Le boxeur roubaisien Soheb Bouafia espère fortement participer aux prochains Jeux Olympiques de Paris. Il a certes échoué au tournoi de qualification (TQO) organisé en mars près de Milan. Mais il lui reste encore une chance. Le champion de France des lourds-légers disputera en effet le dernier TQO mondial, fin mai à Bangkok (Thaïlande). Il attend cette échéance cruciale avec sérénité. Tout en préparant le gala de MMA prévu le 2 mai à Lille.
Soheb Bouafia boxeur, c’est une évidence. Il est en effet issu d’une famille avec une fratrie de 6 combattants. Né à Hem, c’est justement dans une école de sa ville qu’il a eu la vocation. Quant le boxeur local Daouda Sow, vice-champion olympique en 2008, est venu parler de son sport et de son expérience aux enfants. C’était donc le point de départ d’une aventure durant laquelle il a connu des hauts et des bas.
Il a ainsi réussi à intégrer l’INSEP, l’usine à champions de Vincennes. Et il devient champion de France amateurs dès sa 2è année de pratique, en 2018. Mais il faudra attendre pour confirmer. « J’ai réussi à me relever après plusieurs échecs« . C’est ainsi qu’il a retrouvé la ceinture nationale en 2023 et 2024, ce qui l’a replacé sur la voie olympique.
Un coup d’arrêt en Italie
Soheb Bouafia a vite surmonté la déception de Busto Arsizio (Italie). Le boxeur nordiste a été éliminé par le Polonais Bereznicki en 1/8è de finale. Mais il s’est bien vite remis au travail pour préparer le TQO mondial de Bangkok, dernière chance pour les boxeurs de décrocher le précieux quota olympique.
» Le TQO sera moins difficile en Thaïlande «
Soheb Bouafia
» C’est un échec à une place du quota, c’est-à-dire à rien », explique ainsi le natif de Hem. « Mais les sensations étaient bonnes là-bas. J’ai battu des adversaires d’un excellent niveau. C’est donc hyper encourageant. Il reste un dernier tournoi de qualification à Bangkok. Il sera moins difficile car il n’y aura pas les qualifiés de Milan. Mais il y aura plus de pression car ce sera la dernière chance pour les autres. »
Les boxeurs Français non-qualifiés comme lui se préparent donc activement pour ce « cut ». Soheb rentrait ainsi de Cuba, où les Bleus ont affronté sur le ring quelques uns des meilleurs boxeurs olympiques mondiaux, comme Julio Cezar De La Cruz. En outre, depuis le précédent TQO, en Italie, le travail d’individualisation s’est poursuivi. Ainsi, Soheb Bouafia (-92 kg) a mis l’accent comme boxeur sur la mobilité et la réactivité. Mais ce travail n’a pas payé vraiment lors des championnats d’Europe disputés depuis le 18 avril à Belgrade.
La médaille olympique comme objectif
Le Roubaisien est en effet tombé au 2è tour sur le Russe Muslim Gadzhimagomedov, double champion du monde et vice-champion olympique. Son élimination (5-0) n’a donc rien d’infâmant. « Il n’y pas eu de miracle même si, à mes yeux, il a gagné le premier round grâce à ses touches nettes, en particulier avec son bras arrière, estime Malik Bouziane, entraîneur national responsable de la filière masculine. Mais, ensuite, il a été dépassé par la vitesse et la mobilité du Russe qui, de surcroît, finissait systématiquement les actions. Soheb a fait ce qu’il a pu. Il n’y a pas de regret à avoir car il est tombé sur meilleur que lui. » Au tour précédent, Bouafia avait largement battu le Turc Kamal Erdogan aux points (5-0).
De toutes façons, pour Soheb, l’objectif essentiel reste le TQO de Bangkok. « Disputer les Jeux Olympiques dans son pays, c’est le but d’une vie », rappelle-t’il. « On a la chance de tomber dans cette génération bonheur. Cela met de la pression en plus. L’idée est d’aller chercher cette qualification. Et de rendre fiers les Français et tous ceux qui m’entourent. »
Car cette sélection n’est pas une fin en soi. Le poids lourd nordiste vise en effet le podium s’il parvient à combattre à Paris 2024. Ensuite, il changera de chemin. Plusieurs voies s’ouvrent à lui. Passer professionnel bien sûr, même si en France, le contexte n’est pas favorable. Devenir organisateur et dirigeant en MMA, le sport de combat à la vogue actuellement. Ou pourquoi pas, combattre en MMA.
Le MMA en parallèle
Ambassadeur de la métropole lilloise, Bouafia s’est en effet lancé dans l’organisation d’évènements, en créant le Pro Evolution Fighting (PEF), la ligue de référence pour les espoirs français et européens des arts martiaux mixtes. Il a ainsi préparé le PEF 4, qui aura donc lieu pour la 4è fois au Casino Barrière de Lille. Ne s’est-il pas dispersé en cette période intense de préparation olympique ?
« Non parce que j’ai une solide équipe autour de moi », répond-il sans hésiter. » Ce sont tous des proches et nous formons une véritable famille. Pour le PEF 4, ils se sont tous chargés de l’organisation. Moi, je me suis contenté de superviser et de donner mon avis. »
« J’ai aujourd’hui plusieurs cordes à mon arc. Mais j’attends de réaliser mon objectif en cours, Paris 2024, avant d’envisager la suite. »
Le décompte a commencé à J-100 au niveau de l’organisation des Jeux Olympiques. Mais pour le boxeur nordiste Soheb Bouafia, il est plus court. Rendez-vous donc en Thaïlande pour accomplir le rêve de sa vie.