FOOTBALL : LENS ET LILLE FACE A LEUR PREMIER BOXING DAY

Boxing Day Lens et Lille
Les Lensois ont préparé le Boxing Day face au Havre (photo JMD/Sports 5962)

Pour la première fois, le foot français se met à l’heure anglaise en instaurant des rencontres de championnat durant la trève des confiseurs. C’est ce que l’on appelle outre-Manche le « Boxing Day ». Deux journées de Ligue 1 sont ainsi programmées durant cette dernière semaine de l’année. Ce calendrier inédit en France est dû à la Coupe du Monde qui vient de se terminer au Qatar. En principe, l’expérience ne sera pas renouvelée. Mais à Lens comme à Lille, on trouve dans l’ensemble l’idée du Boxing Day intéressante.

Cela fait longtemps en Angleterre que l’on joue le lendemain de Noël, le 26 décembre, jour du Boxing Day qui est un jour férié chez nos voisins. Et qui n’a rien à voir avec le football. Depuis, la tradition s’est perpétuée et s’est même étendue à l’ensemble de la période des fêtes, avec plusieurs journées enchaînées.

A cette occasion, les Anglais se rendent en famille au stade. Des stades qui affichent complet dans une ambiance très festive. Et où on assiste souvent à de belles parties, dignes de la Premier League.

Une vraie innovation pour le football français

En France, plusieurs sports collectifs ont adopté ce principe comme le Top 14 de rugby, ou encore la Ligue nationale de basket-ball qui a instauré depuis plusieurs années le basket de Noël. Mais le football lui est resté loin de cela. La trêve était sacrée, d’autant que la saison reprenait très vite avec généralement les 1/32èmes de finale de la Coupe de France début janvier.

Cette année, les clubs de Ligue 1 et de Ligue 2 jouent une première fois entre Noël et Nouvel An. Puis le 1è ou le 2 janvier. Du jamais vu. Mais certains joueurs apprécient. C’est le cas de l’avant-centre de Lens Florian Sotoca.

L’attaquant lensois Florian Sotoca est totalement favorable au Boxing Day (photo JMD/Sports 5962)

 » C’est vrai que les années précédentes, c’est plus devant la Télévision que l’on passait le Boxing Day« , explique ainsi Sotoca. « Et que l’on regardait jouer les Anglais. Chez eux, cela se passe très très bien. Je ne vois pas pourquoi en France cela se passerait mal. Surtout que les gens viennent en famille au stade. Cela fait du monde au stade ça donne des matches plaisants. »

Une idée à creuser pour les Lensois

Et le Narbonnais de poursuivre.  » Pourquoi ne pas faire perdurer cela en France ? Vous savez, on est des professionnels et nous devons nous adapter à toute circonstance… Après cette longue coupure qui nous a fait du bien, le championnat reprend. C’est vrai que c’est dans une période particulière, puisque d’habitude nous sommes en famille, chacun chez soi pour célébrer ces fêtes. Mais on prend cela avec le sourire. On sait qu’il y a un gros match qui arrive à Nice. On va tout faire pour être bien préparé. Je ne vois pas pourquoi en France cela se passerait mal… »

 » Les diffuseurs et la Ligue doivent se pencher sur les horaires »

Frank Haise, manager du RC Lens

Son entraîneur va dans le même sens. « Je trouve que l’idée est bonne. D’autres l’ont fait avant nous et c’est une idée plutôt sympathique ». Mais Franck Haise met un bémol. « Pour cela, il faut que la Ligue et les diffuseurs se penchent sur une question; celle des horaires. Pour les matches à 15h ou 17h, les scolaires sont en vacances. Mais tout le monde n’est pas en vacances. Le football est un spectacle et tout le monde doit pouvoir se rendre au spectacle. S’il y avait moyen de caser des horaires différents, ce serait mieux pour tout le monde. »

Dans les vestiaires de Lens, l’attention se porte essentiellement sur le déplacement à Nice, première étape de ce Boxing Day inédit.

Franck Haise en conférence de presse a soulevé la question des horaires (photo JMD/Sports5962)

Une première pour Fonseca et Diakité

Cette question du Boxing Day soulève apparemment moins d’enthousiasme à Lille qu’à Lens. Tout simplement parce qu’il y a une part d’inconnue dans cette nouveauté. La question a également été posée lors de la conférence de presse d’avant-match.

Paulo Fonseca, qui s’exprimait pour la première fois en français depuis son arrivée cet été, est resté prudent sur sa réponse. « Ce n’est pas facile de répondre car pour moi, c’est la première fois. Après la Coupe du Monde, nous devons jouer. Cela n’est pas un problème. Nous avons bien travaillé cette semaine pour cela. »

Au LOSC aussi, on pense plus à parler du déplacement à Clermont-Ferrand mercredi soir que du Boxing Day dans son ensemble.

Sur cette question, Bafodé Diakité va d’ailleurs dans le même sens que son entraîneur. « Justement, vu que c’est une première, je n’ai pas grand chose à dire sur le Boxing Day. Mais on va voir ce que cela donne. Quand on regarde les Anglais, on voit que ça se passe bien. Alors, pourquoi pas avec nous ? Mais c’est à voir. »

Sur le Boxing Day anglais, le jeune défenseur lillois avoue cependant ne pas le suivre habituellement. « Je ne le regardais pas spécialement. Car à cette période là, c’est les vacances. On est avec nos proches, on en profite. Mais pas spécialement pour voir des matches. »

Une reprise violente après une longue coupure

Pour les joueurs comme pour les entraîneurs, la vraie nouveauté, c’est cette longue interruption due à la Coupe du Monde. Les équipes ont ainsi fait une seconde longue préparation comme en juin, avant d’entamer un calendrier chargé en janvier. Comment vont-elles démarrer cette deuxième partie de saison après cette longue période sans compétition ?

 » Que ce soient les joueurs ou le staff, ce que l’on aime, c’est avant tout la compétition », confie ainsi Franck Haise. « On ne va donc pas se plaindre de cet enchaînement de matches. Plus il y en aura, mieux ce sera. J’ai un groupe qui a de la qualité et qui permettra à certains de se montrer un peu plus. »

«  On a fait une préparation adéquate en vue de la reprise du championnat« , affirme de son côté Florian Sotoca. « Nous savons que nous avons pas mal de matches en l’espace de quinze jours. La préparation s’est bien passée. On n’a pas eu trop de pépins physiques. C’est cela le plus important. On sait qu’il y a deux matches en trois jours qui arrivent. Mais on l’avait préparé puisque nous avions aussi deux matches amicaux en l’espace de quatre jours. Physiquement, on est bien. On a bien fini en novembre. Nous voulons aussi bien commencer à Nice. Pour les matches suivants, ce sera au coach de faire aussi ses choix pour amener de la fraîcheur. »

« Physiquement, l’équipe est prête », affirme de son côté Paulo Fonseca. « Nous avons bien travaillé durant la préparation. Nous avons joué de bons matches amicaux. » Pour l’entraîneur portugais, le match à Clermont-Ferrand constituera le meilleur des tests.

« Physiquement nous sommes biens, le coach a donné du temps de jeu à tout le monde, pour qu’on soit tous prêts à la reprise » confirme de son côté Bafodé Diakité.

Des joueurs connaissent déjà le Boxing Day

Cependant, tant à Lille qu’à Lens, certains joueurs connaissent déjà le Boxing Day pour avoir évolué dans le championnat anglais. C’est le cas au LOSC pour le jeune britannique Angel Gomes (ex Manchester United); les Portugais José Fonte (Crystal Palace et West Ham) et André Gomes (Everton); et aussi du Français Rémy Cabella (brièvement à Newcastle).

Côté lensois, on relève trois joueurs: Brice Samba (ex-Nottingham Forest), l’Autrichien Kevin Danso (Southampton) et le Franco-Ivoirien Seko Fofana (Manchester City et Fulham). Autant de joueurs qui ne sont donc pas perturbés par le rythme et les contraintes du Boxing Day. Et qui partagent certainement leur expérience avec leurs équipiers sur cette découverte.

Mais à Lille, Lens et l’ensemble des clubs, ce Boxing Day à la française constitue quand même une vraie nouveauté . Une innovation certainement ponctuelle, mais qui engendre dans l’ensemble une vraie excitation tout comme pour les supporters.

16ème journée de Ligue 1. Clermont-Lille, mercredi 28 décembre 19h au stade Gabriel-Montpied. Nice-Lens, jeudi 29 décembre 21h à l’Allianz Riviera.

A propos de JEAN-MARC DEVRED 1549 Articles
Journaliste professionnel depuis 1980, après des études de journalisme au CUEJ de Strasbourg. Carrière en presse écrite, en radio et surtout en télévision à France3 Nord-Pas-de-Calais.