Le public était de retour à Lille et Lens, en ce week-end de l’Assomption. Cétait presque historique pour les supporters du LOSC et du RC Lens. Les stades Pierre-Mauroy à Villeneuve-d’Ascq et Bollaert-Delelis à Lens accueillaient pour la première fois depuis de long mois le public sans jauge maximum. Cela depuis le début de la crise sanitaire, soit un an et demi. Mais une restriction majeure était appliquée: l’obligation de présenter un pass sanitaire à l’entrée. Cette nouveauté a forcément demandé des adaptations. Elle n’a en tous cas pas découragé les supporters des deux camps qui se sont livrés un duel à distance.
Le public lillois a ouvert le feu samedi après-midi. On attendait 25 000 spectateurs pour cette vraie reprise, bien plus intéressante que les trois rencontres à 5000 spectateurs jouées en début de saison dernière.
Pour éviter les files d’attente, le LOSC , vainqueur du Trophée des Champions, a ouvert les portes 1h30 avant le coup d’envoi prévu à 17h. Les sociétés de sécurité ont fait appel à du renfort pour contrôler les pass et les billets à l’entrée du stade Pierre-Mauroy. Des étudiants et des intérimaires sans formation véritable procèdent à ces contrôles qui vont bien se passer.
Du renfort pour les contrôles au LOSC
Pour les spectateurs qui n’avaient pas un pass sanitaire en règle ou un test covid négatif, des secouristes étaient présents pour pratiquer des tests sur place. Sur le parvis, les buvettes ont retrouvé leurs clients, ravis de pouvoir boire une chope ou manger un morceau en extérieur, comme avant. Un certain air de légèreté flottait en cet après-midi ensoleillé.
Les tribunes mettront quand même du temps à se remplir. L’ambiance viendra comme prévu de la tribune sud. Le kop se trouve là; avec les DVE (Dogues Virage Ouest), le principal club lillois de supporters. Ceux-ci applaudissent vivement à l’arrivée des joueurs pour l’échauffement. Ils acclament Burak Yilmaz, qui se prend au jeu et joue les ambianceurs.
Dans la tribune d’en face, les Go Rijsel Spirit sont moins nombreux. Mais ils arborent une grande banderole en l’honneur de Christophe Galtier. On peut lire: » du maintien au titre, merci Galette« . Des applaudissements chaleureux accueillent l’ancien coach lillois , lors de la composition des équipes. L’ambiance est bon enfant, sans être exceptionnelle. 30 000 spectateurs dans un stade de 50 000, cela fait un peu creux quand même. Sans doute l’effet des vacances, et du pass sanitaire obligatoire.
Alors que les chants sont lancés, les DVE prennent deux douches froides, avec les buts de Dolberg (1è) et Boudaoui (5è). Nice mène 2 à 0 après quelques minutes de jeu. Mais le kop, stoïque, va constamment soutenir ses troupes. Même en fin de mi-temps quand Léo Jardim encaisse un penalty de Gouiri durant les arrêts de jeu.
Les dogues en déroute malgré le soutien du public
La débacle lilloise se poursuit en 2ème période. Pourtant, les supporters du kop ne se découragent pas. Quelques sifflets descendent quand même des tribunes pour la sortie de Yazici. Le Turc a raté son match à un poste qui n’est pas le sien. Mais aucun dogue n’a vraiment surnagé lors de ce naufrage.
Autre bordée de sifflets: lorsque les Niçois marquent un 5ème but, qui sera heureusement annulé après consultation de la VAR.
Ce qui aurait dû être une fête se transforme en retrouvailles gâchées. Les spectateurs ne traîneront pas longtemps sur le parvis, à la fin de la rencontre. Ils avaient déjà la gueule de bois après cette raclée. Mais beaucoup étaient déjà hereux d’avoir retrouvé le chemin du stade Pierre-Mauroy.
Changement de décor le lendemain à Lens, où l’on attendait un retour en force du public comme à Lille. Si le stade Pierre-Mauroy était teinté de rouge, le stade Bollaert-Delelis lui éclatait de couleurs sang et or. Cela faisait si longtemps que les spectateurs n’avaient pas rempli le vieux stade lensois pour un match de Ligue 1. Dix ans, deux mois et 25 jours exactement.
On a retouvé le Bollaert d’avant
35 541 spectateurs s’étaient déplacés pour ce match contre l’AS Saint-Etienne, un club ami aux racines très proches de celles du RC Lens. Malgré cette forte affluence, les contrôles vont également bien se passer. Là aussi, les sociétés de sécurité ont renforcé leurs effectifs. De plus, le match amical contre Udinese une semaine auparavant a servi de répétition générale avant ce retour en force du public.
Après un an et demi de huis clos ou de jauge limitée, les supporters lensois avaient hâte de retrouver leur équipe, là encore par un bel après-midi d’été. Les joueurs arrivés ces derniers mois vont découvrir l’ambiance folle de Bollaert. Comme avant. Les ultras déploient ainsi un tifo géant juste avant le coup d’envoi. Il couvre presque toute la tribune Xercés-Marek.
Malgré le but rapidement encaissé par Leca, les chants et la rumeur constante qu’on entend jusqu’en ville vont entraîner les mêmes émotions, et les mêmes vibrations qu’on pensait avoir oublié. Sur le terrain, le match est intense. Dans les tribunes, il y a la même intensité, comme l’ont constaté les joueurs des deux équipes.
Même s’ils sont menés deux fois, les Lensois sont constamment soutenus par leur public fervent dans les quatre tribunes. Mais c’est bien la Marek, l’une des quatre tribunes debout autorisées en France, qui vibre le plus. Le public applaudit chaleureusement chaque changement de joueur lensois.
Le plein d’émotions
Ce soutien constant et festif se conclue logiquement par un tour d’honneur. Même si les joueurs lensois auraient voulu arracher la victoire pour ce retour devant les leurs.
Dans ce duel à distance, le RC Lens l’emporte sur le LOSC. Pour le résultat sportif (un déroute 0-4 pour l’un contre un match nul courageux face à une belle équipe verte). Mais aussi sur l’ambiance, nettement plus chargée de frissons et d’émotions à Lens. Comme lors de la reprise du match après le repos, avec les corons. Le public a été plus fervent à Lens qu’à Lille.
Cette ambiance presque unique en France (n’oublions pas quand même Marseille et Saint-Etienne) a logiquement été louée par les joueurs et entraîneurs lors de la conférence de presse d’après-match. Ainsi, le défenseur stéphanois originaire d’Avion Thimotée Kolodziejczak ne s’est pas montré étonné de cet accueil de Bollaert, qu’il connaît bien. » C’est toujours très fort de voir ces supporters ambiancer. De voir aussi les jeunes joueurs de Sainté découvrir cette ambiance et dire: « mais c’est comme au chaudron ici. » Ce sont deux clubs similaires qui partagent les mêmes valeurs. C’est toujours un plaisir de revenir ici. »
Une réaction unanime des acteurs
Constat confirmé par son entraîneur Claude Puel. » Quand on joue devant un tel public, comme nous au Chaudron, c’est quelques chose d’extraordinaire… ça donne des frissons. Ca amplifie les efforts quand les joueurs sont cuits, quand ils n’en peuvent plus. »
Côté lensois, la réaction est la même. Pour Jonathan Gradit, arrivé la saison passée, « on a vécu un grand moment. On aurait bien sûr aimé donner à nos supporters une victoire. Ca ne c’est pas fait. On s’est mis une balle dans le pied en prenant un but très rapidement. C’est dommage, mais c’est vraiment bien de vivre ces émotions. On en avait perdu l’habitude. C’est vraiment bien de vivre ces moments là avec son public ».
» Ce stade est beau quand il est vide. Il est magnifique quand il est rempli... »
Franck Haise, entraîneur de Lens
Et Franck Haise de conclure: » c’était une journée particulière pour les joueurs, pour tout le club. Et de se retrouver en ligue 1 avec du monde, c’était une journée particulière pour tous nos fans… Ce stade est beau quand il est plein. Il est magnifique quand il est rempli. Surtout quand il est tout en sang et or. »
A Lens encore plus qu’à Lille, le retour du public en masse a été apprécié. Un retour on l’espère définitif vers le monde d’avant, quand les gens pouvaient se rassembler autour d’un évènement sportif à grande échelle.