A un an des Jeux Olympiques Paris 2024, une note discordante arrive du côté des clubs de canoë-kayak. Ceux-ci se plaignent du manque de moyens pour la préparation de leurs athlètes internationaux. L’ASL Grand Arras, meilleur club français de canoë-kayak en course en ligne depuis de longues années, et le club de Mantes notamment, alertent sur le désengagement financier de la Fédération française depuis 2022. D’où des coûts insurmontables pour les clubs de haut-niveau. A tel point qu’une cagnotte vient d’être lancée pour aider les jeunes rameurs français. Cela fait tâche avant Paris 2024, dans le concert d’autosatisfaction manifesté par les Fédérations et les organisateurs.
La situation n’est pas nouvelle, puisqu’elle a commencé déjà l’an dernier. Mais elle perdure cette année. La Fédération française de canoë-kayak connaît en effet des soucis financiers. De ce fait, elle ne verse plus depuis 2022 les aides aux athlètes de la Relève (cadets, juniors, paracanoé U23). Et l’ASL Grand Arras en compte beaucoup.
Une charge de 22 000 euros pour l’ASL Grand Arras !
C’est ce que le président immercurien Olivier Bayle explique dans une lettre. « Le financement de la Relève est assumé désormais par le club dans une proportion jamais connue … A mi-saison ( fin juin) ce sont 12 000 € que le Club aura payé afin que les athlètes et aussi les cadres du groupe Relève partent en stage , en compétition. La prise en charge de 500 €/athlète pour les derniers Championnats du Monde juniors et U23 ( soit 2000 € pour 4 athlètes ) , pour les Championnats d’ Europe junior et U23 ( idem) , pour les Championnats d’ Europe paracanoë (1000 € pour Gabin Keirel , finalement 6 ème en finale A à 17 ans !) , plus les stages de préparation vont amener à une note finale de près de 22 000 € en 2023 , budget non prévu initialement ! »
Olivier Bayle explique aussi ceci. » Il est hors de question de répercuter ces frais aux athlètes , les familles participent déja dans la vie du club au cours de la saison sportive et il est aussi hors de question que les plus « aisés » accèdent au programme de haut-niveau et pas les couches dites « populaires » !
Il faut savoir aussi que le président de la FFCK, Jean Zoungrana, vient d’être élu en mars dernier à la présidence de l’European Canoe Association (ECA). Et que depuis, selon les rumeurs, il n’est plus trop présent pour la FFCK. Celle-ci vient ainsi de renoncer à envoyer une délégation française aux Olympic Hopes en Pologne. C’est pourtant une compétition de référence, considérée comme les officieux championnats du monde cadets du canoë-kayak en ligne.
Lancement d’une cagnotte pour Poznan
Face à cette situation inédite, un Collectif des Clubs français de canoë-kayak de course en ligne – marathon -paracanoë s’est créé. Olivier Bayle et Patrick Lefoulon, du club de Mantes sont les coordinateurs de ce groupe. Ils viennent ainsi de saisir la ministre des Sports et des Jeux Olympiques, Amélie Oudéa-Castera, pour demander des explications.
C’est pourquoi le Collectif, avec l’ASL canoë-kayak en moteur, vient de lancer une cagnotte pour permettre aux 32 cadets et cadettes (15-16 ans), 8 juniors (17 ans) et 12 encadrants de faire quand même le déplacement à Poznan, théâtre de ces Olympic Hopes.
C’est donc une vraie crise qui existe au sein de la FFCK. A un an maintenant des JO de Paris, cela fait tâche. D’autant que les sélectionnables français, comme Adrien Bart et Loïc Léonard, peuvent seulement se préparer grâce à des contrats de sportifs de Haut-Niveau soutenus par des organismes ou des structures comme l’Armée des Champions.
Des inquiétudes pour Paris 2024
L’équipe de France a fait un zéro pointé, tant en course en ligne qu’en slalom, lors des Jeux Olympiques de Tokyo il y a trois ans. Malheureusement, la situation ne s’est pas améliorée sur le plan sportif. Les premiers résultats internationaux de la mi-saison sont décevants. Il ne reste plus que les championnats du Monde fin août à Duisbourg pour aller cueillir les quotas olympiques.
« Pour l’ ASL canoë-kayak« , conclue Olivier Bayle, « le soutien actif, important et renouvelé des collectivités du territoire ( Ville de Saint-Laurent Blangy , Communauté Urbaine d’ Arras , Département du Pas de Calais , Région des Hauts de France mais aussi de l’ Agence nationale du sport ( dont nous attendons justement les arbitrages d’ attribution pour 2023 ? ) nous permettent de « tenir » et d’ accompagner nos sportifs(ves) de minimes à seniors ; le budget de l’ ASL avec 50 % de financement public est complété par 18 % de financement des adhérents et de 32 % de partenariat et mécénat privés sans qui , là aussi , rien ne serait possible ! Nos modèle économiques sont évidemment « percutés » par cette situation !
Un grand ménage semble s’imposer au sein de la Fédération qui n’a visiblement pas tiré les leçons du fiasco de Tokyo.