Dimanche 29 octobre, le navigateur lillois Pierre Le Roy , prendra le départ de sa première Transat JV (Jacques Vabre) à bord de l’IMOCA « Monnoyeur – Duo for a Job » skippé par le Breton Benjamin Ferré. Le vainqueur de la Mini Transat 2021 dans la catégorie des prototypes, est devenu skipper professionnel. Il a laissé ainsi tomber son métier de prévisionniste à Météo France à Villeneuve-d’Ascq. Mais il dirige aussi l’équipe technique de Benjamin Ferré engagé lui sur un projet Vendée Globe 2024 – 2025. Le tour du Monde en solitaire, sans escale et sans assistance est justement l’objectif du Nordiste. Il espère bien s’y présenter en 2028, en passant par la Route du Rhum 2026, en IMOCA, la classe vedette de la Course en Large.
Le Havre, Jean-Marc Devred
La Transat Jacques Vabre célèbre cette année ses 30 ans. Le village de la célèbre course normande, appelée aussi Route du Café, a ouvert ses portes vendredi sur les Docks Vauban, dans le port du Havre. Mais contrairement aux années précédentes, le temps était épouvantable ce samedi avec une pluie incessante et un vent violent. Dans leur voilier « Monnoyeur Duo for a Job« , Benjamin Ferré et Pierre Le Roy attendent à l’abri le passage des speakers de la Transat JV. La traditionnelle présentation des skippers a en effet lieu cette année sur les bateaux et les pontons. Leur passage est prévu à 17h42. Il n’aura jamais lieu. Vu la tempête et le peu de public, les organisateurs préfèrent annuler la présentation des IMOCA et la reporter à jeudi, après le briefing.
Trois casquettes avec le team Ferré
Cette sage décision fait l’affaire des marins qui, pour la plupart, repartent chez eux. Pierre Le Roy lui a déménagé en décembre dernier. Le Nordiste a laissé tomber son métier à Météo-France à Lille pour se consacrer totalement à la voile et s’installer à Lorient. Près du Dunkerquois Thomas Ruyant.
» C’est l’occasion idéale pour découvrir la classe IMOCA avec Benjamin »
Pierre Le Roy
Mais en Bretagne, il travaille désormais pour le Malouin Benjamin Ferré, qui prépare le prochain Vendée Globe. « Depuis le début de l’année, je travaille à plein temps avec Benjamin. J’ai désormais plusieurs casquettes: celle de co-skipper. Celle aussi de « boat captain ». Mais aussi la casquette de manager de l’équipe technique. J’ai l’occasion idéale de découvrir la classe IMOCA avec Benjamin. »
Les deux hommes se sont connus sur la Mini Transat. « Comme beaucoup de marins », explique-t’il. « Nous avons fait la saison 2018-2019 ensemble. Tous les deux, nous avons disputé la Mini Transat 2019 sur le même modèle de bateau. Et depuis nous avons gardé contact. J’étais déjà aux côtés de Benjamin l’année dernière pour l’aider dans sa préparation météo. Et il m’a proposé ce rôle. Je l’accompagnerai donc l’année prochaine comme boat captain sur le prochain Vendée Globe. »
Pierre Le Roy, qui a tout gagné dans la classe 6.50, à commencer par la Mini-Transat 2021, passe ainsi dans la classe supérieure de la Course au Large.
Un duo de copains
Benjamin Ferré explique en quoi le rôle de Pierre Le Roy est intéressant et un peu innovant dans son projet. « En tant que captain boat, Pierre a une connaissance parfaite du bateau. Il me connaît bien aussi comme marin. Quand je me retrouverai seul en course, il saura comment je réagis et donc comment gérer un problème en mer. »
L’amitié qui lie les deux hommes assure aussi, selon le skipper malouin, une parfaite entente en course. « On nous a demandé une fois comment on gérait les conflits« , explique ainsi en souriant Benjamin. « Et nous n’avons pas su trop répondre car cette situation ne s’est jamais produite…On navigue tous les deux de la même façon. Nous sommes assez sociables dans notre vie de terriens. Et taiseux dans notre vie de marins. Donc ça se passe bien en mer. »
C’est pourquoi les deux hommes ont un mode de fonctionnement précis en double. « Benjamin connaît parfaitement son bateau et comment le manoeuvrer. Je l’aide plutôt dans les manoeuvres et c’est lui qui dirige. Par contre sur la stratégie, j’apporte plus de grain à moudre vu mon expérience à Météo France. Sur les détails de la météo, c’est là que je participe le plus. »
Trois courses de préparation
Effectivement, les deux hommes ont déjà eu l’occasion de courir trois fois ensemble sur l’ancien bateau de François Gabart, vainqueur du Vendée en Globe en 2017. Puis repris avec succès par Paul Meilhat sur la Route du Rhum 2019, et enfin Clarisse Cremer sur le dernier Vendée Globe. « La Guyader Bermudes 1000 Race, notre première compétition s’est très bien déroulée. Nous avons été en tête les premières heures. J’avais quelques appréhensions qui se sont dissipées assez rapidement. Dans des conditions parfois difficiles, nous n’avons eu aucun problème sur le bateau et nous finissons en tête des voiliers à dérives. »
En juillet, c’était la Rolex Fastnet Race, disputée dans une météo difficile, et avec un super plateau en IMOCA. « Elle a été très instructive car toute la concurrence était présente sur la ligne de départ à Cowes et car le début de course a été agité avec du vent fort, de la mer et du près. C’est, tout de même, assez technique d’enchaîner les virements de bord dans le Solent. Au final, nous terminons, à nouveau, en tête des voiliers de notre génération. »
La dernière course, le Défi Azimut à Lorient, se passe un peu moins bien avec quelques soucis techniques. Néanmoins, « Monnoyeur » se classe quand même 2è voilier à dérives. Ce voilier en tous cas est solide et rapide. Pierre Le Roy définit simplement l’objectif sportif. « D’abord il faut finir la course. C’est toujours important. Et prendre du plaisir. Mais aussi bien utiliser le bateau à 100% sur une belle trace. Si on fait cela, on devrait être dans les premiers bateaux à dérives. Mais la priorité, c’est toujours de bien faire pour arriver de l’autre côté avec l’impression d’avoir été bons, et d’être satisfaits de notre parcours.«
Le Vendée Globe 2028 en point de mire
Pas d’objectif chiffré donc, en terme de classement. Néanmoins, on peut penser que Pierre Le Roy espère terminer sa première Transat JV avec les meilleurs monocoque à dérives. L’ancienne génération IMOCA déjà.
Le Vendée Globe 2028 constituera ensuite l’objectif de Pierre comme projet personnel. Il espère bien, après cette première expérience auprès de Benjamin Ferré, disputer la course mythique avec son propre bateau en 2028. Avec avant la Route du Rhum 2026. « C’est un rève de gosse qui se réalise. Etre sur ces bateaux-là et participer à ces courses mythiques, c’est incroyable. » C’est pourquoi dans cette Transat JV, Pierre Le Roy est à la recherche de partenaires pour participer au Vendée Globe 2028-2029.
Le palmarès de Pierre Le Roy
2017 : Pornichet Select 13/45 ; Mini en Mai 16/52 ; Trophée Map 16/34
2018 : Lorient PLM 12/41 ; Pornichet Select 7/60 ; Mini en Mai 5/48 ; Les Sables – Les Açores – Les Sables 6/38
2019 : Pornichet Select 4/60 ; Mini en Mai 3/64 ; Mini Gascogna 6/48 ; Mini-Transat 5/65
2021 : 5 podiums dont deux victoires, victoire sur la Mini Transat Eurochef 2021 en proto.
Aucun abandon en Mini
5ème du championnat de France de course au large 2018
Champion de France de Course au Large en Solitaire 2021 (Mini 6.50 Proto)
2022 : Vainqueur Mini en Mai, Vainqueur SAS, et record absolu des 24h en Mini650
2023 : premier voilier IMOCA à dérives sur Guyader Bermudes 1000 Race et Rolex Fastnet Race
Voir aussi l’interview de Benjamin Ferré sur Dailymotion SPORTS 59/62