JEUX OLYMPIQUES : PAS DE DECISION POUR LA PARTICIPATION DES RUSSES ET BIELORUSSES A PARIS 2024

CIO Ukraine
Le comité exécutif du CIO en réunion ce mardi à Lausanne (photo Greg Martin/CIO)

La commission exécutive du Comité international olympique (CIO) se réunit durant trois jours à Lausanne, avec un gros dossier ce mardi: la solidarité avec l’Ukraine, ainsi que les sanctions à l’encontre de la Russie et du Bélarus, et du statut des athlètes de ces pays. La principale décision est en fait une absence de décision. Le CIO préfère attendre pour autoriser les athlètes russes et biélorusses à participer aux prochains Jeux Olympiques d’Eté à Paris (2024) et Milan-Cortina d’Ampezzo (2026).

Le « gouvernement » du CIO a donc choisi de jouer la montre face aux conséquences sportives de la guerre en Ukraine. Une vive polémique est apparue à la fin de l’année dernière quand le comité olympique a évoqué la participation sous conditions des athlètes des deux pays agresseurs. Une proposition qui a soulevé une réaction très violente du président ukrainien, menaçant de boycott ces prochains Jeux.

Ce mardi, le CIO a ainsi donné l’impression de vouloir calmer la polémique, en différant toute décision pour Paris et Milan. Mais sans vraiment renoncer à ce projet. Un long communiqué est sorti avant la conférence de presse durant laquelle Thomas Bach et le directeur des Sports Kit McDonnell ont été un peu malmenés par les questions des journalistes présents en visioconférence.

La balle dans le camp des Fédérations

Les membres de la commission exécutive du CIO ont réaffirmé aujourd’hui l’engagement ferme et résolu du Mouvement olympique à aider, sans réserve, les athlètes ukrainiens afin de voir une délégation ukrainienne forte aux Jeux Olympiques de Paris 2024 et aux Jeux Olympiques d’hiver de Milano Cortina 2026. Le CIO a ainsi triplé le montant de son fonds de solidarité pour le CNO d’Ukraine, le portant à 7,5 millions de dollars américains.

Pour le moment, le CIO laisse aux Fédérations sportives le choix d’accueillir ou d’exclure les athlètes russes ou biélorusses de leur compétition internationales. Pour cela, la commission exécutive se base sur le Droit international, en évoquant l’interdiction de toute discrimination envers les athlètes. « Elle prend acte de la Charte olympique et reconnaît que toute forme de discrimination est incompatible avec l’appartenance au Mouvement olympique. Cette résolution a été adoptée par consensus par tous les États membres des Nations Unies, y compris les gouvernements d’Ukraine, de Russie et du Bélarus« , peut-on ainsi lire dans le communiqué de presse officiel.

Au passage, Thomas Bach cite le cas de certains sports comme le tennis ou le cyclisme où la participation de concurrents ukrainiens, russes ou biélorusses ne pose pas de problème. Le CIO, soucieux de rester sur le socle juridique, évoque ainsi les avis de deux institutions internationales importantes.

Sur recommandation des Nations Unies

« Des arrêts de la Cour de justice de l’Union européenne ont confirmé que des sanctions ne pouvaient être imposées au seul motif qu’une personne possédait le passeport d’un certain pays ni sur la base d’une simple affiliation. » Cela c’est pour l’Europe.

Et pour l’ONU, le CIO cite les recommandations de deux expertes mandatées par les Nations Unies, le 23 février dernier. « Les expertes des Nations Unies ont salué aujourd’hui la volonté du Comité International Olympique d’envisager l’admission d’athlètes individuels de Russie et du Bélarus à des compétitions sportives internationales en tant qu’athlètes neutres. Nous exhortons le CIO à adopter une décision dans ce sens, et à aller plus loin, en garantissant la non-discrimination de tout(e) athlète sur la base de sa nationalité.”

Une participation sous conditions

En s’appuyant sur ces avis externes au mouvement sportif, le suggère donc aux Fédérations les 6 points suivants.

  1. Les athlètes possédant un passeport russe ou bélarussien ne peuvent concourir qu’en tant qu’athlètes individuels neutres.
  2. La participation d’équipes dont les athlètes sont munis d’un passeport russe ou bélarussien ne peut être envisagée.
  3. Les athlètes qui soutiennent activement la guerre ne peuvent pas concourir. Le personnel d’encadrement qui soutient activement la guerre ne peut pas être inscrit aux compétitions.
  4. Les athlètes qui sont sous contrat avec l’armée russe ou bélarussienne ou avec des agences de sécurité nationales ne peuvent pas concourir. Le personnel d’encadrement qui est sous contrat avec l’armée russe ou bélarussienne ou avec des agences de sécurité nationales ne peut pas être inscrit aux compétitions.
  5. Tous les athlètes individuels neutres, à l’instar des autres concurrents en lice, doivent satisfaire à toutes les exigences en matière de lutte contre le dopage qui leur sont applicables et, plus particulièrement, à celles énoncées dans les règles antidopage des FI.
  6. Les sanctions prises à l’encontre de ceux qui sont responsables de la guerre – les États et gouvernements russes et bélarussiens – doivent rester en place. C’est-à-dire que les hymnes et drapeaux russes et biélorusses sont interdits. Aucune compétition internationale ne peut non plus avoir lieu dans ces deux pays. Et aucun représentant des gouvernements russe et biélorusses ne peuvent assister à ces compétition.

Le grand flou pour Paris 2024

Le Directeur des Sports du CIO précise également lors de cette conférence de presse que les athlètes russes et biélorusses ne doivent avoir jamais soutenu la guerre en Ukraine, que ce soit en réunion ou sur les réseaux sociaux.

CIO Ukraine
Thomas a semblé peu à l’aise face aux media (photo Greg Martin/CIO)

La commission exécutive du CIO confirme que « ces recommandations ne concernaient pas la participation d’athlètes et de personnel d’encadrement au bénéfice d’un passeport russe ou bélarussien aux Jeux Olympiques de Paris 2024 ni aux Jeux Olympiques d’hiver de Milano Cortina 2026. Le CIO prendra une décision à cet égard en temps voulu, à sa seule discrétion et sans être lié par les résultats des épreuves de qualification olympique précédentes. »

L’organisation olympique tranchera « au moment approprié, à son entière discrétion, et sans être liée par les résultats de compétitions qualificatives pour les JO », a annoncé Thomas Bach.

On peut penser que le CIO espère une évolution favorable du conflit en Ukraine pour autoriser les athlètes des deux Etats agresseurs à participer aux prochains JO. Mais pour Paris 2024, le temps presse désormais… Et on sent le grand embarras des dirigeants du mouvement olympique face à cette situation qui dépasse largement le monde sportif.

Cette annonce a en tous cas soulevé déjà une vive réaction en Allemagne.

A propos de JEAN-MARC DEVRED 1581 Articles
Journaliste professionnel depuis 1980, après des études de journalisme au CUEJ de Strasbourg. Carrière en presse écrite, en radio et surtout en télévision à France3 Nord-Pas-de-Calais.

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