La 55ème course en solitaire du Figaro a lieu du 17 août au 15 septembre, avec un grand départ donné du Havre ce dimanche 25 août. Au programme de cette grande classique de la course au large: 3 étapes entre Rouen, Gijon, Royan et La Turballe. Soit un total de 1 860 milles nautiques. 37 skippers sont engagés dans cette Solitaire du Figaro 2024; dont deux Nordistes d’origine: le bizuth lillois Jacques Delcroix (30 ans), et le Catésien Anthony Quentin (43 ans), dont ce sera la 2ème participation.
Rouen reçoit pour la première fois le départ de la Solitaire du Figaro. Le village de la course a été inauguré samedi 17 août, quelques jours après la clôture des Jeux Olympiques. Et depuis, des milliers de visiteurs affluent sur les quais de la capitale normande pour voir les 37 bateaux engagés, plus les 8 du Défi Paprec qui accompagne l’épreuve. Un défi auquel participe le Dunkerquois Arthur Meurisse, vainqueur cet été du Tour Voile.
La Solitaire du Figaro a en effet retrouvé sa date primitive de fin d’été, après une expérience peu convaincante de plusieurs années fixée au mois de juin. Depuis, cette course qui a révélé tous les grands noms de la course au large en solo, a retrouvé toute sa popularité auprès du grand public.
Le parcours atypique de Anthony Quentin
La Solitaire du Figaro constitue aussi la manche principale du circuit Figaro Beneteau, et le support du championnat de France de course au large. Tous les concurrents s’affrontent donc sur le même type de voilier, ce qui facilite la visibilité et la compréhension de la course. Comme le Tour de France cycliste, le classement général se fait au temps, sur le cumul des trois étapes. Trois étapes qui durent entre trois et quatre jours.
Chez les Nordistes, Anthony Quentin dispute ainsi la Solitaire du Figaro pour la 2ème fois. Il la découvrait l’an dernier comme bizuth et se classait 28è pour sa première. Ce Girondin d’adoption est en fait originaire du Nord puisqu’il est né il y a 43 ans au Cateau-Cambrésis. « Toute ma famille est originaire du Nord », nous explique t’il au téléphone depuis Rouen. « Ma mère habite toujours près de Maubeuge et l’autre partie de la famille à Caudry. Moi, je suis parti à l’âge de 4 ans en Corrèze où mon père a été muté. Et c’est là que j’ai découvert la voile.«
En Corrèze forcément, pas question de course au large ni de grands bateaux. C’est en dériveur qu’il a fait ses débuts à l’âge de 8 ans sur laser. Compétiteur à 9 ans, il est ensuite entré au pôle France de La Rochelle pour courir en Formule 28. Amateur éclairé, il s’est ensuite consacré à la compétition entre 18 à 25 ans, jusqu’en 2004, avant de faire une (longue) pause pour des raisons professionnelles. Durant 16 ans, il sera d’abord directeur de la communication dans un groupe immobilier, avant de créer une entreprise dans les web media.
L’influence des pros
« J’avais déjà prévu à l’époque de revenir à la voile à l’âge de 40 ans en tant que professionnel. » Ce qu’il a fait en 2020. Il se lance dans le circuit Figaro Beneteau et reprend le voilier de Yann Eliés, l’actuel directeur du Tour de France à la Voile. « En plus de la location du bateau, j’ai pu bénéficier de ses conseils éclairés.«
Le monocoque porte donc le nom de son sponsor, JPS Contrôle, une entreprise de contrôle du bâtiment basée à Paris, Rouen et Bordeaux. Cette collaboration a débouché en 2023 sur une 28è place à la Solo Maître Coq. Et la même place sur sa première Solitaire du Figaro.
» Cela m’a permis de me qualifier directement pour l’édition 2024. » Une édition qu’il a préparé en disputant notamment la Gascogne 45.5 à La Rochelle, son port d’attache (9è) puis au Tour de l’Ile de Ré. « Cette année, je vise une place entre la 20è et la 30è. La 20è constituerait une très bonne performance.«
Ensuite, place à la Class40. Avec l’appui de ses partenaires, il va en effet se lancer dans un nouveau projet, toujours en solo. Et avec deux objectifs principaux: la Transat Jacques Vabre l’an prochain; puis la Route du Rhum en 2026. Il va finaliser ce projet et chercher un bateau, qui sera probablement loué.
Jacques Delcroix le nouveau bizuth
Second de ces skippers Nordistes, Jacques Delcroix lui prendra le départ cette année de sa première Solitaire du Figaro. Son parcours est très différent de celui de Anthony Quentin. Né à Lille de parents nordistes, il a passé toute son enfance et son adolescence dans la capitale du Nord. A18 ans, il part à Toulouse pour faire des études d’ingénieur en aéronautique.
« J’ai découvert la voile durant mon enfance, quand je passais mes vacances chez mon grand-père en Loire-Atlantique. Il possédait un petit dériveur. Puis à l’âge de 12 ans, je me suis mis à pratiquer la croisière avec l’association Jeunesse et Marine« , avant de devenir moniteur de voile dans le Golfe du Morbihan. Et durant ses études, il commence à faire de la régate. Ce qui le conduira à passer de l’aéronautique à l’architecture navale en fin de cursus.
En 2018, il arrive dans le team Actual de Yves Le Blévec et Anthony Marchand comme ingénieur naval. Et depuis, il vit à Lorient, comme Thomas Ruyant. Puis il passe de l’autre côté de la barrière en défendant les couleurs d’Actual dans la classe 6.50 en 2022-2023. Il se classe ainsi 6è de la dernière Mini-Transat. Après deux saisons en classe 6.50, il franchit l’échelon supérieur.
Une année d’apprentissage
Epaulé par le Dunkerquois Antoine Dannes comme préparateur, le bizuth lillois se consacre désormais à la course au large depuis le début de l’année. « C’est clairement une année de découverte pour moi. Les premières courses ont été difficiles. J’ai commis pas mal d’erreurs et terminé souvent en fonds de classement. Ce n’est pas satisfaisant comme résultat. Mais j’ai ainsi beaucoup appris« , confesse le Nordiste.
Cependant, Jacques Delcroix se fixe le même objectif que Anthony Quentin: une place entre 20 et 30. « Le niveau en Figaro Beneteau est en effet extrêmement relevé. Ensuite, j’espère faire une seconde année sur ce circuit avec un projet mieux cadré. » Avec à terme la Route du Rhum, la course qui le fait rêver.
Les deux Nordistes engagés dans la Solitaire du Figaro 2024 ont donc des points communs, malgré deux parcours totalement différents.
55ème Course en Solitaire du Figaro. Départ dimanche 25 août (15h) en Baie de Seine.