Sans surprise, l’Angleterre a battu le Chili lors de la 3è journée de la Coupe du Monde de rugby France 2023. Le score parle de lui-même: 71-0. Les Anglais ont passé les Chiliens à la moulinette, devant les 44 000 spectateurs du stade Pierre-Mauroy teinté de blanc. Il n’y a pas réellement eu de match, mais quand même du spectacle avec un festival d’essais sur la pelouse lilloise. Cela Dix jours après France-Uruguay.
Les malheureux rugbymen du Chili ont été littéralement concassés en semoule par ceux de l’Angleterre. Ceux-ci n’ont pas fait de sentiment face au poucet sud-américain, qui découvre le haut-niveau mondial. Les chiffres parlent d’eux-mêmes: 11 essais à 0, dont 5 du seul Henry Arundell, désigné logiquement homme du match. Plus 8 transformations de l’ouvreur Owen Farrell, dont c’était le retour après sa suspension. Et presque 70% de possession du ballon. L’Angleterre a été dominante en conquête (100 % de réussite en mêlée, 91 % en touche) comme en attaque (322 mètres parcourus en 126 courses avec ballon, 14 franchissements).
Désabusé après cette déroute, le sélectionneur uruguayen du Chili Pablo Lemoine pointait, en français, cette différence de niveau due notamment au manque de confrontation avec le gratin mondial. « Le problème, c’est de ne pas pouvoir maîtriser quelque chose que tu ne connais pas. Les Chiliens n’ont jamais joué dans un match comme ça. La prochaine Coupe du Monde, ce sera pareil et c’est le pire. Si rien ne change, ce sera 60 points au lieu de 70. »Lemoine, au patronyme bien français, est bien connu chez nous car il a joué pilier au Stade Français de la grande époque.
Vingt premières minutes équilibrées
Les vaillants, mais limités joueurs chiliens n’auront tenu que 20 minutes, avant de céder sur un premier déboulé de Arundell. C’est le début du festival anglais. Et les supporters anglais n’auront pas besoin de mettre une ambiance de feu, vu l’absence totale de suspense. On entendra à peine à cinq occasions le célèbre « sweet low, sweet chariot », qui accompagne les rugbymen anglais. Et une seule « ola » en fin de match. Le stade était d’ailleurs loin d’être plein comme annoncé (44 315 spectateurs) pour cet Angleterre-Chili de rugby. Ce qui constitue certainement une petite déception pour les organisateurs locaux.
Ce match était donc marqué par le grand retour de Owen Farrell, suspendu depuis le début de la compétition. Le capitaine anglais a signé ce retour en réussissant 8 transformations; et donc un total de 16 points, façon Jonny Wilkinson. Mais aussi par la belle performance des jeunes arrières Markus Smith et Henry Arundell.
Avec cette victoire bonifiée, le XV de la Rose consolide sa première place dans le poule D. Mais une question reste: est-ce que l’Angleterre est très forte , ou est-ce ce groupe D qui est faible ? On n’aura probablement la réponse que lors des 1/4 de finale pour lesquels les Anglais sont quasiment qualifiés, avec 14 points marqués en 3 rencontres.
Retour au Touquet pour les Anglais
En attendant, l’Angleterre (comme la France) a maintenant deux semaines devant elle avant son prochain et dernier match de poule. Ce sera contre les Iles Samoa, le 7 octobre, de nouveau au stade Pierre-Mauroy. Les Anglais ont donc le temps de faire un court trajet jusqu’au Touquet, où se trouve leur camp de base. Et de bien préparer cette échéance, que le coach Steve Borwick a anticipé. « On le savait, on a tout planifié par rapport à ça dès le début de la préparation. On va rentrer à l’hôtel dès ce soir. Nous allons tous prendre quelques jours de repos et après on va s’y remettre mais ce repos sera important. »
En tous cas pour l’équipe de Steve Borwick (« qui est en reconstruction« , rappelle le sélectionneur anglais), tous les feux sont au vert. La première place est en vue avec 33 joueurs opérationnels. Cela offre pas mal de possibilités de compositions d’équipe, de permutations, et de coaching. En tous cas, l’ogre anglais semble renaître de ses cendres après avoir touché le fond cet été lors de la préparation.
C’est sans doute l’effet tonifiant de la Côte d’Opale qu’apprécient tant nos voisins d’outre-Manche…
La feuille de match
Angleterre-Chili: 71-0 (54-0), match n°21 de la Coupe du Monde de rugby
Stade Pierre-Mauroy de Villeneuve-d’Ascq. Toit ouvert. Temps doux et sec. Pelouse en état moyen. 44 315 spectateurs
Arbitre: Jaco Peyper (Afrique du Sud)
Angleterre: 11 essais Arundell (20è, 30è, 48e, 60è, 69è); Dan (24è, 45è); Rodd (35è); Smith (40è, 77è); Willis (80è). 8 transformations de Farrell
Equipes de départ
Angleterre: Rodd, Dan, Sinckler – Ribbans, Martin – Ludlam, Willis, Vunipola – Care, Farrell (cap) – Malins, Lawrence, Daly, Arundell – Smith.
Chili: Lues, Bohme, Dittus – C.Saavedra, Eissmann – Sigren (cap), Silva, Escobar – Videla, R.Fernandez – Velarde, Garafulic, D.Saavedra, Game – Urroz.
Réactions
Owen Farrell, capitaine de l’Angleterre. « On a vraiment pris du plaisir et il y a une super ambiance. On progresse bien sur les deux dernières semaines. Même avec cette rotation, l’équipe est au top. Je sais qu’en Coupe du Monde, on a besoin de tout le monde, tant dans l’effectif qu’au sein du staff. C’est un vrai travail d’équipe. On doit tous aller dans le même sens. »
Henry Arundell, ailier de l’Angleterre. « Sans vouloir tomber dans les clichés, je vais dire que tous les gars m’ont aidé. Sur pas mal de ces essais, je n’ai eu qu’à aplatir, donc c’est grâce au boulot des gars devant et à l’intelligence des trois-quarts qui ont su ouvrir vers les ailes. Je suis vraiment reconnaissant de tout ce qu’ils ont fait pour moi. »
Martin Sigren, capitaine du Chili. « Les 20 premières minutes ont été positives, on était à 0-0 contre l’Angleterre en Coupe du Monde. Mais le cœur et la hargne ne permettent pas de tenir 80 minutes. Et tu commences à donner des pénalités et ça t’épuise. »
Salvador Lues, pilier du Chili. « On a eu 20-25 minutes de qualité. On a été capables de tenir notre rang et on a été à la hauteur de l’événement. Contre ces équipes, l’indiscipline et la fatigue se paient cher. On est contents de notre début de match. Il faut travailler pour qu’on puisse faire ça plus longtemps. »