CYCLISME : LES COUREURS DE GO SPORT ROUBAIX DANS L’INCERTITUDE

Go Sport Roubaix Bessèges
L'équipe de Roubaix au départ du Grand Prix de la Marseillaise (photo Bruno Bade/LNC)

L’Américain Neilson Powless (EF Education – Easy Post) remporte dimanche l’Etoile de Bessèges, première course par étapes de la saison en France. Il précède le Norvégien Mattias Skjelmose (Trek Segafredo) de une seconde au général. Mads Pedersen s’impose dans le contre-la-montre. Les François réalisent un tir groupé au classement général: Pierre Latour 3ème, Kevin Vauquelin 4è, Pavel Sivakov 5è et Thibaut Pinot 6è. Les coureurs du team Go Sport Roubaix Lille Métropole, eux, ont eu du mal à se montrer à Bessèges. Depuis la mise en redressement judiciaire de leur sponsor principal, les coureurs de l’équipe nordiste ne cachent pas leur inquiétude.

Ce début d’année 2023 est très contrasté pour les coureurs de Go Sport Roubaix Lille Métropole. Après un véritable triomphe aux championnats de France sur piste au Stab de Roubaix, les routiers de l’équipe nordiste ont attaqué la saison dans l’incertitude la plus complète.

A peine partis en stage en Espagne, à Calpe, ceux-ci apprenaient que la société Go Sport était en redressement judiciaire. La première étape vers la disparition de l’entreprise. Cela faisait un peu plus d’un an que ce distributeur d’équipements de sport était arrivé comme partenaire principal du VC Roubaix Lille Métropole. Go Sport fait partie d’une holding dirigée par Wilhelm Hubner, ancien cadre de Auchan, et mordu de vélo. Celui-ci annonçait il y a un an de grandes ambitions pour l’équipe continentale (3ème division mondiale).

Une première semonce avec la disparition de Camaïeu

Mais voilà. Depuis cette arrivée, une autre société emblématique de la holding a déposé le bilan. Il s’agit de Camaïeu. Cette disparition a forcément suscité des inquiétudes que Wilhelm Hubner a tenté d’atténuer dans un premier temps. Celui-ci était ainsi aux championnats de France sur piste, où ses pistards de l’équipe de France (Thomas Boudat, Valentin Tabellion, Thomas Denis et Tom Derache) ont fait un carton.

Daniel Verbrackel, le manager de Go Sport Roubaix LM entouré par Valentin Tabellion et Thomas Boudat aux championnats de France sur piste à Roubaix (photo Pierre Willemetz/Sports 5962)

Mais le jugement du tribunal de commerce de Grenoble prononcé le 2 février (l’entreprise est déclarée en cessation de paiements), a jeté un froid quelques jours après le redressement judiciaire. La société Hermione People & Brands (HBP), division Retail de la Financière immobilière bordelaise (FIB) dirigée par Michel Ohayon, avait racheté Go Sport pour un euro symbolique fin 2021. C’est le moment où Wilhelm Hubner a pris la présidence du Vélo Club de Roubaix. Il devait investir 1,5 millions d’euros sur trois ans dans la formation cycliste continentale.

Go Sport Roubaix équipe cycliste
Wilhelm Hubner en janvier 2022 présentait son équipe au musée La Piscine, à Roubaix (photo JMD/Sports5962)

Mais comme l’écrit Cyclism’Actu, le versement annoncé pour l’année n’a pas été effectué. Et avec un trou de 500 000 euros, la formation nordiste est en très grande difficulté. Des proches de la formation cycliste nous confient ne plus avoir le moindre contact avec Wilhelm Hubner depuis plusieurs semaines.

Les coureurs commencent la saison, sans assurance de la terminer

Et en plus, l’actionnaire principal de la holding, Michel Ohayon vient de déclarer dans le magazine « Challenges » que l’investissement dans l’équipe cycliste était « une connerie ». Même si elle ne représente que 5 % du budget sponsoring de Go Sport. Le budget annuel du team Go Sport Roubaix LM se monterait en effet à 1,3 million d’euros. Très loin de celui des formations World Tour comme Cofidis.

Cette absence de nouvelles inquiète fortement les 13 coureurs de Go Sport Roubaix, qui ont débuté leur saison au Grand Prix d’Ouverture de La Marseillaise avant d’enchaîner à l’Etoile de Bessèges. Arnaud Molmy, le nouveau directeur sportif, et le coureur boulonnais Samuel Leroux, expriment cette inquiétude dans ce reportage de Jean-Michel Guidez, sur Dailymotion/Cyclism’Actu.

Vidéo Dailymotion/Cyclism’Actu. L’équipe Go Sport Roubaix à l’Etoile de Bessèges

 « La situation n’est clairement pas idéale », confie donc Arnaud Molmy, » mais on essaye de ne pas trop y penser et de rester concentré sur la course. La course reste la course (…) Là, on peut faire la moitié de la saison donc tout ce qu’on espère, c’est trouver rapidement un autre sponsor qui peut remplacer Go Sport qui n’a pas versé son salaire à l’équipe… « 

Pour le moment, l’équipe cycliste roubaisienne doit pouvoir courir en février-mars. Mais ensuite ? « Il manque 30% du budget », confie un autre proche de l’équipe. Et dans le contexte actuel du cyclisme français, qui a vu l’équipe B&B Hôtels/KTM disparaître à la fin de l’année, pas évident de trouver un nouveau partenaire privé. On sait aussi que les partenaires institutionnels (Ville de Roubaix et Métropole Européenne de Lille) sont vivement remontés contre Wilhelm Hubner.

Un avenir très incertain pour le team cycliste

Personnellement, la dernière fois que nous l’avions rencontré, c’était à Dunkerque début décembre. Le président du VC Roubaix était venu soutenir ses coureurs Samuel Leroux et Emiel Vermeulen au championnat d’Europe de beachrace (VTT sur sable). Il est resté très circonspect quand nous lui avons demandé s’il y aurait une présentation de l’équipe en janvier, comme le veut la tradition cycliste.

Pour l’instant, la société Go Sport est donc placée en cessation de paiement. Pas encore en dépôt de bilan ou en liquidation judiciaire. Néanmoins, l’exemple de Camaïeu ne laisse guère d’espoir sur l’avenir de l’entreprise Go Sport. Et on imagine que l’équipe cycliste est désormais dans une tourmente que l’on sentait venir depuis trois mois. Mais pas forcément les coureurs…

Ceux-ci en tous cas n’ont pas d’autre solution que de courir avec le maillot du team Go Sport Roubaix, comme ils l’ont fait à Bessèges. Pour ne pas se mettre en difficulté dans ce grand flou juridico-financier. Mais aussi pour se faire remarquer s’ils doivent trouver une nouvelle équipe. On imagine l’état d’esprit alors que la saison n’en est qu’à ses débuts…

« Je suis motivé. J’ai envie de rester coureur professionnel. Je vais donc donner le meilleur de moi-même », affirme ainsi Samuel Leroux, le soldat de l’équipe. Malheureusement, sur le plan sportif aussi, l’Etoile de Bessèges s’est mal passée, avec la chute de Thomas Boudat et Valentin Tabellion lors de la 3ème étape. Ce dernier a ainsi été victime d’une luxation de l’épaule. Boudat a pu terminer l’étape avec des douleurs et des contusions.

A propos de JEAN-MARC DEVRED 1539 Articles
Journaliste professionnel depuis 1980, après des études de journalisme au CUEJ de Strasbourg. Carrière en presse écrite, en radio et surtout en télévision à France3 Nord-Pas-de-Calais.

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