SERIE OLYMPIQUE LES CH’TIS A TOKYO 13ème EPISODE MOURAD ALIEV (BOXE)

Portrait Mourad Aliev Ronchin
Mourade Aliev Facebook

Une vingtaine de sportifs natifs du Nord-Pas-de-Calais ou assimilés sont sélectionnés pour les Jeux Olympiques de Tokyo (23 juillet au 8 août). Dans cette série olympique, nous vous présentons un par par un nos « ch’tis à Tokyo ». 13ème volet: le boxeur de Ronchin venu de Russie Mourad Aliev.

Mourad Aliev a redonné le sourire à la délégation française à Tokyo après l’élimination de ses deux premiers boxeurs au premier tour. Le Nordiste d’adoption, classé tête de série, entrait directement en 1/8ème de finale. Il s’est imposé sans souffrir face au modeste Tadjik Soukhourov, qu’il a largement battu aux points.

A la sortie de son combat victorieux contre le Tadjik, Mourad Aliev est resté très concentré au micro de France TV.  » Nous allons préparer le prochain match contre l’Anglais Clarke. C’est un adversaire que je connais bien ». Il s’est déclaré bien dans ce tournoi, malgré l’absence de public. » Ce sont mes premiers Jeux et je n’ai pas connu des Jeux normaux. ça ne me gêne donc pas. De toutes façons, je ne suis pas venu ici pour profiter du village ou autres. Je suis là pour gagner ».

Né à Moscou mais originaire du Caucase, Mourad Aliev est fils d’un boxeur azeri. Il arrive en France dès l’âge de six ans avec sa famille, qui demande l’asile politique. Scolarisé à Ronchin, il fréquente l’école Guy Mollet (puis le collège Gernez-Rieux) et se met rapidement à la boxe, dans les pas de son père, qui l’entraîne dur.

Venu de Russie en camion…

Mais en réalité, ses parents et lui ne sont pas des réfugiés politiques, comme on a pu le lire. Ce qu’il explique sur le site de l’équipe de France Olympique. «  Non, pas du tout. La vraie raison est qu’ils voulaient trouver une vie meilleure comme tous les étrangers qui viennent en France. Parce que là-bas, en Russie, ce n’est pas la même vie. Mes parents ont fait la demande mais elle ne leur pas été accordée. Il manquait des éléments mais ils ont finalement obtenu un asile normal pour regroupement familial. « 

 » C’est une période de ma vie que je préfère oublier. Ma vie en fait, elle commence après tout ça« 

Mourad Aliev

Ses parents s’installent ainsi à Ronchin. Mourad raconte:  » on est venus comme tous les étrangers : en camion ! C’est rare d’arriver en avion comme des touristes. Moi, je ne m’en rappelle pas. C’est assez flou. J’avais 5-6 ans. C’est une période que je préfère oublier. Ma vie, en fait, elle commence après tout ça. Je suis un fils d’immigré et je ne peux que réussir dans la vie. »

Mourad et sa famille vont parfaitement s’intégrer dans le Nord, malgré les difficultés dues à ce bouleversement de vie.

portrait mourad aliev
Mourad Aliev après le TQO victorieux

Volontaire, sérieux, Mourad gravit les échelons et rejoint l’Institut National du Sport et de l’Education Physique (INSEP), à Paris. Il obtient la nationalité française à 18 ans, grâce notamment à l’appui du maire de Ronchin et de son adjointe chargée de la lutte contre les discriminations. Il obtient rapidement de bons résultats sous le drapeau tricolore.

Bloqué par la pandémie

Ce colosse de 2,01 mètres, pour 96 kilos explose au plus haut niveau en obtenant la médaille d’argent aux Jeux Européens à l’été 2019. Il combat dans la catégorie reine des super poids-lourds. Une catégorie dans laquelle le Français Tony Yoka s’était imposé aux JO de Rio en 2016.

Le Ronchinois d’adoption espérait se qualifier l’an passé. Mais le tournoi de qualification olympique (TQO) de Londres a été interrompu par la pandémie. Et les Jeux de Tokyo reportés à 2021. Il a fallu s’adapter durant cette période délicate. » Quand il y a eu le confinement je me suis entraîné dans ma chambre comme je le fais depuis que je suis tout petit. C’est du shadow boxing, du crossfit, de la leçon. J’ai travaillé avec mon père, ça m’a fait du bien. J’ai fait de la muscu, de la boxe. Tout ce qu’il fallait. Quand je suis revenu en équipe de France, j’étais en forme. J’ai même pris un peu de muscle.« 

Il a ainsi, grâce à cet entraînement à la maison, maintenu sa condition physique. Mourad Aliev a validé ensuite son billet pour Tokyo lors du TQO européen organisé au Grand Dôme de Villebon-sur-Yvette, en région parisienne, début juin.

Mourad Aliev à une victoire du podium à Tokyo

Il est aujourd’hui licencié au club Légion de Nice. Fan de Wladimir Klitschko, le boxeur l’ayant inspiré dans sa jeunesse, le super-lourd français aimerait lui aussi accrocher une médaille d’or olympique à son palmarès. Mourad
est doté d’une grande résistance au mal et possède une grande capacité d’adaptation à l’adversaire.C’est ce qu’il a fait face à Siyovush Zukhurox, originaire lui aussi du Caucase.

En 1/4 de finale, Mourad Aliev affrontera dimanche à Tokyo un adversaire qu’il connaît bien: le Britannique Frazer Carke. Il avait battu cet Anglais aux points en finale du TQO. Une victoire et c’est le podium assuré car il n’y a pas de match pour la 3ème place en boxe aux JO.

Mais comme il l’a annoncé, le Nordiste vise l’or. Il espère succéder à Tony Yoka, même si cet héritage est lourd. D’autant que ces deux boxeurs ont des personnalités très différentes. Aliev, c’est un peu l’anti Yoka

A propos de JEAN-MARC DEVRED 1609 Articles
Journaliste professionnel depuis 1980, après des études de journalisme au CUEJ de Strasbourg. Carrière en presse écrite, en radio et surtout en télévision à France3 Nord-Pas-de-Calais.

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