Le Paris Beach Pro Tour 2022 a débuté jeudi sur les courts de Roland-Garros. Un décor inhabituel pour ce sport estival de plage. La compétition a commencé en douceur sur deux courts où le sable recouvre la terre battue. Et dans un stade de tennis en pleins travaux Mais les organisateurs espèrent attirer du public ce week-end pour les phases finales.
On était loin des plages de Malibu, Acapulco, ou même de la Côte d’Azur pour les premiers matches du Paris Beach Pro 2022 organisé en France. La grisaille puis la pluie à Paris fin septembre; le pari était osé. D’autant que les matches se jouent sur deux courts. Le central Philippe-Chatrier, heureusement couvert. Mais aussi le n°6, totalement exposé. Et même sous la « drache », contrairement aux tennismen, les volleyeurs jouent. Il fallait du courage car il faisait également frais. Cela rappelait un peu Roland-Garros 2020 joué en octobre dans une ambiance automnale.
La paire française frôle l’exploit
Et pourtant, il y avait quand même un peu d’ambiance, créée par les scolaires, invités lors de cette première journée du Paris Beach Pro 2022. L’équipe masculine française engagée l’après-midi devait jouer sur le court n°6. Par chance, Youssef Krou et Arnaud Gauthier-Rat ont été » rapatriés » sur le central pour le premier tour face aux Qatariens Cherif Younousse et Ahmed Tuan. Un vrai obstacle puisque ce duo, déjà médaillé de bronze aux JO de Tokyo, est actuellement classé 2ème mondial.
Face aux n°2 mondiaux, et dans une ambiance comme savent le créer les enfants, les Français sont passés tout près de l’exploit. Ils gagnent en effet le premier set 23-21 et mènent 19-18 dans le second. Mais les Qataris resserrent leur block et arrachent la manche sur le même score.
Les deux équipes vont donc se départager au tie-break. Une 3ème manche que Younousse-Tuan dominent, avant de rater une première balle de match. Les Français remontent et vont obtenir deux balles de match qu’ils ne parviennent pas à concrétiser, après un rallye énorme. Finalement, les Qataris, plus rompus au haut-niveau, concluent victorieusement le match en gagnant ce tie-break 18-16.
A l’issue de la rencontre, Arnaud Gauthier-Rat était bien sûr frustré du résultat. » On fait ce qu’il faut. On met le block qui aurait pu être gagnant à la fin. Nous allons les chercher, on revient en deux sets. Le scénario parfait… Mais les Qataris ont montré qu’ils étaient bien parmi les meilleurs du monde. Malgré tout, c’est incroyable de jouer dans cette atmosphère. On est quand même contents de ce que l’on a fait. »
Les frères Ayé out
Au passage, Arnaud Gauthier-Rat glisse une pique aux organisateurs qui les avaient d’abord placé sur le court n°2. » Je vous avoue que quand j’ai vu cela, je l’ai pris comme une injustice. On a fait les meilleurs résultats en France depuis 4 ans d’abord avec Quincy Ayé, et maintenant avec Youssef. Mais on a très peu de reconnaissance aujourd’hui. Du fait qu’en plus, on nous fasse passer par les qualifications alors qu’on devait être directement dans le tableau; qu’on y arrive et qu’on nous relègue sur le terrain 2… Je suis à la maison quand même ! Finalement je suis satisfait qu’on ait pu négocier de jouer sur le central… »
La veille en effet Gauthier-Rat et Krou avaient dû gagner deux matches pour accéder au top 16, et sortir des qualifications. Le premier, c’était contre les frères Quincy et Calvin Ayé. Le duo dunkerquois a donné du fil à retordre aux Franciliens. » C’est dur parce qu’on se connaît par coeur. Il y a une tension particulière, un enjeu particulier du fait qu’on est tête de série. Là on tombe sur des partenaires d’entraînement qui nous connaissent par coeur. Je suis content qu’on soit sortis de ce match qui a été plus dur que le suivant. Et c’est de bon augure pour la suite. »
Calvin et Quincy Ayé, champions de France cet été, s’inclinent en effet en deux sets 15-21, 25-27 face à l’autre duo français sur le sable de la Porte de Pantin. Ils n’auront pas eu l’occasion de jouer dans le cadre prestigieux de Roland-Garros. Arnaud Gauthier-Rat et Youssef Krou eux se qualifient ensuite plus facilement contre la paire sud-américaine Vierge-Sarabie (21-16, 21-14).
Le beau côté de l’automne
Le soleil était heureusement de retour pour la session de fin de journée. Le court n°2 avait retrouvé du public et une jolie lumière d’automne pour le début de la soirée. Avec le départ des enfants, les tribunes du court Chatrier en revanche se vident progressivement. Et le speaker aura du mal à chauffer l’ambiance malgré la musique rock balancée entre chaque point.
Nul doute que cette ambiance va monter ce week-end après cette journée inaugurale et totalement inédite dans un stade Roland-Garros qui poursuit sa rénovation. Cet automne, le royaume du tennis sera devenu l’espace de quelques jours le temple du beach volley.
800 TONNES DE SABLE POUR PARIS-PLAGE D’AUTOMNE
Lancé il y a quelques mois par RnK, société événementielle spécialisée dans les événements sportifs, le projet est donc devenu aujourd’hui une réalité. « Après deux mois de préparation, deux mois planification, c’est parti, se réjouit David Donnelly, président et cofondateur de RnK, organisatrice du Paris Beach Pro Tour. » Tout le monde semble content et les athlètes ont des yeux d’enfant quand ils découvrent le site. L’effet Roland Garros est assez extraordinaire. Je suis vraiment très très content. Nous voulions apporter quelque chose de supplémentaire à ce sport et ça passait par le lieu. Nous avions la volonté d’avoir un effet wahou. Nous avons rencontré la Fédération de tennis qui souhaitait ouvrir son stade au-delà des trois semaines des Internationaux de tennis, les dimensions collaient et nous voilà aujourd’hui avec notre bac à sable sur ce central Philippe-Chatrier.«
La terre battue est protégée. Dessus trois courts, il y a une épaisseur de sable de 40 cm. Ce qui représente 250 tonnes de sable par court, soit près de 800 tonnes au total. » Nous sommes dans la dynamique des Jeux olympiques et paralympiques dans deux ans. Je suis certain que le beach qui se jouera sur le Champ de Mars sera un sport majeur car c’est hyper spectaculaire. Notre but est vraiment d’installer ce rendez-vous et de le faire durer au-delà de Paris 2024. »