Etienne Hochedé prendra le départ dimanche 6 novembre de la Route du Rhum pour la 3ème fois, à la barre du trimaran PiR2, dans la classe des Rhum Multi. Ce garagiste à la retraite est un pur amateur de la voile. Il dispute la transat française par pur plaisir, avec l’ambition de terminer la course en Guadeloupe, l’île qu’il a adopté après sa première traversée en 2014.
A Saint-Malo, Jean-Marc Devred
A 66 ans, Etienne Hochedé est l’un des vétérans de la 12ème Route du Rhum. Son vieux trimaran PiR2 figure d’ailleurs dans la classe des Rhum Multi. Celle des trimarans « vintage », qui rassemble beaucoup d’anciens aussi prestigieux que Philippe Poupon, Halvard Mabire ou Marc Guillemot. Pour lui, cette Transat vers les Antilles représente un retour à la maison car Etienne Hochedé réside depuis 2014… en Guadeloupe. Mais en réalité, Cet artésien de souche est bien né à Bully-les-Mines. Il a grandi dans le Pas-de-Calais avant de devenir garagiste à Abbeville, toujours dans les Hauts-de-France.
Skipper et garagiste, il navigue depuis l’âge de 20 ans. D’abord de la Baie de Somme, Le Crotoy ou Saint-Valéry/Somme, avec les bateaux des autres. Très rapidement il acquiert des petits voiliers à restaurer. Il construit ainsi de ses propres mains son monocoque rouge Arîa de 1985 à 1991 dans un hangar, à Abbeville. Europe du Nord, Ecosse, Irlande, Norvège, Espagne: il savoure la navigation hauturière avant de s’inscrire à la Transat anglaise en solitaire en 2000. Arrivé 3ème derrière des professionnels, il découvre alors les multicoques.
La grande aventure sur le tard
Le hasard de la vie joue avec lui : rencontre de l’ancien propriétaire d’un trimaran foiler, il décide de recourir la Transat anglaise avec PiR2, d’optimiser la machine construite en 1983, de régater avec les Multi50 avant de se lancer dans la Route du Rhum des 2014 ! Depuis, il réside en Guadeloupe !
Etienne Hochedé prendra donc pour la 3ème fois le départ de la Route du Rhum. Il a terminé à chaque fois la course, ce qui n’est pas une mince performance pour ce pur amateur. Comme il le rappelle, avec deux météos différentes. Propice en 2014. Impitoyable en 2018. » La dernière fois, on s’est tapé 3-4 dépressions de suite, au pré. Mais au final, je finis avec quasiment le même temps de course », résume le marin artésien, » entre 18 et 19 jours de course. »
Battre ce temps constitue son objectif cette année. » Avec un bateau vieux de plus de 40 ans, je ne peux raisonnablement pas viser la victoire dans ma classe« . Ce bateau, c’est un trimaran de 15 mètres, un foiler en aluminium. Un multicoque qui est démontable et qui appartient à sa compagne, qui l’épaule complètement dans son aventure nautique.
Pas de sponsor pour sa 3ème Route du Rhum
Etienne Hochedé n’a pas de sponsor pour sa 3ème Route du Rhum. » On travaille sur fonds propres. Mais en juillet, j’ai eu des problèmes sur le bateau et il a fallu casser la tirelire. Nous avons donc mis une cagnotte en ligne à travers l’association des Golden Oldies, qui nous a permis de récolter un peu d’argent. »
Le couple avait bien essayé de contacter des entreprises. Mais ils ont essuyé des refus. « Comme en plus nous travaillions tous les deux à l’époque, nous n’avions pas beaucoup de temps pour nous occuper de cela. Nous avons donc laissé tomber. » Le lot de beaucoup de concurrents présents ici à Saint-Malo.
« Mais c’est vrai que nous arrivons là au bout« , poursuit-il. » On a une grand’voile qui a 18 ans. Pour recourir plus tard, il faudra à tout prix trouver des sponsors. » En revanche, malgré ses 66 ans, la condition physique est bonne et il part en mer sans appréhension. « Juste avec les douleurs propres aux vieux », dit-il en riant.
Objectif: battre son record de traversée
Il espère donc rentrer chez lui, en Guadeloupe, avec un bateau en bon état. Et si possible battre son record de 18 jours et 20 heures. Pour cela, il espère une météo favorable au départ. « Le Golfe de Gascogne au mois de novembre, ce n’est jamais simple », rappelle ce navigateur expérimenté.
Dans classe de voiliers anciens, l’ancien garagiste d’Abbeville va affronter des cracks comme Roland Jourdain, Marc Guillemot, Halvard Mabire et le légendaire Philippe Poupon, vainqueur en 1986. Sans oublier l’autre Nordiste Charlie Capelle. Autant de marins de sa génération.
Nul doute que les véritables connaisseurs suivront donc de près la traversée des Rhum Multi, qui font partie de l’ADN de la course, depuis la première victoire de Mike Birch en 1978.
DES VETERANS BON PIED BON OEIL
Le plus jeune skipper de l’édition 2022 se prénomme Martin Louchart. Du haut de ses 20 ans, le jeune Granvillais est loin d’être un bleu en course au large. Martin a déjà deux Transat Jacques Vabre dans les bottes (2019 et 2021) en Class40 et va courir sa première Route du Rhum – Destination Guadeloupe sous les couleurs de Randstad-Ausy (Class40).
Quant à Philippe Poupon, le doyen de la course, il prendra le départ à 68 ans pour la cinquième fois d’une course qu’il a remporté lors de la terrible édition 1986. Sur un trimaran de légende puisque Flo n’est autre que l’ex-Pierre 1er de son amie Florence Arthaud, derrière laquelle il termina deuxième de l’édition 1990.
Les Nordistes Etienne Hochedé (66 ans) et Charlie Capelle (67 ans) font donc partie des vétérans de cette 12ème édition de la Route du Rhum.