SERIE OLYMPIQUE LES CH’TIS A TOKYO 11ème EPISODE KARIM LAGHOUAG (EQUITATION)

portrait Karim Laghouag à Tokyo
Photo Karim Laghouag

Une vingtaine de sportifs natifs du Nord-Pas-de-Calais ou assimilés sont sélectionnés pour les Jeux Olympiques de Tokyo (23 juillet au 8 août). Dans cette série olympique, nous vous présentons un par par un nos « ch’tis à Tokyo ». Aujourd’hui, 11ème volet, le cavalier roubaisien Karim Laghouag, qui défendra son titre olympique à Tokyo.

Trois jours après le début des Jeux de Tokyo, Karim Laghouag a appris sa sélection. Lundi en effet, la Fédération française annonçait le forfait de Thomas Carlille, engagé en concours complet. Sa monture, Birmane, présentait en effet des symptômes inquiétants de myosite, se manifestant par des crampes.

Remplaçant présent à Tokyo avec sa monture, Triton Fontaine, Karim Laghouag héritait naturellement de la 3ème place tricolore, avec Christopher Six (sur Totem de Brecey), et Nicolas Touzaint (sur Absolut Gold).

Pas de chance pour l’équipe de France de concours complet équestre (CCE), qui a successivement perdu en un mois ses trois titulaires Astier Nicolas, Thibault Valette et Thomas Carlile. Le cavalier roubaisien disputera donc bien ses deuxièmes Jeux Olympiques, après ceux de Rio, où il avait remporté l’or par équipes. Et dire que quelques semaines avant les Jeux, il n’était même pas remplaçant !

Karim Laghouag à Tokyo avec un nouveau cheval

Initialement déclaré 5e couple puis réserviste, Karim Laghouag compte bien mettre à profit son expérience de champion olympique. « Avoir eu la place d’outsider au début a été un avantage car je ne me suis pas mis la pression, » a t’il expliqué à la veille de la compétition. » J’ai préparé Triton (son nouveau cheval) comme si j’allais faire le voyage. J’avais dit à Thierry Touzaint (le sélectionneur national) que j’étais à la disposition de l’équipe de France. Mais j’espérais qu’il n’ait pas besoin de moi car il y avait des couples très performants au moment de la sélection. « 

«  Etre dans l’équipe est à la fois une joie et une fierté, mais cela m’attriste aussi pour Thibaut et Thomas« 

Karim Laghouag, champion olympique 2016 de concours complet par équipes

 » Etre dans l’équipe est à la fois une joie et une fierté mais cela m’attriste aussi pour Thibaut (Vallette) et Thomas (Carlile) », explique Karim Laghouag, avant d’ajouter : « Ces Jeux sont très particuliers pour moi. J’ai perdu mon cheval olympique, Entebbe de Hus, en 2018. Grâce à mon entourage, nous avons pu acquérir Triton, un cheval extraordinaire, mais avec lequel il aura fallu beaucoup de temps pour construire notre duo. Et c’est aujourd’hui avec lui que je cours ma deuxième olympiade. »

Karim Florent Laghouag (c’est son patronyme complet) fait partie de ces Nordistes » exilés » (voir encadré). Et finalement peu connus dans leur région de naissance. Mais ce natif de Roubaix a quand même vécu dans la cité lainière jusqu’à l’âge de 12 ans. Il a découvert l’équitation dans le Loiret. Un sport pas vraiment courant dans les cités roubaisiennes…

Un Roubaisien exilé dans le Perche

De père algérien, Karim Florent Laghouag passe son enfance dans le Nord et débute l’équitation à l’âge de 8 ans. Cette découverte arrive au cours de vacances passées chez son oncle Pierre Defrance, qui tient des écuries à Sandillon , dans le Loiret. Il se passionne rapidement pour les chevaux et le concours complet. Il participe à ses premiers Jeux équestres mondiaux en 2006 à Aix-la-Chapelle. Après deux médailles de bronze par équipes aux championnats d’Europe en 2013 et 2015, il est sélectionné avec Entebbe de Hus pour les Jeux Olympiques de Rio 2016.

Karim Laghouag avec Triton Fontaine, sa nouvelle monture (photo @FFE/PSV)

Présent depuis 20 ans en équipe de France et au plus haut niveau, il compte de nombreuses participations et classements réguliers en championnats (depuis 2006). Il a été numéro 1 mondial en 2007 et sacré champion olympique de concours complet par équipes en 2016.

Karim est aussi un cavalier de saut d’obstacles confirmé. Il compte ainsi plusieurs victoires et classements en Grands Prix Pro1 et en internationaux, grâce à un panel de chevaux riche, vu son métier.

Cavalier international et formateur de chevaux

Toute la vie du Roubaisien d’origine tourne en effet autour des chevaux. En 2008, il a créé son écurie avec sa compagne Camille Laffite en région parisienne, avant de s’installer dans le Perche, à Nogent-le-Rotrou.

Tourné vers l’avenir, Karim est toujours à la recherche de nouveaux talents. Il forme de nombreux jeunes chevaux dans les deux disciplines olympiques, qu’il amène au plus haut niveau. C’est le cas de Entebbe de Hus (décédé en 2018 à l’âge de 13 ans), avec lequel il a gagné l’or à Rio, et de Triton Fontaine, qu’il monte à Tokyo.

 » Triton est un super cheval qui a beaucoup d’énergie« 

Karim Laghouag, champion olympique 2016 en concours complet par équipes

Triton Fontaine (propriété de Philippe Lemoine, Guy Bessat, SARL Ecuries K. Laghouag et Camille Laffite) est un hongre selle français de 14 ans, né chez Michel Pelissier, à quelques kilomètres des écuries du cavalier. Un heureux hasard. « Quand nous l’avons acheté, Triton concourait au niveau 3 étoiles avec un cavalier amateur. Il montrait déjà des aptitudes pour le haut niveau, j’avais bon espoir que nous pourrions évoluer ensemble. Nous avons tout de suite eu une relation fusionnelle mais le passage du niveau 4 étoiles à 5 étoiles a été plus compliqué que prévu. Les résultats étant irréguliers au début, j’ai décidé de le redescendre en 2 étoiles et de prendre mon temps pour mieux le connaitre. Cela a marché, on s’est liés d’amitié et on se fait confiance », confie Karim.

Et quand il s’agit de parler de son partenaire, le cavalier français ne tarit pas d’éloges. « Triton est un super cheval qui a beaucoup d’énergie. On sait qu’il est très rapide sur le cross, que c’est un bon cheval d’obstacles et qu’il en a suffisamment sous le pied en dressage pour être un bon coéquipier. Il est doté d’une grande résistance physique, il est volontaire, puissant et surtout, il est toujours d’accord pour faire. « 

Se battre pour les absents

Le Nordiste d’origine est aujourd’hui l’un des meilleurs cavaliers mondiaux de concours complet. Un athlète ambitieux et volontaire toujours en quête d’objectifs sportifs.

Cette sélection de dernière minute, favorisée par les malheurs de ses équipiers tricolores, pourrait donner lieu à une belle histoire. Karim Laghouag espère monter à nouveau sur le podium olympique à Tokyo, 5 ans après Rio. Même si l’équipe de France est fortement diminuée. En début d’année encore, le Roubaisien n’y pensait peut-être plus…

«  Nous allons nous battre pour cette équipe de France et aussi pour Thibaut et Thomas qui nous soutiennent. Je suis porté par tous ces sentiments », indique le cavalier roubaisien.

Il sera le deuxième cavalier nordiste présent au Japon. Le premier est le Douaisien Nicolas Delmotte, engagé dans le saut d’obstacles individuel et par équipes.

Le programme de Karim Laghouag à Tokyo

Le concours complet, c’est un peu le décathlon de l’équitation. Il réunit trois disciplines équestres: le dressage, le cross-country et le saut d’obstacles. Il consacre les cavaliers et les chevaux les plus polyvalents.

A Tokyo, le concours complet se déroule sur 4 jours:

Jeudi 29 juillet: première inspection des chevaux à l’Equestrian Park

Vendredi 30 et samedi 31 juillet: épreuve de dressage

Dimanche 1è août: cross-country

Lundi 23 août: saut d’obstacles.

A noter que les concurrents disputent en même temps le concours individuel et le concours par équipes.

ENCADRE. LES CH’TIS DE NAISSANCE

A chaque Olympiade, le débat resurgit: quels sont les critères pour rattacher un sportif à une région ? Le lieu de naissance ? Le lieu de résidence ? Le club où il est licencié ? La région où il a vécu le plus longtemps ? Aucun de ces critères n’est totalement objectif. A l’image d’un Thomas Voeckler qui est né en Alsace, a longtemps vécu en Martinique avant de résider en Vendée, nombreux sont ceux qui ont le coeur partagé entre plusieurs régions.

Certains sélectionnés olympiques sont ainsi nés dans le Nord, mais y ont très peu vécu. C’est le cas de la nageuse Marie Wattel, née à Lille, mais partie au bout de quelques mois avec ses parents. On peut aussi citer la cycliste sur piste Mathilde Gros, née à Sainte-Catherine-les-Arras (comme Nando De Colo) mais qui parle aujourd’hui avec un fort accent marseillais. Tout comme le footballeur Lucas Tousart, né à Arras, mais qui s’exprime avec un bel accent chantant du Sud-Ouest.

D’autres comme Karim Laghouag, ou la kayakiste Manon Hostens, née à Roubaix également, ou encore la basketteuse Helena Ciak, venue au monde à Dunkerque, ont vécu plus longtemps dans leur région de naissance. C’est pourquoi nous avons choisi pour ces derniers de les traiter comme Nordistes, et de leur consacrer un article. Après tout, Henri Leconte est considéré comme Lillérois, même s’il a quitté Lillers à l’âge de 4 ans...

Jean-Marc Devred

A propos de JEAN-MARC DEVRED 1606 Articles
Journaliste professionnel depuis 1980, après des études de journalisme au CUEJ de Strasbourg. Carrière en presse écrite, en radio et surtout en télévision à France3 Nord-Pas-de-Calais.

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  1. Nicolas Delmotte à Tokyo pour ses premiers jeux olympiques
  2. Laghouag médaillé à Tokyo au concours complet par équipes
  3. Helena Ciak à Tokyo pour une première médaille olympique
  4. Les Nordistes à Tokyo obtiennent quatre médailles par équipes

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