La Dunkerquoise Manon Deketer décroche la médaille de bronze des moins de 63 kilos aux championnats du Monde de judo à Tachkent, en Ouzbékistan. A 24 ans, la combattante nordiste amène la 2ème médaille à la délégation tricolore, pour ses premiers Mondiaux. Elle assurait ici l’intérim de Clarisse Agbegnenou, championne olympique et cinq fois championne du Monde. Entraînée par la Dechynoise Séverine Vandenhende, Manon Deketer rejoint le club des championnes « made in Nord-Pas-de-Calais ».
Le public a découvert Manon Deketer à l’occasion de ces championnats du Monde lointains. La judokate nordiste est peu connue. Pour une bonne et simple raison: elle figure dans la catégorie archi-dominée depuis plusieurs années par Clarisse Agbégnénou. Avec un titre olympique à Tokyo et cinq titres mondiaux, celle-ci est certainement la meilleure judokate française, et peut-être même mondiale.
Pas évident dans ce contexte de briller. D’autant qu’avant ces Mondiaux de judo, Manon Deketer ne pointait qu’à la 18ème place du classement mondial. Mais en l’absence de Clarisse, devenue maman cet été, la Dunkerquoise a eu sa chance pour ces Mondiaux. Et elle a su la saisir à Tachkent. Alors qu’elle avait échoué dès le premier tour aux championnats d’Europe en Bulgarie.
Une occasion à saisir pour Manon Deketer
Elle fait d’abord un parcours sans faute en tableau. Elle bat d’abord l’Ouzbèke Isokova par ippon au bout de 1’15 minute. Puis la Néerlandaise Sanne Vermeer, 3ème aux derniers Mondiaux; puis la Roumaine Florentina Ivanescu en 1/4 de finale. Déception en revanche en demi-finale où elle échoue devant la Canadienne Catherine Beauchemin-Pinard, n°3 mondiale, qu’elle avait pourtant battu deux fois auparavant.
Heureusement, Manon a su se remobiliser pour les repêchages. Face à elle, la redoutable Polonaise Angelika Szymanska, double finaliste des championnats d’Europe des -23 ans (dont l’or l’an passé) et sur les podiums des Grands Chelems de Paris 2021 et 2022 et encore en finale de celui de Budapest en juillet dernier.
La Française, coachée par une autre Nordiste, l’ancienne championne du Monde Séverine Vandenhende , lançait parfaitement son combat après trente secondes sur o-uchi-gari (grand fauchage intérieur). Waza-ari ! Mais la Polonaise, sur son tomoe-nage (la fameuse planchette japonaise) notamment, pouvait marquer à tout moment.
Après des podiums significatifs en Grands Chelems à Paris, Tel Aviv et Tbilissi, elle maîtrisait les deux dernières minutes à la garde et contrait Szymanska sur le gong. Avantage non comptabilisé mais le temps à zéro l’envoyait vers cette très belle médaille de bronze.
La Dunkerquoise de 24 ans pouvait confier sa joie au micro de la Chaîne l’Equipe. » Honnêtement j’y croyais. Je savais que je pouvais battre les meilleures. Malheureusement en demi-finale je commets une petite boulette qui me coûte la finale. Mais je savais que je pouvais aller chercher une médaille. Et là franchement, ça fait du bien.«
Sur les traces de Morgane Ribout
Manon Deketer est désormais médaillée mondiale seniors après un titre de championne de France il y a un an. Un coup de maître en vue de Paris 2024 si Clarisse Agbegnenou décidait de monter en -70kg. Ce qui laisserait la voie libre en -63kg. « Elle se dévalorisait un peu alors qu’aujourd’hui elle prend clairement conscience de ce qu’elle est capable de faire», estimait sa coach Séverine Vandenhende. «Ca va lui faire du bien. Sur le papier, chez les filles, c’était celle qui semblait la moins armée mais elle a démontré qu’elle était capable de battre les meilleures.»
La Dunkerquoise est actuellement licenciée à l’ES Blanc-Mesnil. Comme tous les judokas de haut-niveau, elle s’entraîne tous les jours à l’INSEP à Vincennes. Pour tous les internationaux, l’appartenance à un club francilien constitue presque une obligation. Sportive complète, Manon a également brillé dans d’autres sports comme la natation, le basket, le handball et même, le char à voile. Mais c’est en Vendée que Manon Deketer a découvert le judo.
Elle marche aujourd’hui sur les traces des nombreuses championnes nordistes qui ont collectionné les titres et les médailles européens, mondiaux et olympiques. On pense ici aux Valenciennoises Natalino Lupino, et Cécile Nowak, à la Bailleuloise Martine Dupond, et la Dechynoise Séverine Vandenhende notamment. La dernière en date, c’est la Lilloise Morgane Ribout, championne du Monde en 2009 dans la même catégorie. Manon Deketer comble donc un vide de 13 années depuis le titre de la Lilloise.
Le Nord-Pas-de-Calais a donc retrouvé une nouvelle championne qu’on suivra de près jusqu’à Paris 2024 on l’espère.