Le cyclo-cross de Courtrai 2023 a été remporté par le Belge Eli Iserbyt (Pauwels Sauzen Bingoal) chez les hommes et la Néerlandaise championne du Monde Fem van Empem (Jumbo Visma) chez les Femmes. A deux pas de Lille, le Caps Urban Cross est une course atypique. Un vrai cyclo-cross, organisé cependant en pleine ville comme l’indique son nom. Avec un tracé autour de la Lys canalisée. Dans un pays où cette discipline est une institution, plusieurs milliers de spectateurs profitent du spectacle qui accueille les meilleurs spécialistes mondiaux. Et cela malgré l’entrée payante, ce qui ne rebute jamais les Belges.
Le parcours est long de 2.90 km et le nombre de tours était de 9 pour les Elite Hommes. Le parcours, très roulant, comprend plus ou moins 500 mètres d’asphalte au départ/arrivée, 200m sur le pont du Collège ,150m au quai de Diksmuide; et encore 150m autour de l’ancien hôpital. Le reste du circuit parcoure une prairie au bord de la Lys. 66% du circuit est sur terre avec aussi un bac à sable qui existe depuis des années, et des escaliers au parc. Le départ a lieu au début de la dernière ligne droite; avec une montée vers l’arrivée au sommet du pont. Et du haut du pont, les coureurs aperçoivent le beffroi de la Grand’Place, toute proche.
Sans les trois fantastiques
Le cyclo-cross de Courtrai 2023 fait partie du Badkamers X2° Trofee, qui concurrence directement le très ancien Challenge Superprestige, ainsi que la très officielle Coupe du Monde de l’UCI. Ce circuit privé compte 8 épreuves, toutes en Belgique, dont Courtrai et Coxyde. Sa particularité: le classement général se fait au temps, et non aux points. Ceci oblige donc les inscrits à rouler jusqu’au bout, afin de tenir compte des écarts. Le cyclo-cross de Courtrai constituait la 2è manche du Trophée, après le KoppenbergCross du 1è novembre.
L’an passé, l’Anglais Tom Pidcock s’était brillamment imposé face aux purs spécialistes. Le champion du Monde 2022 en revanche n’était pas là cette année. Pas plus que ses deux grands rivaux Wout van Aert et Mathieu van der Poel, qui entament leur saison de cyclo-cross fin décembre. La grande Marianne Vos, elle, avait gagné l’épreuve féminine l’an passé. Mais elle vient de prendre sa « retraite ».
En l’absence des trois « fantastiques », il fallait donc se rabattre sur les purs spécialistes, qui bataillent déjà depuis le mois de septembre dans les sous-bois et les labours. Avec des noms à consonnance néerlandophone puisque ces meilleurs mondiaux sont Flamands ou Hollandais. Sans oublier la concurrence le lendemain de la Coupe du Monde avec la manche irlandaise à Dublin. Des pointures comme Thibau Nys et Pim Ronhaar ont préféré la verte Erin en ce dernier week-end de novembre.
Un cyclo-cross de Courtrai animé
Le public en tous cas était au rendez-vous. D’autant qu’après trois semaines de pluie, le temps était redevenu sec, avec même des éclaircies par moments. Se promener tout au long de ce circuit bien ramassé, où l’on voit les coureurs passer de loin, comme sur le pont sur la Lys, est un vrai plaisir. D’autant que l’on peut voir la course de tout près, avec de nombreux passages spectaculaires; sans avoir besoin de crapahuter bottes au pied car les routes bitumées entourent ce circuit original.
Le rythme est forcément élevé sur ce parcours roulant. Mais avec néanmoins quelques pièges. C’est ainsi que Michaël van Tourenhout a glissé à un endroit à priori sans difficulté, en pleine ligne droite. La chute n’est pas violente. Néanmoins, le champion d’Europe ne se relève pas, victime apparemment d’une luxation à l’épaule. L’ancien champion d’Europe, Eli Iserbyt tombe également dans le devers, et repart avec un peu de retard.
On assistait à ce moment-là à une superbe bataille à quatre, avec Iserbyt et van Tourenhout, les deux Belges. Mais aussi le champion des Pays-Bas Lars van der Haar, l’ancien. Et le jeune britannique Cameron Mason, la révélation de la saison, désireux de faire de l’ombre à son compatriote Tom Pidcock.
Iserbyt maître chez lui
Finalement, l’enfant du pays Eli Iserbyt (il est né près de Courtrai) sort victorieux de cette magnifique bataille devant le « vieux » Van der Haar (32 ans), et le jeune Mason (23 ans). Un scénario parfait pour le public qui a suivi une course animée dans la bonne odeur des frites, le verre de bière à la main. On est bien en Belgique où le cyclo-cross, comme ici à Courtrai, c’est toujours la fête.
Les seuls Français présents, ce sont quatre Nordistes, venus en voisins. Sans surprise, ils regardent la course de loin et terminent en queue de ce petit peloton d’une trentaine d’unités: Kevin Blampain (Noeux-les-Mines, 25è); François Lemonnier (Barlin, 27è); Benjamin Krawczyk (Barlin, 29è) et Simon Boussemaer (Saint-Martin-les-Tatinghem,30è). Mais ces vrais amateurs affrontaient sur leur terrain quelques-uns des meilleurs spécialistes mondiaux. Une vraie expérience.
Chez les dames, malgré là aussi la concurrence de Dublin, les trois meilleures mondiales étaient au départ de ce cyclo-cross de Courtrai 2023. La championne du Monde Fem van Empel (Pays-Bas) s’impose sans surprise devant ses compatriotes Lucinda Brand et Puck Pieterse. On notera que les Néerlandaises vampirisent le top 5. Dans ce contexte relevé, la jeune Nordiste Adèle Hurteloup (19 ans), qui court dans l’équipe pro « Proximus-Cyclis-Alphamotorhomes CT », prend une honorable 15è place. L’Avesnoise Lucie Adam, encore junior (17 ans) se classe elle 36è.
UGO ANANIE RETROUVE LA FORME
La meilleure performance française est finalement à mettre à l’actif d’un autre Nordiste, Ugo Ananie. L’Arquois termine en effet 5è dans la course Espoirs (U23), après avoir longtemps résisté aux Belges qui trustent les 4 premières places. L’ancien champion de France junior termine à 59 secondes du vainqueur, Arne Baers. Il précède un autre Français, Gabriel Thimoté, de Charleville-Mézières (6è).
« Les parties dans l’herbe sont glissantes », explique ainsi Ugo Ananie. » C’est donc un peu du pilotage. « Mais ce n’est pas un gros chantier où l’on est collé comme les premiers cross de la saison. Cela n’était pas trop mal pour moi. Je suis plus à l’aise sur les circuits comme ici. »
C’est une belle performance pour l’espoir artésien, un moment à la lutte pour le podium. Ananie retrouvait le lendemain le train-train des courses régionales (Marles-les-Mines), nettement moins rapides. Mais il reprenait surtout confiance en vue du prochain championnat régional. A Calais, il partira favori pour le titre en l’absence de Quentin Jaurégui, qui a mis fin à sa saison.
Son principal adversaire sera certainement son jeune équipier de l’ES Arques Hyppolite Loete. Celui-ci termine 26è, derrière des coureurs plus âgés, lui qui sort à peine des rang juniors.
On notera aussi que Ananie vient de signer à Saint-Quentin pour la prochaine saison sur route. Si bien qu’il s’alignera avant au championnat départemental… de l’Aisne.
Voir l’interview intégrale de Ugo Ananie en vidéo sur Dailymotion SPORTS 59/62.