FOOTBALL: OBJECTIF D1 POUR LES FEMININES DU LOSC

LOSC féminin
Les Lilloises à l'entraînement au Stadium de Villeneuve-d'Ascq (photo JMD/Sports5962)

Le championnat de D2 féminine reprend ce premier week-end de septembre pour les joueuses de Lens et du LOSC. Après deux saisons tronquées par le covid, ces footballeuses au statut amateur, mais au fonctionnement professionnel, attendent avec impatience ce nouveau départ. Les féminines du LOSC sont particulièrement ambitieuses. Elles visent la montée en D1 en fin de saison. Mais dans quelles conditions ?

Elles portent le même maillot que les Champions de France. Mais contrairement aux pros et aux équipes de jeunes, elles s’entraînent sur les terrains annexes du Stadium de Villeneuve d’Ascq. Les féminines du LOSC font partie intégrante du club. Mais elles sont quand même à part des pros.

Cette section féminine de haut-niveau a été créée en 2015, avec la fusion-absorption du club féminin de Templemars – Vendeville, alors le meilleur club féminin de la métropole lilloise. Cela permettait au LOSC de se mettre en adéquation avec les directives fédérales, de doter les clubs pros d’une section féminine, à l’image de l’Olympique Lyonnais.

Les féminines du LOSC espèrent un statut professionnel

Le LOSC a ainsi évolué 2 saisons en D1 avant de descendre et végéter en D2, essentiellement à cause de la crise sanitaire. Cette fois, dirigeants et joueuses espèrent que le championnat ira à son terme. Car tout a été organisé pour un retour rapide parmi l’élite, à un moment où le foot féminin sort de l’ombre.

Le président du LOSC féminin Patrick Robert, entourée de l’entraîneure Rachel Saïdi (en blanc), et des joueuses Aurore Paprzycki et Gwenaëlle Devleesschauwer (photo JMD/Sports5962)

Mais si le foot féminin est en plein essor depuis la Coupe du Monde organisée en France en 2019, les retombées financières sont limitées. Le statut professionnel est plus ou moins reconnu en D1. Mais seuls quelques clubs comme Lyon et le PSG possèdent un effectif composée uniquement de joueuses pros. En D2, les clubs ont toujours un statut amateur, même s’ils ont désormais droit qu’à 12 contrats fédéraux.

C’est ce que conteste l’entraîneure (depuis 3 ans), Rachel Saïdi.«  Les conditions de travail sont optimales dans beaucoup de clubs de D2 maintenant. Ceux-ci peuvent proposer des structures comme les nôtres. On voit malgré tout qu’il y a une évolution ».

«  Le football, c’est un travail pour les joueuses. Elles sont là 35 heures par semaine… »

Rachel Saïdi, entraîneure du LOSC féminin

Mais pour Rachel Saïdi, un problème de règlement contrarie cette évolution. » Le football, c’est un travail pour les joueuses. Elles sont là quasiment 35 heures par semaine. Sept jours sur sept pour la plupart. Quand un club a la possibilité de leur proposer quelque chose sur le plan financier, et que le règlement empêche d’avoir plus de cinq contrats fédéraux, on voit qu’il y a une incompatibilité entre les moyens mis en place par les clubs, et les règlements imposés par la fédé… »

Un budget proche d’un million d’euros

Effectivement, dans ce contexte particulier, la section féminine du LOSC semble plutôt bien lotie. Elle dispose d’un budget de presque un million d’euros, ce qui est appréciable en D2. Selon le président de LOSC associations (les sections amateurs), elle a bien réagi à la crise car elle a vu son partenariat privé se développer. Une bonne vingtaine d’entreprises participent au budget des féminines. De plus, et c’est à noter, 50% des filles de l’effectif actuel viennt de la formation du LOSC. D’où la satisfaction raisonnée de Patrick Robert.

Un partenariat régional a également été établi entre le LOSC et les clubs féminins de Calais, Douai et Villeneuve d’Ascq. «  Ce partenariat nous permet d’avoir un visu sur la qualité des joueuses de ces trois clubs et de les voir venir au LOSC », explique Rachel Saïdi.«  Cela nous permettra aussi d’envoyer des joueuses qui ont du mal à franchir l’échelon entre les U19 et les seniors, dans un championnat senior adultes, mais d’un niveau régional. Et de garder un oeil sur l’évolution de ces joueuses là ».

Des échanges entre éducateurs sont également prévus afin que les joueuses des catégories jeunes soient suivies au mieux dans ces clubs, qui peuvent devenir un réservoir pour le LOSC.  » Il y a une volonté de tirer ces trois clubs là vers le haut; de les aider à se structurer, et à rester des clubs régionaux compétitifs. Mais ça nous permet à contrario d’envoyer chez eux des joueuses qui ont besoin d’un peu plus de temps de jeu. Ou alors de récupérer les bons profils ».

Quel terrain ? La question qui fâche…

Si les structures sont bonnes, reste la question qui fâche, celle du terrain pour les matches. Après la fusion avec Templemars, les joueuses du LOSC s’entraînaient et jouaient sur le terrain annexe du Stadium de Villeneuve d’Ascq. Une petite tribune pour les spectateurs a été détruite pour la reconstruire en mieux. Mais le projet n’avance pas. Et les spectateurs doivent se serrer derrière la main courante pour voir les matches. Ces conditions inconfortables n’incitent pas le public à venir.

Les féminines du LOSC ont parfois le privilège de jouer sur le terrain d’honneur de Luchin. Mais pas toujours. Souvent, elles doivent se rabattre sur le terrain municipal de Camphin-en-Pévèle. Notamment quand les conditions météo sont mauvaise car le terrain est synthétique. Bref, les joueuses vivent en nomades entre trois stades.

Au Stadium, les féminines du LOSC jouent sur un terrain dépourvu de tribune (photo JMD/Sports5962)

«  Le problème, c’est qu’il n’y a pas suffisamment de terrains au Domaine de Luchin par rapport aux nombre d’équipes », explique ainsi Patrick Robert. Si les filles du LOSC montent en D1, le problème sera résolu. Elles seront prioritaires pour jouer à Luchin. Car la D1 Arkena est diffusée sur Canal+, et des structures télévisuelles permanentes ont été installées sur le terrain d’honneur. Le Domaine de Luchin bâti par Michel Seydoux est aussi l’endroit où le LOSC a reçu son trophée de champion de France en mai dernier.

Pour la tribune annexe du Stadium, le dossier est toujours aux mains de la Métropole européenne de Lille.

Une préparation bien menée pour les féminines du LOSC

Malgré les incertitudes dues au contexte sanitaire, les joueuses lilloises ont préparé la saison au mieux. La reprise a eu lieu le 19 juillet. Elles ont bénéficié de 7 semaines de préparation avec 5 matches amicaux au programme. Les joueuses de Rachel Saidi ont ainsi pu affronter deux équipes de D1(Paris FC et Dijon), mais aussi les Belges du KKA Gent (Gand), les U19 du Paris FC avant de terminer face au club partenaire de Grand Calais Pascal.

Elles ont également suivi un stage d’oxygénation à Ambleteuse. Et même une séance de cohésion en mode commando. Des initiative appréciées des joueuses. Autre nouveauté: la mise en place de suivis individuels pour chaque joueuse.

Pour cette 3ème saison en D2, le groupe est stable, même si de jeunes joueuses l’ont rejoint. 25 joueuses, dont 3 gardiennes de but, composent l’effectif. Le départ le plus notable est celui de Maud Coutereels. L’emblématique joueuse belge est repartie au Standart de Liège. Elle laisse le capitanat à Gwenaëlle Devleesschauwer. A 27 ans, l’ancienne joueuse du Stade de Reims confie comment elle voit ce rôle cette saison.

Rachel Saïdi attaque sa troisième année à la tête des féminines (photo JMD/Sports5962)

«  Pour moi rien ne change. Que ce soit l’année dernière ou cette saison, j’agis de la même façon, sur le terrain ou en dehors. Après, c’est vrai que notamment, pour intégrer les jeunes comme Pauline (Moitrel, la nouvelle gardienne), j’essaye d’avoir ce rôle afin qu’elle se sente au mieux dans le groupe. Sinon, ma façon de faire reste la même. Mais c’est une grande fierté (d’être capitaine).

Un derby dès le début

Dans cette équipe jeune, une autre joueuse, comme Gaëlle, aura ce rôle de cadre. Aurore Paprzycki (27 ans) veut, comme Gwenaëlle, apporter son expérience  » de par mon vécu et au travers des clubs que j’ai traversé. Mais sur le terrain, il n’y a pas d’âge. Il n’y a pas de statut. Chaque fille a la même valeur et les mêmes objectifs. J’essaye simplement d’apporter mon expérience et mes qualités à l’équipe ».

Rachel Saïdi pense que 6 équipes structurées et ambitieuses peuvent raisonnablement viser la montée. Ce qui annonce un championnat serré et intéressant

Les Lilloises attendent ce début de championnat avec impatience. Le calendrier des premiers matches s’annonce déjà excitant. Elles débutent le 5 septembre à Camphin en recevant la VGA Saint-Maur, avant de se déplacer à Lens la semaine suivante pour un derby très attendu, comme chez les garçons.

Rachel Saidi confirme l’intérêt de ce premier choc. » Lens fait partie des équipes qui ambitionnent de monter, bien entendu… Mais après, cela reste un derby, et donc un match particulier; peu importe l’ambition des deux clubs. Ce sont des matches comme cela que l’on a envie de jouer… »

Le LOSC recevra ensuite Strasbourg le 26 septembre, avant un déplacement à Brest le 3 octobre. Des matches au petit air de Ligue 1, qui donneront certainement le ton de cette saison qu’on espère enfin complète.

ENCADRE. LA JEUNE HISTOIRE DES FEMININES DU LOSC

Si le LOSC est l’un des plus anciens clubs français (du moins dans ses clubs originaires), ce n’est pas le cas pour sa section féminine d’élite. Celle-ci naît officiellement le 23 juillet 2015. Le LOSC évolue directement en D2 en profitant de sa fusion avec le FF Templemars- Vendeville qui évoluait à ce niveau. Les Lilloises terminent 6èmes pour leur toute première saison de l’histoire de la section féminine.

Avec l’arrivée de plusieurs joueuses internationales, le LOSC dirigé par Jérémy Descamps monte la saison suivante, après avoir gagné le titre de D2 2016-2017. Cette première saison en D1 se passe bien puisque le club se maintient confortablement avec une belle 6ème place.

Mais la suivante se passera moins bien. A l’inter-saison Jérémy Descamps, quitte le club. Il est remplacé par l’ancien entraîneur de Wasquehal en Ligue 2 Dominique Carlier. Le parcours aller est raté. Conséquence: Le 8 février 2019, alors que Lille est avant dernier au classement (11e sur 12), D. Carlier est suspendu de ses fonctions. Pour le remplacer, l’ancienne joueuse Rachel Saïdi est choisie. Ce changement d’entraîneur ne permet pas au LOSC de se maintenir en Division 1. Les Lilloises terminent avant-dernières du championnat avec 4 victoires en 22 matchs et retournent en deuxième division deux ans après avoir rejoint l’élite.

Pourtant, quatre jours plus tard, elles disputent la finale de la Coupe de France à Châteauroux. Elles s’inclinent avec les honneurs devant les invincibles lyonnaises emmenées par la Lilloise Amandine Henry.

Depuis, elles évoluent en 2ème division avec Rachel Saïdi restée aux commandes de l’équipe.

A propos de JEAN-MARC DEVRED 1581 Articles
Journaliste professionnel depuis 1980, après des études de journalisme au CUEJ de Strasbourg. Carrière en presse écrite, en radio et surtout en télévision à France3 Nord-Pas-de-Calais.