SERIE OLYMPIQUE: LES CHTIS A TOKYO EPISODE 1 ALBANE DUBOIS (VOILE)

portrait Albane Dubois
Albane Dubois et Lili Sebesi

17 représentants ou natifs du Nord-Pas-de-Calais sont sélectionnés pour les Jeux Olympiques de Tokyo (23 juillet au 8 aoùt). Dans cette série olympique, nous vous présentons un par par un nos « chtis à Tokyo » Aujourd’hui, portrait de la navigatrice de Gravelines Albane Dubois.

C’est à Dunkerque, le dimanche 4 juillet, que nous avons eu l’occasion de rencontrer Albane Dubois. A quelques jours de son départ pour Tokyo, la sélectionnée en voile olympique est venue se ressourcer quelques jours dans sa région. Elle a ainsi été invitée sur le podium du Tour Voile 2021, avant de participer le lendemain à une rencontre avec les licenciés du CGVLS de Gravelines, club dont elle fait toujours partie, malgré son « exil » à Marseille.

Une Lilloise licenciée à Gravelines

Dans l’interview qu’elle nous a accordée au pied du podium, Albane nous a rappelé ses racines nordistes, toujours très profondes.  » Je suis originaire de Lille (NDLR: Albane est née exactement le 1è avril 1992 à Roubaix). Depuis mes 11 ans, j‘ai commencé à naviguer au club de Bray-Dunes, et maintenant je suis licenciée au club de Gravelines, où je viens faire des navigations quand je suis dans le coin. Et faire aussi des interventions auprès des jeunes. J’ai commencé à naviguer au club comme stagiaire, puis comme monitrice ». Elle découvre ainsi la voile aux côtés de Jean-Marc Coppey, responsable formation de l’école de voile des Dunes de Flandres.

Albane Dubois sur le podium du Tour Voile à Dunkerque le 4 juillet (photo JMD)

Parallèlement, Albane mène des études en kinésithérapie. Elle obtient le diplôme à l’ISEK de Bruxelles à l’âge de 22 ans. En 2014, jeune diplômée, elle rencontre un kiné de le FFV à l ‘Ecole Nationale de voile à Saint Pierre de Quiberon.  » J’ai eu l’opportunité d’intégrer le pôle France de voile de Marseille pour un projet de haut-niveau en 49er FX ».l Séduite par ce bateau, elle accepte de se lancer dans une préparation olympique. Elle quitte Lille pour Marseille. Mais Nordiste dans l’âme, elle conserve sa licence au GGVLS de Gravelines, aux cotés d’Anabelle Sala, sa Présidente, qui la suivra dans son parcours d’athlète de Haut Niveau.

 » Ce n’est pas moi qui ait choisit le 49er FX, c’est lui qui m’a choisi ! »

Albane Dubois, sélectionnée olympique en 49er FX

Au sein du Pôle France de Marseille, la Lilloise bénéficie d’un encadrement technique et humain de très haut niveau. Equipière sur le 49er FX, un dériveur très rapide réservé aux féminines, elle s’associe en mars 2016 à Lili Sebessi, barreuse de l’équipage. Une belle union pour ce projet olympique.

 » Ce n’est pas moi qui ai choisi le 49er FX, c’est lui qui m’a choisi« , dit en souriant Albane Dubois. » Il y a eu une opportunité. Une place d’équipière s’est libérée et une barreuse (Lili) cherchait une équipière sur ce support. Comme j’avais le gabarit et que j’étais motivée, je me suis dit: pourquoi pas ? C’est comme cela que je suis arrivée sur ce support. C’aurait été un autre bateau, je pense que je faisais pareil. Il faut saisir les opportunités dans la vie ».

Un confinement actif pour Albane Dubois

Les deux jeunes femmes vont conquérir leur sélection après cinq années d’entraînement et de compétition. » Il n’y a qu’une place par pays. Et encore, il faut d’abord qualifier et ensuite sélectionner l’équipage« . Albane évoque ainsi le quota olympique obtenu lors du Mondial 2020, disputé juste avant le confinement, en février. » Nous avons terminé 4èmes. C’était un super-résultat. Mais après, nous sommes rentrées en France et nous avons été confinées. Nous nous sommes alors entraînées différemment. J’ai installé une salle de sport dans mon garage pour continuer à m’entraîner. J’ai fait de la visualisation mentale. On a travaillé les règles de course. Nous avons travaillé d’autres choses que nous travaillions moins d’habitude. « 

Une fois levé l’état d’urgence sanitaire, les athlètes de haut-niveau ont pu retrouver la compétition.  » On y est allé à fond. Tout l’été, on s’est entraîné pour essayer de réancrer, de remettre les pieds sur le bateau, de refaire les gammes, pour avoir une base solide. »

Un début de saison chargé pour Albane et Lili

Le début de l’année 2021 sera très chargé pour les deux co-équipières du Pôle marseillais. » Nous avons eu la chance que dans les autres pays, les régates soient autorisées. On a pas mal bougé« . L’équipe de France de voile olympique ira ainsi, à Vilamoura (Portugal) en décembre. Puis à Lanzarote (Canaries) en janvier-février-mars.

Après le report des Jeux à cause du covid, la sélection a également été reportée d’un an. » Nous étions cinq équipages en concurrence ». Finalement, la bonne nouvelle tombe au mois d’avril. » C’est nous qui avons eu la sélection. Nous sommes très contentes d’aller aux Jeux cet été ».

Albane Dubois sélectionnée olympique avec Lili, sont reparties au Portugal, à Cascais cette fois, fin avril. Une préparation qui durera jusqu’au mois de juin.  » On a eu l’opportunité de disputer de petites régates, et de nous frotter aux concurrents du même niveau ».

En revanche, les concurrents n’ont pas eu l’occasion de s’entraîner sur le plan d’eau olympique. Les épreuves se déroulent, comme lors des Jeux d’Eté 1964 au sein du port d’Eno-shima situé sur une petite île dans la baie de Sagami.  » Mais nous avons eu l’occasion d’y aller en 2017, puis en 2019 à l’occasion du test-event, la répétition des Jeux Olympiques en voile. Nous avons passé quasiment deux mois sur ce plan d’eau, et pris de nombreuses notes ».

Un plan d’eau complexe à Tokyo

Albane se souvient d’un plan d’eau « assez complexe. Il peut y avoir des typhons et là, le plan d’eau sera saccadé avec de la houle et du vent. Mais il peut-être changeant, avec un vent de terre et une mer plate. Les conditions climatiques vont être compliquées car il va faire très chaud et humide. Ca va être à celui qui aura le corps le mieux préparé à la chaleur, pour pouvoir performer et rester lucide à bord du bateau ».

Conclusion de tout cela: «  les conditions sont pareilles pour tous les équipages. Ce sera: que le meilleur gagne « .

La médaille d’or comme objectif pour Albane

Albane Dubois et Lilli Sevesi sont confiantes après leur 4ème place du dernier championnat du Monde. » Nous partons avec l’objectif d’obtenir la médaille d’or », affirme ainsi la Nordiste. » Après, on verra ce qui se passera. Ce qu’il faudra, c’est naviguer comme nous savons le faire et pas surjouer. Faire ce qu’on sait faire, tout simplement, et on verra où cela nous amènera ».

La barre est donc haute. Mais un marin gravelinois a déjà atteint le podium olympique. C’est Guillaume Florent, médaille de bronze aux Jeux Olympiques de Pékin (2008) en finn.

Albane Dubois espère ainsi marcher, ou plus exactement, surfer sur ses traces…

Encadré. Le 49er FX, qu’est-ce que c’est ?

Le 49er est un dériveur double, conçu en 1996. Admis comme discipline olympique aux JO de Sidney en 2000, pour les hommes. Sa version féminine nommée 49 er FX attendra les JO de Rio en 2016. où il est réservé aux femmes, la coque est identique mais le gréement (mât, voiles) est plus petit. En un mot la différence se joue uniquement sur la surface de voilure plus petite pour le bateau féminin. Ses dimensions: 16 pieds, soit environ 4m90. Il porte un mât de 7m50.

Dans des conditions ventées, c’est une véritable petite bombe sur l’eau, qui oblige les deux équipières à être perpétuellement au rappel. Un bateau très spectaculaire, et très physique.

A propos de JEAN-MARC DEVRED 1543 Articles
Journaliste professionnel depuis 1980, après des études de journalisme au CUEJ de Strasbourg. Carrière en presse écrite, en radio et surtout en télévision à France3 Nord-Pas-de-Calais.

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