Vendredi 15 novembre 2023, l’US Dunkerque organise un grand gala de boxe à la salle du Grand Large. Au programme: quelques combats amateurs; mais surtout, trois combats professionnels, dont un championnat de France. Ce sera à guichets fermés car le 7è Art a toujours un public dans la région. Et il y a pas mal de boxeurs de qualité dans la région. Malheureusement, ils ont du mal à se produire vu le marasme de ce sport en France.
Qui connaît Alexandre Coustre et Priscilla Peterlé ? Le premier, licencié à Grand-Fort-Philippe, a brillé en junior et a même été champion de France amateur il y a 11 ans déjà. La seconde, sociétaire du club de Saint-Pol/Mer, est championne de France et d’Europe. Mais même dans le Dunkerquois, le grand public les connaît peu ou pas. Il est vrai qu’il n’y a pas qu’eux dans ce cas. Car la boxe professionnelle en France semble depuis plusieurs années dans le trou.
» C’est très difficile d’organiser des galas de boxe« , confirme la présidente de l’US Dunkerque Ring Cécile Schepens. » Il faut en effet aller chercher des boxeurs étrangers car les Français ne veulent pas s’affronter entre eux. Il y a aussi bien sûr l’aspect financier car cela coûte cher. Et les étrangers demandent des bourses élevées.«
Autre handicap: l’absence de médiatisation. Il n’y a plus de diffuseur télé, à l’exception de Canal + qui suit Tony Yoka. Avec le résultat que l’on connaît… « Il n’y a effectivement plus de télé qui suit la boxe en France, comme à l’époque de Thierry Jacob », explique aussi Cécile Schepens. Son club a déjà organisé cette année un gala de boxe, mais consacré aux amateurs.
Le grand foutoir de la boxe en France
Le manque de visibilité sur la boxe, avec la multiplication des fédérations internationales, et donc des titres, dont on ne connaît pas la réelle valeur, donne l’impression d’un grand bor… qui n’incite pas les media à s’y intéresser. Et ce n’est guère mieux chez les amateurs où la présence de la boxe aux Jeux Olympiques est menacée par le conflit ouvert entre le Comité International Olympique (CIO) et l’International Boxing Association (IBA), aux méthodes peu orthodoxes.
Cette fois, sur les six boxeurs à l’affiche, cinq sont français. Et il y aura donc un championnat de France; celui des lourds-légers, entre le local Alexandre Coustre (29 ans), et le Belfortain David Radeff. Ce dernier, âgé de 42 ans (!), est issu du kick-boxing, discipline dans laquelle il d’ailleurs été champion du monde. Le vétéran Franc-Comtois avait déjà boxé sur le littoral il y a quelques années. C’était face au puncheur de Gravelines Youri Kalenga. Radeff était battu les les deux fois (en 2010 et 2011), par abandon puis par KO technique, par le redoutable Franco-Congolais.
Après une belle carrière amateur, Alexandre Coustre a tenté aussi sa chance chez les professionnels. Mais à ce jour, il ne compte que 7 combats à son actif; tous gagnés, dont 4 par KO. Il est vrai qu’il a stoppé la boxe durant 7 ans, vu l’absence de propositions. « Je ne sais pas si c’est par rapport à mon palmarès », s’interroge le pugiliste de Grand-Fort-Philippe. « J’ai complètement arrêté la boxe durant 7 ans. J’ai voulu reprendre en 2019. Quatre ans après, je fais enfin ce championnat de France. Et j’espère ramener la victoire. »
Priscilla Peterlé, une championne méconnue
Priscilla Peterlé, elle, est déjà championne de France et d’Europe. Licenciée à Saint-Pol/Mer, celle-ci a gagné le titre continental EBU le 8 avril 2022 à Grande-Synthe, après avoir battu la Suédoise Marianne Ahlsborg, chez les super-welters. Un titre tout à fait officiel et reconnu en Europe. Malgré cela, elle a aussi du mal à boxer, et manque de reconnaissance dans un sport très masculin. « Tout le monde ne suit pas la boxe. C’est un sport peu médiatisé, surtout chez les féminines.
Vendredi soir, la Saint-Poloise affrontera l’Espagnole Patricia Martin Cabrera. Sans titre en jeu. « Il y aura toujours de l’enjeu dans chaque combat. Je suis toujours motivée quel que soit le combat. Je me prépare de la même manière. L’objectif, c’est de gagner, et avec la manière. »
Après ce combat de préparation, Priscilla espère disputer un championnat du monde en 2024. Mais pour cela, il faudra sans doute qu’elle l’organise. Car la boxeuse est aussi la présidente du Ring Saint-Polois. « Je l’ai déjà fait quand j’ai gagné le titre européen l’an dernier. J’avais déjà le rôle de présidente. C’était très difficile à combiner les deux rôles. D’autant que j’étais malade. J’ai donc eu un combat très dur. » Pour le prochain gala de boxe, elle compte donc s’entourer des chevilles ouvrières de l’US Dunkerque Ring.
La montée du MMA
La championne d’Europe constate donc, vu sa double casquette, combien le contexte est difficile en France pour pouvoir boxer. « La boxe en France nous donne l’impression de mourir. On est en train de se faire manger par le MMA. Que ce soit chez les hommes ou chez les femmes, on manque de media. » Dommage car hormis Priscilla Peterlé, la région compte d’autres championnes comme la Douaisienne Ségolène Lefebvre, ou la Lilloise Licia Boudersa.
Néanmoins, on sait déjà que la salle du Grand Large fera le plein avec ses 1 000 places. Et qu’il y aura de l’ambiance pour encourager les deux boxeurs du Dunkerquois. En espérant qu’il ne faudra pas encore attendre un an ou deux pour revoir un gala de boxe professionnel.
Programme du Gala de boxe de Dunkerque
Salle du Grand Large à Dunkerque
- 19h: ouverture des portes
- 20h: combats amateurs
- 21h: 1è combat professionnel: Bakary Diabassouba-Lucas Podvin
- 22h: 2è combat pro (féminin): Priscilla Peterlé-Patricia Martin Cabrera (Espagne)
- 23h: championnat de France des lourds-légers: Alexandre Coustre – David Radeff
Voir aussi l’interview de Priscilla Peterlé sur Dailymotion SPORTS 59/62.