LE RATAGE DU MOIS. LE MATCH DE RUGBY FEMININ FRANCE-ANGLETERRE ARRETE PAR … UNE PANNE D’ECLAIRAGE !

France-Angleterre en rugby féminin: l’évènement, réel sur le plan sportif, était passé quelque peu inaperçu dans ce week-end du 1è mai très chargé en actualité. La France, 4è nation mondiale en rugby féminin, recevait la numéro 1, l’Angleterre, au Stadium de Villeneuve d’Ascq. C’était une revanche de la finale du Tournoi des VI Nations jouée quelques jours plus tôt, et remportée par les Anglaises.

Le duel sur la pelouse du Stadium était acharné. Les Françaises semblaient capables de remonter leur faible retard (15-17) quand est survenue… une panne d’éclairage ! Les deux pylônes placés du côté de la tribune d’honneur ont disjoncté alors qu’il restait 18 minutes à jouer.

Surprises, les joueuses sont restées quelques minutes sur la pelouse. Mais la lumière ne revenant pas, elles sont rentrées au vestiaire, dans l’attente d’une réparation. Dans les vestiaires vont commencer des tractations entre les deux délégations, et les techniciens du vieux stade de la Métropole européenne de Lille (MEL).

Des Anglaises peu pressées de reprendre

Durant un bon quart d’heure, les staffs discutent. Les Françaises souhaitent reprendre après un échauffement de dix minutes. Les Anglaises non, en prétextant un risque de blessure dans cette soirée fraîche.

Les joueuses ont discuté sur la reprise du match (photo Jean-Marc Devred)

Mais comme le courant ne revient pas, l’arbitre Clara Munarini, décide d’arrêter définitivement la rencontre après vingt minutes de discussions. Comme plus de une heure de jeu a pu avoir lieu, le résultat (15-17) est entériné en faveur des Anglaises qui conservent ainsi leur première place au classement mondial.

« Là c’est dur à encaisser. Je pense que le match était à notre portée.« 

Gaëlle Hermet, capitaine de l’équipe de France

D’où la frustration des joueuses tricolores, qui pensaient bien tenir leur revanche après leur défaite dans le Tournoi des Six Nations face à ces mêmes adversaires.

La conférence de presse et les interviews prévues en visioconférence, sont également annulées dans la foulée, preuve d’une vraie confusion face à cet évènement inattendu. Pas très sérieux pour un France-Angleterre, choc au sommet du rugby féminin.

La Fédération demande des comptes

Peu après minuit, le service de presse de la Fédération française de rugby (FFR), publie un communiqué dans lequel elle met clairement en cause les services techniques de la MEL. On peut ainsi lire :

« La Fédération Française de Rugby (FFR) est dans l’attente des explications de l’exploitant
du stade, responsable de la continuité d’exploitation des installations et équipements
techniques de l’enceinte.
La FFR regrette l’issue inattendue de ce match et tient à préciser que cet incident n’a en
aucun cas remis en cause la sécurité des équipes et de l’ensemble de l’organisation.
Les règles de jeu de World Rugby prévoient, à leur article 5.10, que « l’arbitre a le pouvoir
d’arrêter la partie à tout moment s’il considère qu’il serait dangereux de continuer ». C’est
pourquoi, après avoir constaté que le système d’éclairage sportif du stade n’était redevenu
fonctionnel qu’au bout de vingt minutes d’interruption du match, l’arbitre, Madame Clara
Munarini, a pris la décision d’arrêter la rencontre au moment où la panne de l’éclairage est
survenue.
« 

L’entraîneur de l’équipe de France Samuel Cherouk a suivi le match en tribune (photo Jean-Marc Devred)

Dont acte. Ironie du sort, c’est au moment où les cars des joueuses ont quitté le stade que l’éclairage a été rétabli…

Une frustration légitime

La frustration du camp français se comprend. Les Bleues semblaient tout à fait capables de faire tomber leurs meilleures ennemies. En 1è mi-temps, elles ont pris deux fois l’avantage, grâce à des essais de Maëlle Filopon à la 9è minute, et Jessy Tremoulière à la 33è. Avant d’être rejointes puis dépassées grâce à deux percées monumentales de l’ailière Abby Dow aux 14è et 37è minutes.

Durant dix minutes, la formation tricolore a dû jouer à quatorze, suite au carton jaune donné à Julie Annery après une échauffourée entre joueuses. Avec le retour en jeu de sa 3è ligne, le XV de France féminin semblait capable de remonter ses 2 petits points de retard. Mais la panne d’électricité s’est produite à ce moment-là, au grand dam de la joueuse lilloise Romane Ménager, qui sortait pour blessure, et de Gaëlle Hermet.

« Là c’est dur à encaisser. Je pense que le match était à notre portée. On avait vraiment à coeur d’aller chercher quelque chose ici, » a réagi la capitaine et troisième ligne du XV de France Gaëlle Hermet féminin, au micro de France 4, diffuseur de ce « crunch » féminin.

C’est donc dans la plus grande confusion que s’est terminée ce France-Angleterre en rugby féminin. Le XV de la rose reste invaincue face à la France. Sur le tapis vert…

Cette fin de match pour des raisons techniques porte aussi un vrai discrédit pour l’exploitant du Stadium et son propriétaire, la Métropole européenne de Lille. La question de la vétusté des installations se pose pour cet équipement inauguré le 27 juin 1976 avec les championnats de France d’athlétisme.

Un équipement vieillissant ?

Mais même si ce stade d’athlétisme n’a plus de club de haut-niveau résidant, depuis le départ du LOSC pour le stade Pierre-Mauroy, le Stadium de la MEL connaît une utilisation intense. Les féminines du LOSC; l’Olympique marcquois rugby qui évolue en Fédérale 1; le LMRCV dans le Top 16 féminin et le Lille Métropole Athlétisme sont des occupants permanents à l’entraînement comme en compétition.

Des évènements ont lieu régulièrement comme le match France-Ecosse comptant pour le Tournoi des VI Nations féminin. Jouée devant un public conquis le 22 février 2019, cette rencontre avait laissé un grand souvenir aux spectateurs et observateurs présents ce soir là. Gabrielle Vernier, alors licenciée au Lille métropole rugby club villeneuvois (LMRCV), avait fourni une formidable prestation en marquant trois essais devant son public.

La petite 3/4 centre de l’équipe de France n’a pas connu la même réussite vendredi dans ce stade qu’elle connaît bien.

La piste d’athlétisme et la tribune présidentielle du Stadium de Villeneuve-d’Ascq

De plus, l’équipement tourne à plein en semaine avec 2000 utilisateurs sur les différents terrains du complexe qui accueille 205 rencontres sportives chaque année. Mais la crise sanitaire a bien sûr engendré une longue période d’inactivité préjudiciable aux équipements.

S’il reste avant tout un stade d’athlétisme, le Stadium a son avenir tourné vers le rugby. Souvent, l’OMR et le LMRCV couplent leurs rencontres le dimanche, dès que le calendrier le permet. Mais à moyen terme (d’ici 3 ans), les nombreux amateurs de rugby espèrent voir l’Olympique Marcquois accéder à la ProD2.

Le vieux stade villeneuvois constituerait ainsi l’écrin parfait pour accueillir ce championnat professionnel situé juste en-dessous du Top 14. Ce que le Lille Métropole rugby a failli réussir, avant de disparaître, victime de problèmes budgétaires.

L’affiche n’a pas tenu toutes ses promesses…

Les amateurs de rugby, un peu frustrés par cet épilogue inédit, se sont donnés rendez-vous à la mi-juin. La Métropole européenne de Lille accueillera en effet le Top 14. Mais cette fois, ce ne sera pas au Stadium, mais au stade Pierre-Mauroy, situé un kilomètre plus loin…

LA FICHE DU MATCH

Vendredi 30 avril 2021 à Villeneuve d’Ascq (Le Stadium), Angleterre bat France 17-15 (mi-temps : 14-12)
Match arrêté à 62ème minute

Arbitre : Clara Munarini (Ita)

France : 2 essais Filopon (9), Trémoulière (33), 1 transformation Trémoulière (10), 1 pénalité Trémoulière (43)

Angleterre : 2 essais Dow (14, 36), 2 transformations Harrison (15), Scarratt (37), 1 pénalité Harrison (46)

Carton jaune : Harrison (32) pour l’Angleterre, Annery (50) pour la France

FRANCE : Trémoulière – Boujard, Filopon, Vernier, Pignot – (o) Peyronnet (Imart, 54), (m) Bourdon – R. Ménager (Diallo, 62), Hermet, Annery – N’Diaye, Fall – Bernadou (Joyeux, 51), Sochat, Deshaye.

ANGLETERRE : Kildunne – Breach, Scarratt, McKenna, Dow – (o) Harrison, (m) Riley (MacDonald, 62) – Hunter (cap), Fleetwood, P. Cleall (Beckett, 62)  – Millar-Mills, Aldcroft – Brown (B. Cleall, 54), Cokayne, Cornborough (Botterman,  54)

A propos de JEAN-MARC DEVRED 1581 Articles
Journaliste professionnel depuis 1980, après des études de journalisme au CUEJ de Strasbourg. Carrière en presse écrite, en radio et surtout en télévision à France3 Nord-Pas-de-Calais.

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