette médaille a beaucoup de poids. C’est un symbole de beaucoup de choses. Le symbole de tout ce qu’on a traversé depuis quatre ans. C’est aussi le poids de tout le travail qu’on a accompli et de toute notre carrière. C’est hallucinant le poids qu’a cette médaille aujourd’hui. Je n’ai jamais été aussi stressée de toute ma vie. Cela représente tellement »

Rendez-vous à Montpellier

Guillaume Cizeron  confirme avec la même émotion les propos de sa partenaire.« C’est comme avoir été dans une machine à laver d’émotions. Il y a eu tellement de petits instants que j’essaie de graver dans ma mémoire. Il y a beaucoup de regards avec nos coaches que j’essaierai de conserver. Cela fait tellement longtemps que j’attendais ça. On savait qu’on en était capables. Cette fois, on voulait que ça arrive. C’est sûr qu’on a une âme de compétiteurs. Cela nous donne l’énergie de nous dépasser. Il y a quatre ans, on n’avait peut-être pas voulu assumer le fait que l’on voulait gagner. Cette fois-ci, nous nous sommes surpassés psychologiquement pour nous donner les moyens de gagner. C’est quand même un gros risque de travailler pendant quatre ans pour un moment qui dure finalement sept minutes. C’est effrayant mais on a réussi. »

La Marseillaise pour Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron (photo CNOSF/KMSP)

Malgré la légitime décompression que va provoquer ce sacre olympique, Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron évolueront en champions olympiques vendredi dans le traditionnel gala de patinage artistique. Et on les retrouvera certainement dans un mois aux championnats du Monde, qui auront lieu en France, à Montpellier.

POLEMIQUE: PAS DE PODIUM POUR VALIEVA

Une affaire agite actuellement le patinage artistique à Pékin 2022. C’est le cas de dopage avéré de Kamila Valieva. La jeune Russe (15 ans) Elle a été contrôlée positive le 25 décembre à la trimétazidine, une substance normalement utilisée pour soigner les angines de poitrine. La Russe a déjà remporté, lundi 7 février, la compétition par équipes dont la cérémonie de remise des médailles avait été repoussée à cause de ce fait de dopage le 25 décembre dernier. Néanmoins, le Tribunal arbitral du Sport (TAS) l’autorise à participer à l’épreuve féminine individuelle, après avoir pris part à la compétition par équipes.

Le CIO réuni en session le 5 février (photo IOC/Greg Martin)

Le Comité international olympique a donc pris une décision surprenante. Les médailles ne seront pas décernées à Pékin pour ces deux épreuves auxquelles Valieva aura participé. Voici le communiqué de la commission exécutive du CIO paru ce lundi 14 février.

 » Le TAS a clairement indiqué que la décision prise par la chambre ad hoc aujourd’hui n’est pas une décision sur la question de savoir si Kamila Valieva a enfreint les règles antidopage. Sa décision s’est limitée à la seule question de savoir si Kamila Valieva pouvait être provisoirement suspendue de la compétition olympique à la suite d’un prélèvement effectué le 25 décembre 2021 et dont l’échantillon A s’est révélé positif.

La gestion du cas après cet échantillon A positif n’est pas encore achevée. Ce n’est qu’à l’issue de la procédure régulière qu’il sera possible de déterminer si Kamila Valieva a enfreint le Code mondial antidopage et si elle doit être sanctionnée.

Cette situation peu concluante a conduit la commission exécutive du CIO à prendre les décisions suivantes, après avoir procédé à des consultations initiales avec les Comités Nationaux Olympiques (CNO) concernés :

  1. Dans un souci d’équité envers tous les athlètes et les CNO concernés, il ne serait pas approprié d’organiser la cérémonie de remise des médailles pour l’épreuve de patinage artistique par équipes pendant les Jeux Olympiques d’hiver de Beijing 2022, car elle inclurait une athlète dont un échantillon A s’est révélé positif d’un côté, mais dont le cas de violation des règles antidopage n’a pas encore été établi de l’autre.
  2. Si Kamila Valieva termine parmi les trois premières concurrentes de l’épreuve individuelle féminine de patinage artistique, aucune cérémonie de remise de bouquets ni aucune cérémonie de remise de médailles n’aura lieu pendant les Jeux Olympiques d’hiver de Beijing 2022.
  3. Le CIO demande à l’Union internationale de patinage (ISU), pour des raisons d’équité, de permettre à une 25e concurrente de participer au programme libre de patinage artistique féminin le 17 février, au cas où Kamila Valieva serait classée dans les 24 premières patineuses du programme court le 15 février.
  4. Le CIO organisera, en consultation avec les athlètes et les CNO concernés, des cérémonies de remise de médailles dans des conditions de dignité, une fois que le cas de Kamila Valieva aura été tranché.« 
Le communiqué vidéo par le porte-parole du CIO, Mark Adams.
A propos de JEAN-MARC DEVRED 1581 Articles
Journaliste professionnel depuis 1980, après des études de journalisme au CUEJ de Strasbourg. Carrière en presse écrite, en radio et surtout en télévision à France3 Nord-Pas-de-Calais.